Au Sénégal, la société civile invite à la vigilance: La production à grande échelle d’agrocarburants pourrait, si l'on n’y prend garde, plomber les efforts faits pour assurer la souveraineté alimentaire du pays.
Aussi, la société civile milite pour une utilisation contrôlée des terres arables, terreau fertile des agrocarburants. Les centaines d'hectares de ces terres, cédées à des mécènes, gros bonnets et autres paysans du dimanche, ‘sous le prétexte de production d’agrocarburants’, suscitent, à la fois, la curiosité et la crainte de cette société civile. A l'occasion d’une rencontre d'échanges et de sensibilisation de deux jours organisée à Richard Toll, sur le thème de ‘l’agriculture familiale face aux agrocarburants : quels enjeux pour la sécurité alimentaire et les zones humides au Sénégal ?’, la question a été revisitée sous toutes ses coutures. A coup sûr, les ONG Wetlands International et Action Aid Sénégal qui sont à la base de ces assises, ont largement atteint leurs objectifs : informer les acteurs à la base sur les enjeux des agrocarburants, la gestion foncière, l’agriculture vivrière et aussi l’environnement.
Mettant à profit la rencontre de Richard Toll, certains participants ont longuement insisté sur l'urgence de tout mettre en œuvre pour éviter le bradage des terres rurales. Dans ce dessein, les populations, les représentants de la société civile ainsi que ceux de l'Etat se sont accordés sur l'impérieuse nécessité, pour les élus des collectivités locales, d'être plus vigilant au moment de décortiquer les dossiers de demande de terres. Ils ont ainsi été conviés à éviter d'octroyer des hectares à l'emporte-pièce (ndlr : de façon brutale, sans nuance et donc ici, sans analyse des conséquences…) ou par simples accointances ou intérêts purement mercantiles.
Coordonnatrice de la coalition de la société civile sur les agro carburants, Mme Fatou Mbaye, chargée de programme agrocarburant à Action Aid Sénégal, renseigne que ‘cet atelier fait suite aux études menées par Action Aid et Wetlands International par rapport aux agrocarburants et à la sécurité alimentaire. Mais aussi sur les agrocarburants et les zones humides au Sénégal. Nous voulions partager ces études avec les communautés de base, les acteurs, la société civile, les services techniques de l’Etat et les différents partenaires’, explique-t-elle. Interrogée sur le choix de l’agriculture familiale, Mme Mbaye répond : ‘Nous sommes partis du constat que l'agriculture familiale constitue la base de la production vivrière au Sénégal. Avec l’avènement des agrocarburants au Sénégal, nous avons vu que les terres agricoles, les forêts, les terres arables risquent d’être accaparées par les promoteurs des agrocarburants, au détriment de la production vivrière agricole. Aujourd'hui, la grande ruée vers les terres arables va provoquer l'utilisation d'énormes superficies destinées au développement industriel au détriment des cultures vivrières’, s'est désolée notre interlocutrice.
D’après un article de Gabriel BARBIER du 11 janvier 2010
Au Burkina, allons-nous attendre qu'il soit trop tard pour lancer le débat sur cette question ?