Le coton africain victime de la parité CFA-euro
Une filière en perdition
Cela explique en partie la baisse des rendements, sans parler de la cherté des engrais propulsée par la hausse du brut qui a rendu les paysans parcimonieux dans leur emploi. Les membres de l’Association cotonnière africaine qui regroupent les acteurs de la filière, entre autres sociétés cotonnières et assemblées de producteurs, se retrouvent pour leur rencontre annuelle aujourd’hui à Accra au Ghana, ils vont une fois de plus se pencher sur les causes du mal : les subventions aux producteurs américains qui biaisent la concurrence sur le marché mondial.
En marge des interventions prévues, sera sans aucun doute évoqué l’autre sujet de préoccupation qui monte parmi les producteurs de coton de la zone CFA : la question monétaire qui dépend cette fois non pas de l’OMC ou des Etats-Unis mais des Etats membres de la zone franc. Quand l'euro s'apprécie par rapport au billet vert comme c'est le cas en ce moment, leurs exportations sont lourdement pénalisées car le CFA est accroché à l'euro, une livre de coton à 42 cents en 2001 rapportait plus qu'une livre de fibre aujourd'hui cotée 58 cents.
Il y a un an, un jeune économiste africain a semé le trouble lors d’une conférence consacrée au coton en regrettant cet arrimage contre productif pour les cultures de rente et en s’interrogeant devant un parterre d’opérateurs médusés sur les millions qui dorment dans les caisses du Trésor français pour garantir la parité fixe. Longtemps taboues, les retombées négatives pour le coton africain de la parité fixe entre le CFA et l'euro sont aujourd'hui discutées sur la place publique, le président de l’Association cotonnière africaine, Ibrahim Malloum souhaite que cette préoccupation figure en bonne place dans la déclaration finale de l’assemblée.
par Dominique Baillard
le 22 mars 2007 sur http://www.rfi.fr