Droit de réponse du MCA-BF au directeur de publication de abcburkina.net

Nous sommes heureux de publier ce droit de réponse à notre dernière lettre intitulée : « Les producteurs de la Vallée du Sourou privée d'eau, à leur insu, au profit des travaux d'aménagements de nouveaux hectares par le MCA-BF »

Ce droit de réponse sera suivi d'un bref commentaire de notre part.

Bonjour M. le Directeur de publication,

Dans votre publication électronique de ce jour, 02 juillet 2012, l’ article intitulé « Les producteurs de la Vallée du Sourou privée d’eau, à leur insu, au profit des travaux d’aménagements de nouveaux hectares par le MCA-BF » du Père Maurice OUDET , accuse le Millennium Challenge Account-Burkina Faso (MCA-BF) d’être à l’origine de la baisse d’eau considérable dans le réservoir du Sourou, entraînant ainsi « une saison sèche » au Sourou et avec des conséquences déplorables pour l’agriculture et l’élevage.

Permettez-moi de vous rappeler que dans le cadre de la coopération avec les Etats-Unis d’Amérique, le Burkina Faso bénéficie à travers le Millennium Challenge Corporation (MCC), d’une Convention dénommée "Compact" dont l’objectif global est de « réduire la pauvreté à travers une croissance économique ». Dun montant de 480,9 millions de dollars américains, le Programme d’une durée de 5 ans est organisé autour de 4 projets :

  • Le Projet Sécurisation foncière,

  • Le Projet Désenclavement ;

  • Le Projet Développement de l’Agriculture et le

  • Le Projet BRIGHT II ou scolarisation de la jeune fille.

Dans le cadre des activités du Projet Développement de l’Agriculture, il est prévu l’aménagement hydro agricole d’un nouveau périmètre de 2033 ha à Di dont les travaux ont été lancés le 17 décembre 2011 par le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE, dans ladite localité, dans le Sourou. Le démarrage effectif des travaux d’aménagement à Di s’est déroulé selon les normes en vigueur en la matière. Un plan de réinstallation des personnes affectées par le projet (PAP) a été élaboré et mis en œuvre conformément aux exigences internationales en vue de la libération de l’emprise par les PAP, préalable aux travaux. Les producteurs, tout genre concerné (femmes, jeunes et hommes) ont été compensées à la hauteur des évaluations de leurs exploitations et à l’issue des aménagements hydro agricoles seront bénéficiaires des nouvelles parcelles aménagées.

Afin de permettre une meilleure exécution du projet d’aménagement dans le Sourou, une digue et des chenaux adducteurs sont en construction sur le périmètre. Pour les besoins de la construction de ces infrastructures, des travaux devant être menés en profondeur sur le Sourou, des études ont été menées au préalable sur le niveau d’eau dans le réservoir du Sourou durant l’exécution des travaux. Il est ressorti que le volume d’eau sera libéré progressivement pour faire passer le niveau d’eau de 51,80 m3 à 250,30m3 pour à la fin de la saison sèche pour permettre la construction des chéneaux adducteurs.

En outre, pour se prémunir des conséquences des travaux au niveau desdites infrastructures, une réunion regroupant l’ Autorité de Mise en valeur de la Vallée du Sourou (AMVS), l’Ingénieur Conseil chargé du contrôle des travaux et le Consultant en appui à la gestion du Projet Développement de l’Agriculture (PDA/PMC) a été organisée le 23 décembre 2011 aux fins de mesurer l’impact de cette opération sur les productions agricoles en cours dans les périmètres irrigués de la vallée du Sourou.

Au cours de cette réunion, la Direction d’Appui à la Production et Vulgarisation agricole/ Autorité de Mise en valeur de la Vallée du Sourou a communiqué les superficies prévisionnelles à emblaver par spéculation de janvier à mai 2012 au Consultant en appui à la gestion du Projet Développement de l’Agriculture (PDA/PMC), qui après exploitation de ces données a assuré l’AMVS que les superficies proposées pour emblavement pouvaient l’être sans risque de pénurie d’eau.

Trois (03) autres réunions réunissant le PMC/PDA, la Direction Générale des Ressources en Eau et l’AMVS ont été consacrées au suivi du réservoir du Sourou. Elles ont été tenues respectivement les 27 janvier 2012, 09 mars 2012 et 13 avril 2012.

Au titre des mesures de prévention, par un communiqué diffusé dès le 30 janvier 2012 et ce durant 14 jours sur les radios Sourou Nayala, CEDICOM SALAKI, et par le canal du Haut Commissaire du Sourou, le MCA-BF en collaboration avec la DGRE et l’AMVS ont informé les populations de la Vallée du Sourou, qu’ à partir de la première semaine du mois de février 2012, une ouverture progressive des vannes de Lery pour baisser le niveau d’eau dans le réservoir du Sourou, sera faite. Toutefois, les populations ont été rassurées quant à la quantité d’eau nécessaire à mettre à leur disposition pour les activités courantes d’irrigation dans la zone. Le communiqué a par ailleurs invité toutes les populations et particulièrement celles situées en aval du Mouhoun à bien vouloir prendre les dispositions pour éviter les risques d’inondation et de pertes de leurs biens.

La première alerte de pénurie d’eau exprimée par les producteurs représentés par les présidents des coopératives et l’UCAVASO a été donnée à l’AMVS le 20 mars 2012 et a été suivie d’une réunion de concertation avec les coopératives sur instruction de Monsieur le Directeur Général de l’AMVS. Cette préoccupation liée aux risques de pénuries d’eau a été partagée lors de la réunion mensuelle du chantier des travaux de construction du périmètre irrigué de Di, le 29 mars 2012.

Suite à la récurrence des plaintes enregistrées par l’AMVS provenant des Coopératives de producteurs du Sourou, et relative à une baisse notoire du niveau d’eau dans le Sourou, une mission conduite par le Coordonnateur National du MCA-BF accompagné de l’AMVS, des services techniques et du Président de l’UCAVASO a été organisée le 19 avril 2012 à Di afin de comprendre les inquiétudes des producteurs. La visite des différents sites incriminés avec l’ensemble des acteurs a été faite et a été suivie d’échanges francs en vue de trouver des solutions à cette crise de l’eau. L’on a noté que les plaintes ne concernaient pas les producteurs situés dans la zone des travaux encore moins les personnes affectées par le Projet qui avaient bénéficié des mesures de compensation selon les exigences du MCC.

Pour votre information et pour délivrer un message d’éclaircissement après lecture de vos parutions, de façon unanime les différents acteurs comprenant les services techniques de l’Etat, ont permis de noter la vétusté des équipements qui doivent être réhabiliter notamment par l’AMVS afin de faire face au constat du défaut d’entretien : canaux bouchés par des herbes sauvages et par une boue épaisse et profonde, des vannes restées fermées empêchant les eaux d’arriver aux périmètres origine des plaintes. Tous ces constats ont conduit à une faible desserte en eau sur quelques sites.

Face à cet état des lieux, des ébauches de solutions ont été proposées par les acteurs. Dans un premier temps, il a été demandé aux producteurs leur contribution pour le désherbage des canaux afin de fluidifier la circulation de l’eau vers les périmètres comme soutien à l’AMVS dans le cadre de sa mission d’entretien des ouvrages. Sensibilisé par ces désagréments, le MCA-BF a mis à contribution l’entreprise principale commise aux travaux d’aménagements, pour un curage des canaux en prélude aux grands travaux au niveau des chéneaux, à effectuer par l’AMVS.

Dans le prolongement de la visite de terrain, un documentaire télévisuel a été réalisé et diffusé sur les antennes de la RTB le samedi 28 avril 2012 à 20h 40mn en vue de faire comprendre à l’ensemble de la population et plus particulièrement aux producteurs de la Boucle du Mouhoun que le MCA-BF conformément à ses exigences et celles de son partenaire technique et financier, le Millennium Challenge Corporation (MCC) ne peut contribuer à créer des conditions de vie précaires pour les bénéficiaires des projets, mais bien au contraire à agir dans le sens de soutenir les actions de lutte contre la pauvreté. C’est dans cette logique, au regard des conséquences constatées et dans le but d’apporter un appui aux producteurs impactés que le MCA-BF fort de sa mission première et ses partenaires œuvre à disposer de la logistique et de techniques pour faciliter la conduite de l’eau au niveau des parcelles.

Le foncier et l’agriculture étant de sujets très sensibles dans notre pays, qu’il vous appartient de mettre le maximum de rigueur dans le processus de collecte, de traitement et de vérification de l’information et des faits avant toute publication.

Le MCA-BF comme l’ensemble des autres acteurs partage la désolation des producteurs du Sourou mais n’est pas pour autant responsable de la « saison sèche » au Sourou telle que décrite par votre article.

Autant d’actions et de communication qui vous ont peut être toutes échappées. Toutefois, nos services restent ouverts à des échanges qui vous permettront de mieux apprécier la contribution du MCA-BF dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vies des populations par une croissance économique durable.

LA DIRECTION DE LA COMMUNICATION DU MCA-BF


 

Note de la rédaction de abcburkina.net :

Nous sommes heureux de publier cette réaction du MCA-BF, essentiellement pour quatre raisons.

  1. Nos lecteurs ont le droit d'être informés des positions des différentes parties en présence.

  2. Nous ne mettons pas en cause la bonne volonté du MCA-BF, qui a pu être abusé par les conclusions de son consultant . C'est bien parce que le MCA-BF a pour vocation de contribuer à la lutte contre la pauvreté, comme le rappelle sa direction, que nous avons écrit : « Qui va payer ? Peut-être le Millénium Challenge Account-Burkina Faso (MCA-BF). »

  3. Cependant, je doute qu'à l'heure où je mets en ligne ce droit de réponse, on puisse trouver un seul producteur de la vallée du Sourou qui pense que le MCA-BF n'est pas à l'origine de « la« saison sèche » au Sourou telle que décrite par notre article ».

  4. Tant que les producteurs des coopératives n'ont pas été indemnisés, le débat ne peut pas être considéré comme clos. J'ajouterai que si les producteurs ne sont pas indemnisés dans les tout prochain jours, par manque de financement, ils ne pourront pas mettre en route la seconde culture, celle de la saison pluvieuse. De la pauvreté, ils vont sombrer dans la misère.

Koudougou, le 19 juillet 2012
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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