Le ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources halieutiques a organisé, le samedi 6 juin 2009 à Bagré, un forum des producteurs de riz. Cette rencontre a regroupé des représentants des producteurs de riz des régions de l'Est, du Centre-Est, du Centre-Sud et du Centre-Ouest. Deux autres forums sont prévus ainsi qu'une rencontre nationale où les prix et les modalités de cession du riz au gouvernement seront fixés.
Ainsi, le ministère de l’Agriculture semble vouloir améliorer la concertation avec les producteurs de riz. Nous ne pouvons que nous en féliciter. Mais il y a urgence. En effet, les producteurs de riz sont déjà en train de se préparer pour la nouvelle saison de culture.
Au cours de ce forum, le ministère de l'Agriculture a affirmé que le soutien de l'année dernière, évalué à plusieurs milliards de nos francs tant en semences qu'en engrais, sera reconduit mais qu’il convient de s'entendre clairement sur les conditions de cette aide. C’est une bonne nouvelle. Surtout pour les producteurs des grandes plaines irriguées qui font deux saisons de culture par an. Mais,
« Il convient de s’entendre clairement sur les conditions de cette aide »
Il s’agit donc d’une aide soumise à conditions. Pourquoi pas ? Pourvu que les conditions soient clairement définies et connues avant que l’aide soit accordée. Mais les conditions engagent les deux partis : les producteurs et l’Etat. Il serait sans doute bon de parler de contrat, avec des engagements précis de chacun des deux partis.
A quoi s’engageraient les producteurs ?
- A rembourser l’engrais (et éventuellement les semences) selon le prix et le calendrier fixés à l’avance.
- Il semble que l’Etat voudrait être payé, au moins en partie, en nature. Pourquoi pas, si les conditions sont bien définies ? Si l’Etat cède l’engrais à un prix subventionné de l’ordre de 30 % (soit le sac d’engrais de 50 kg à environ 14 000 F), les producteurs de riz peuvent bien livrer une partie de leur récolte à un prix en dessous du prix du marché. C’est la qu’une concertation approfondie est nécessaire pour que ce prix, et la quantité à livrer à l’Etat, soient fixés d’un commun accord.
Mais puisqu’avec ce 1er forum, le débat est maintenant public, j’aimerais faire une remarque et une proposition.
Une remarque : la SONAGESS ne cesse de répéter qu’elle a besoin de riz pour les hôpitaux, les prisons, l’armée et les cantines scolaires. Or à ma connaissance ces derniers n’ont pas besoin de riz paddy mais de riz blanc décortiqué ou, mieux, de riz étuvé. Je dis « mieux » car le riz blanc a perdu la plupart de ses éléments nutritifs, ce qui n’est pas le cas du riz étuvé. Pourquoi la SONAGESS ne semble pas s’intéresser au riz étuvé ? Aujourd’hui, dans toutes les plaines rizicoles, les femmes sont organisées et capables de fournir du riz étuvé de qualité et en quantité. Et cela offre aux familles de producteurs des ressources complémentaires non négligeables.
C’est tellement vrai, que mardi dernier, j’étais à Niassan (au Sourou), à l’invitation d’une des quatre associations de femmes étuveuses. Elles avaient organisé une fête. Elles voulaient célébrer la saison passée où elles avaient réussi à vendre une importante quantité de riz étuvé à un prix rémunérateur. La fête était belle, très réussie. Le riz gras très apprécié. Les danses se sont prolongées jusque dans la nuit. Jour de joie, avant de reprendre les travaux pour une nouvelle saison de culture.
Voici donc ma proposition, sur la base d’un sac d’engrais vendu environ 14 000 F les 50 kg.
Les associations de producteurs de riz céderaient le riz paddy aux femmes étuveuses à 115 F ou 120 F le kilo. Puis ils achèteraient le riz étuvé pour le livrer à la SONAGESS sur la base de 300 F le kilo. A chacun des partis de vérifier le bien fondé de cette proposition.
La SONAGESS devrait trouver ce prix raisonnable. En effet, le riz étuvé est meilleur pour la santé que le riz blanc décortiqué, et ce prix – 300 F le kilo - est à l’intérieur de la fourchette proposée l’an passé par le gouvernement pour le riz blanc.
Cette proposition, si elle était acceptée, ferait reculer la pauvreté dans les plaines rizicoles. N’est-ce pas un des objectifs du gouvernement ?
L’engagement du ministère de l’agriculture serait essentiellement de faire en sorte que les semences et les engrais soient acheminés à temps auprès des producteurs. Il est temps que les concertations s’accélèrent et qu’un dispositif consensuel soit mis en place, si on ne veut pas que les retards constatés l’an passé se renouvellent. Les producteurs devraient proposer dès maintenant un calendrier clair et précis qui leur convient.
Koudougou, le13 juin 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN