Conte gouin par Mme Justine Fayama
8. Un vieux
Autrefois, dans un village de la brousse vivait un vieil aveugle qui avait les testicules gros comme une grosse calebasse. Un matin, ses enfants le conduisent comme d’habitude sous le grand arbre derrière le village et partent à leurs occupations.
Vers le milieu de la journée, un épervier pourchasse un margouillat qui vient se cacher sous la grosse calebasse du vieux. L’épervier dit au vieux : « Si tu me livres le margouillat, j’ouvre tes yeux ! »
Le margouillat dit à son tour: « Si tu me gardes, je vais soigner tes testicules et elles redeviendront normales. »
Notre vieux ne sait que faire. Il appelle au secours ses femmes et ses enfants. Commence alors une grande discussion entre eux. Les uns sont pour l’épervier, les autres pour le margouillat. Arrive le benjamin de la seconde femme qui dit à sa mère : « Maman, il faut dire à papa de supplier l’épervier de lui donner un poussin à la place du margouillat et papa sera guéri des deux maux. »
La femme transmet la proposition à son mari. Il fait sa doléance à l’épervier qui est tout content d’accepter, car il n’a jamais mangé de poule. On lui apporte un gros poussin et, de ses ailes, l’épervier frappe les yeux du vieux en passant et repassant à trois reprises. Les yeux du vieux s’ouvrent et, la quatrième fois, l’épervier prend le poussin. C’est depuis ce jour que l’épervier attrape nos poussins.
Le margouillat fait aussi son travail et la grosse calebasse disparaît d’entre les jambes du vieux. Depuis lors, notre vieux est guéri de ses maux.
C’est depuis ce jour que les derniers-nés sont aimés et dorlotés plus que les autres enfants et que les petites femmes sont, le plus souvent, préférées aux autres.