« Non à une culture à grande échelle du jatropha ! »

… et des autres agro-carburants au Burkina Faso.

Cette position de la CPF (Confédération Paysanne du Faso) date de 2012, mais elle a été reprise il y a peu. Dans un article du bulletin trimestriel d'information de la CPF, celle-ci explique sa position en ces termes :

Pépinière de Jatropha près de Bono

  • Au regard des techniques culturales actuellement vulgarisés (association aux cultures vivrières ou plantation pure) ;

  • Compte tenu du faible rendement de cette culture dans les conditions climatiques du Burkina ;

  • Dans la mesure où des pays plus nantis aux plans climatiques (Brésil, Madagascar) ont, aux termes d'expériences non fructueuses, abandonné la production du jatropha ;

  • Considérant qu'une substitution des énergies fossiles par les agro-carburants induirait à terme un accaparement des bonnes terres agricoles au Burkina Faso (en effet, selon une étude du Ministère de l'Agriculture … il faudrait entre 869 000 à 5 millions d'hectares de jatropha pour couvrir la consommation actuelle du Burkina en énergies fossiles ;

  • Etant donné qu'aucune n'a prouvé, à ce jour, un réel potentiel du jatropha pour l'exploitation forestière et faunique ;

  • Vu que le jatropha est en concurrence avec la sécurité alimentaire en étant produit sur des terres fertiles et non sur des terres arides ;

  • Vu que très peu de résultats de recherche existe sur les avantages comparatifs du jatropha cultivée à grande échelle ;

  • Vu qu'ils existent d'autres sources d'énergies propres non concurrentielles des cultures vivrières ;

  • Vu le risque qu'à terme, la production des agro-carburants soit davantage exportée que consommée localement (en effet, à l'heure actuelle, les pays développés ont tendance à substituer progressivement les énergies fossiles par des énergies renouvelables dont prioritairement les agro-carburanats ;

  • Fidèle à sa vision, réaffirmant son attachement à la défense de l'exploitation familiale et soucieuse de la promotion de la souveraineté almentaire au Burkina ;


La CPF, à l'état actuel, s'oppose au développement de la production du jatropha et des autres agro-carburants au Burkina Faso. Pour ce faire, la CPF :

  • Demande aux ministères de la recherche scientifique et de l'enseignement supérieur de commander des études approfondies sur la toxité du jatropha et sur son effet de contagion ;

  • Invite l'Etat burkinabè à surseoir à la promotion du jatrophaet des autres agro-carburants dans les politiques agricoles et énergétiques ;

  • Invite le ministère en charge de l'énergie à mettre le cap sur la promotion de l'énergie solaire et éolienne au détriment du jatropha et des agro-carburants ;

  • Suggère aux producteurs déjà engagés dans la culture du jatropha de privilégier la plantation de haies vives au détriment de la culture associée ou pure ;

  • Interpelle les décideurs politiques sur les risques sanitaires liés à l'utilisation des unités de production d'huile de jatropha à des fins de production d'huiles alimentaires ;

  • Encourage le ministère en charge de la recherche agricole à mener des études sur la rentabilités technico-économique et social du jatropha ;

  • Interpelle les promoteurs du jatropha à faire preuve de transparence dans la diffusion de l'information sur la plante.

    La Confédération Paysanne du Faso

Au SEDELAN depuis le mois d'octobre de l'année 2007, nous mettons en garde les paysans.
Notre premier article avait pour titre : notre premier article avait pour titre :

« Agro-carburants : chance ou menace pour les paysans burkinabè. »

Depuis lors, nous disons aux paysans : « Ne tombez pas dans le piège ! Le jatropha ne vous rapportera rien ! Bien au contraire. » C'est ainsi que nous avons publiés plusieurs articles qui sont toujours d'actualité.

323) Le jatropha ressemble beaucoup à une vache laitière

381) Jatropha et Souveraineté alimentaire

433) Agrocarburant : le jatropha et ses effets pervers

444) Jatropha : la colère des paysans.

Koudougou, le 7 mars 2014
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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