Au Burkina Faso, aux Editions du SEDELAN, parution du livret :
Les filières rizicoles en Afrique de l'Ouest
et la nécessité de la souveraineté alimentaire
Cas du Burkina Faso
En guise de présentation de ce livret, en voici la préface
Préface :
Ce petit livre est le premier d’une collection intitulée : les A.P.E. en question.
Pourquoi une telle collection ? Tout simplement parce que, avec une bonne partie de la société civile du Burkina Faso, nous sommes inquiets. Oui, les Accords de Partenariat Economique (A.P.E.) que préparent l’Europe avec les pays A.C.P. ( Afrique - Caraïbe - Pacifique ) sont source d’anxiété.
C’est pourquoi quelques acteurs de la société civile, en lien avec Oxfam International, ont commencé à se réunir pour réfléchir sur ces A.P.E. et former un début de coalition. Actuellement, cette coalition regroupe la CPF (Confédération Paysanne du Faso, l’UNPCB (Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina), le ROPPA (Réseau des Organisations Paysannes et des Professionnels de l’Agriculture de l’Afrique de l’Ouest), RECIF/ONG, l’Observatoire National de la Filière Riz du Burkina Faso (ONRIZ), l’ASAB, INADES-Formation, ATTAC-Burkina, ORCADE (Organisation pour le Renforcement des Capacités de Développement), REFAE (Réseau des Femmes Africaines Economistes) et le SEDELAN (Service d’Editions en Langues Nationales). Il est clair que cette coalition a vocation à s’élargir pour mieux diffuser l’information.
Quelle est notre inquiétude ?
Il s’agit de ce qui est prévu par les Accords de Cotonou. Si les A.P.E. n’ont pas encore été signés, les accords de Cotonou l'ont déjà été entre l’Europe et les pays A.C.P. en juin 2000, précisément à Cotonou. Et les négociations en vue de préparer la signature des A.P.E. pour 2007 ont déjà commencé.
Si vous lisez le document qui contient les Accords de Cotonou, ou sa présentation telle qu'elle est articulée dans « Infokit Cotonou », document distribué généreusement par l’Union Européenne, vous vous direz peut-être qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. On vous parlera de « l’égalité des partenaires ». On vous dira qu’il « appartient aux États A.C.P. de déterminer, en toute souveraineté, les stratégies de développement de leurs sociétés et de leurs économies. » Mais la réalité est tout autre !
D’abord parce que les Accords de Cotonou sont clairs. Le temps des accords préférentiels entre l’Europe et les pays A.C.P. est terminé. Le seul but affiché est la libéralisation du commerce, y compris celui des produits agroalimentaires. C’est ce qu’exprime clairement le document « Infokit Cotonou » : « L'accord de Cotonou prévoit que toutes les préférences tarifaires non réciproques appliquées en faveur des pays A.C.P. seront maintenues jusqu'au 31 décembre 2007. Elles seront normalement remplacées, à dater de 2008, par une série d'accords de partenariat économique issus de négociations dont le démarrage est prévu en septembre 2002. Ces accords de libre échange seront compatibles avec les règles de l'OMC. En d'autres termes, ils couvriront essentiellement tous les échanges et seront mis en œuvre dans un délai de dix à douze ans ».
Ensuite, l’Europe a une étrange conception du « partenariat ». Je n’en donnerai ici qu’un seul exemple. J’ai eu l’occasion, en juillet 2003, d’assister à la rencontre entre les députés européens et ceux des pays A.C.P. qui représentaient l’Assemblée parlementaire paritaire, d’une part, et la Commission Européenne, d’autre part. M. Harlem Désir nous a fait un excellent rapport sur l’état des négociations en cours. Il nous expliquait comment les pays A.C.P. avaient demandé que « l’agriculture » soit mise à l’ordre du jour de ces négociations. C’est bien la moindre des choses, puisque plus de la moitié de la population de ces pays vivent de l’agriculture ou de l’élevage. L’Europe qui a, à chaque instant, le mot de partenariat à la bouche, a refusé. La commission a simplement indiqué que l’on traiterait de l’agriculture dans le cadre de « l’accès au marché », c’est-à-dire, pour les pays A.C.P., l’accès au marché européen. Toujours ce fameux marché ! Et les pays A.C.P. ont cédé à la pression européenne.
C’est là notre inquiétude. Car l’urgence pour les pays A.C.P., et tout spécialement pour les pays de l’Afrique de l’Ouest, ce n’est pas l’accès au marché de l’Union Européenne, mais bien de retrouver le droit souverain d’avoir accès à leur propre marché. C’est ce qe voudrait montré ce petit livre, le premier de la Collection : les « A.P.E. en question ».
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Maurice Oudet
Koudougou, le 13 septembre 2004