L'appel à des états généraux de l’agriculture lancé par le Conseil économique et social sera-t-il entendu par le gouvernement burkinabè ?
Le Burkina va-t-il enfin se doter d'une politique agicole digne de ce nom ? Après tant d'autres voix, le Conseil économique et social vient de terminer ses travaux en appelant à la tenue des états généraux de l'agriculture. Sera-t-il entendu ?
La deuxième session du CES de l’année 2008 a pris fin le 11 novembre sous la présidence de son président Thomas Sanou. Les conseillers ont planché sur le thème "Quelle politique pour une sécurité alimentaire au Burkina dans le contexte actuel de crise céréalière ?". Communications d’experts, de membres du gouvernement et de représentants du monde rural ont alimenté les débats dans les travaux en commissions. Sept recommandations principales ont été retenues en vue de permettre à l’agriculture nationale d’assumer la sécurité alimentaire et de permettre aux producteurs et pasteurs de vivre de leurs activités. Le diagnostic fait par les conseillers a abouti à la formulation d’une recommandation sur la tenue des états généraux de l’agriculture au vu des contraintes persistantes suivantes : faiblesse de l’organisation et de l’encadrement des filières céréalières, non-maîtrise des questions liées aux intrants, insécurité foncière, faible mécanisation. Pour le secteur de l’élevage, la pratique extensive persiste avec un faible rendement des vaches laitières, la question des aliments pour bétail... Ces contraintes handicapent fortement les atouts du secteur agropastoral . Pour lever celles-ci, les conseillers proposent une plus grande implication de l’Etat dans la politique de relance du secteur agricole. Son désengagement n’ayant pas eu les effets escomptés. Pour les conseillers tout doit passer d’abord par une politique agricole stable et réaliste, la réinstauration de l’encadrement agricole, la fixation d’un prix rémunérateur aux producteurs, ainsi que la mise en place d’un instrument de régulation et de contrôle des prix de produits agricoles. Ces recommandations sont conformes aux souhaits exprimés par les paysans lors de la dernière journée nationale. Pour le CES, les états généraux permettront en outre d’évaluer les différentes politiques et stratégies agricoles mises en oeuvres depuis des années et qui ont produit des résultats mitigés. Le président du CES dans son allocution de clôture a salué les bons résultats prévisionnels de la campagne 2008-2009 qui présente un excédent de 717 mille tonnes. Il a interpellé le gouvernement sur les "mesures idoines pour une gestion optimale de ces excédents".
Par Abdoulaye TAO, dans le quotidien burkinabè "Le Pays" daté du 13 novembre 2008
Aux termes des travaux, les conseillers ont retenu des recommandations spécifiques portant sur :
1. l’implication effective de l’Etat dans la politique de relance du secteur agricole ;
2. la promotion des engrais locaux et la fertilisation des sols ;
3. la politique de valorisation et de vulgarisation des résultats de la recherche agricole ;
4. une véritable synergie entre les départements de la recherche et ceux en charge de l’agriculture ;
5. le renforcement des capacités de production, de transformation et de commercialisation du monde rural ;
6. la formation des acteurs de production agricole à travers le développement des structures de formation pour tous les niveaux de qualification et dans toutes les spécialités (ouvriers, techniciens, ingénieurs... ) et en mécanisation agricole ;
7. la création d’un centre national de promotion des agro-industries ;
8. la création d’une usine de fabrication ou de montage d’engins motorisés pour l’agriculture ;
9. l’entretien et la maintenance du parc d’engins motorisés pour l’agriculture ;
10. l’organisation des états généraux de l’agriculture.