A Dakar, la revendication du Droit à la Souveraineté Alimentaire était omniprésente !
Dès la marche du 6 février, il apparaissait clairement que la Souveraineté alimentaire, avec ses différentes composantes, serait un des thèmes majeurs du Forum. La première banderole, portée par des participants issus de plusieurs continents, donnait le ton :
« Non à la marchandise agriculture – Promouvoir un système monétaire et financier démocratique, transparent et responsable. »
Cette banderole était suivie de près par celle de la Via Campesina proclamant :
« La Souveraineté alimentaire, c’est la solution à la crise alimentaire. »
Tout au long du cortège, on pouvait entendre des slogans comme « Touche pas à ma terre ! » , « La terre, c’est la vie ! » ou encore « la terre, c’est ma vie ! », bientôt suivi par un groupe de participants derrière une banderole sur laquelle, on pouvait lire : « Accaparement de terres en Afrique : « Dangers et Défis » - Echanges d’expériences de trois continents – Elaboration de stratégies de résistances »
Les jours suivants, en visitant les différents stands, j’étais impressionné par la forte participation des associations et organisations paysannes de l’Afrique de l’Ouest. Les Sénégalais et les Sénégalaises se sont fortement mobilisés, comme ces femmes rurales venues pour la défense, la promotion et le partage de semences paysannes… libres de tout droit ! Elles étaient fières d’exposer quelques-unes de leurs différentes variétés de semences de riz.
Le jeudi 10 février, sous la tente du CNCR (Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux – du Sénégal) s’est tenu un atelier très intéressant animé par Ibrahim Coulibaly du CNOP (Comité national des organisations paysannes professionnelles du Mali) et Mariam Bassey des Amis de la Terre (Friends of the Earth) du Nigeria sur la Souveraineté alimentaire. Là encore, les femmes n’étaient pas en reste et défendaient leurs causes de façon pertinente, comme « l’accès des femmes à la terre. »
La protection de l’environnement n’était pas absente de ce forum avec, notamment, un stand de l’Oceanium de Dakar (un Centre de plongée sous-marine et une association de protection de l’environnement, animés par Haïdar El Ali) : un acteur majeur du Sénégal sur cette question. C’est aussi un thème très présent dans les préoccupations et les engagements des paysans. Avec la menace des agrocarburants, il est urgent de trouver des financements alternatifs au « commerce du carbone ». Ce « commerce du carbonne » va donner des ailes aux multinationales pour continuer à polluer en accaparant les terres africaines. Il nous faut trouver une réponse à cette question « Comment appuyer un paysan pauvre qui n’a ni charrette, ni âne à restaurer la fécondité de ses terres en construisant des cordons pierreux et en fabriquant de la fumure organique ?»
Le travail en réseau a prouvé son efficacité. Pas étonnant que plusieurs réseaux étaient présent à ce forum comme FIAN (Foodfirst Information and Action Network/ Réseau d’Information et d’Action pour le droit à se nourrir ) et le RAPDA (Réseau Africain pour le Droit à l’Alimentation) dont le slogan affiché était « La faim n’est pas une fatalité ». De tels réseaux (sans oublier le SEDELAN avec sa lettre hebdomadaire envoyée à près de 3 800 correspondants !) ne peuvent sortir que renforcés de ce forum.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce forum (comme sur la 12ème édition de la Foire internationale de agriculture et des ressources animales (FIARA) qui se tenait au même moment. Nous reviendrons sur ces deux évènements dans les prochaines semaines.
Koudougou, le 13 février 2011
Maurice Oudet
Président du SEDELAN