Chronique des matières premières, 06/11/2003 sur RFI |
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L’extraordinaire force de la demande chinoise de coton est en train de faire le bonheur des producteurs ouest-africains. Pour exporter les 210 000 tonnes de coton fibre de la nouvelle récolte du Burkina Faso, un très beau chiffre, les dirigeants de la Sofitex, la société cotonnière nationale ont décidé de passer par quatre ports. Abidjan, le port ivoirien, auquel ils avaient été forcés de renoncer depuis quatorze mois en raison des affrontements en Côte d’Ivoire. Mais aussi Cotonou au Bénin, Lomé au Togo et Thema au Ghana. Quatre ports c’est beaucoup mais c’est nécessaire tant la demande est pressante. «Traditionnellement, en octobre, on reçoit des demandes pour 15 000 tonnes de fibre» dit Celestin Tiendrebeogo, le patron de la Sofitex. «Pour ce mois d’octobre 2003, on a reçu des demandes pour 40 000 tonnes». Pour éviter les embouteillages de camions à l’entrée des ports, pour pouvoir charger en temps voulu les cargos qui prendront la mer vers la Chine, quatre ports, ce n’est pas de trop. Bien sûr, en Afrique de l’Ouest, producteurs et exportateurs de coton se frottent les mains. La marchandise part vite et elle se vend à un très bon prix, près d’un euro et demi le kilo. Pourtant, les responsables gardent la tête froide. «Cette hausse est purement conjoncturelle» disent-ils. Cette configuration nouvelle du marché n’est en tout cas pas une raison pour abandonner le combat contre les subventions que versent Américains et Européens à leurs producteurs. Le combat a été engagé de manière frontale lors de la conférence de l’OMC à Cancun en septembre dernier. «Sans ces subventions, dit un négociateur ouest-africain, nous profiterions encore plus de la hausse actuelle des cours du coton». Mais la partie est très loin d’être gagnée. «Le climat en ce moment n’est pas très favorable. Les Américains font subir des pressions très brutales aux Africains» dit un interlocuteur proche de l’OMC. |
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