Une des forces de l’éducation bilingue est son enracinement dans l’environnement socioculturel. Une situation qui fait des sortants des écoles bilingues des hommes utiles à eux-mêmes et à leurs communautés. Dans le registre des mauvaises performances caractérisant le système d’éducation de base formelle classique, on peut noter entre autres une efficacité externe décevante. En effet, les sortants de cette école sont peu utiles à eux-mêmes et à leurs communautés. En outre, l’école classique s’est révélée inadaptée, déracinante et discriminatoire. Les élèves sont coupés de leur environnement, etc. L’éducation bilingue, dont l’expérimentation s’est avérée concluante, constitue une alternative au système actuel. Composante de l’éducation de base formelle, l’éducation bilingue est d’abord et surtout l’affaire des communautés plutôt que celle de l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO) ou de l’Etat. Pour le représentant de l’OSEO, Paul Taryam Ilboudo, l’implantation des écoles bilingues est surtout conditionnée à une demande des communautés ou leur engouement pour ce type d’enseignement. C’est cela aussi qui explique la réussite de l’éducation bilingue au Burkina parce que ce système éducatif n’a pas été imposé à la base. Aujourd’hui, on ne peut donc pas parler d’éducation bilingue sans évoquer l’implication effective des parents d’élève. Ceux-ci, en effet, participent non seulement à la définition des curricula mais également à certains aspects des enseignements à l’école tels que la production, la culture, etc. Former des hommes utiles Dans ses objectifs, l’éducation bilingue ambitionne améliorer d’une manière significative l’efficacité externe de l’école en ancrant les établissements bilingues dans leur contexte de développement local. Avec cette initiative, les sortants de ces écoles sont utiles à eux-mêmes et à leur communauté en tant qu’acteurs et bénéficiaires du développement au lieu d’être des candidats à l’exode, à la paresse, voire à la délinquance. Le lien entre l’éducation et la production est une réalité à travers des activités manuelles liées à l’économie locale. Il s’agit entre autres de l’élevage, de l’agriculture, du jardinage... A titre d’exemple, l’élevage de moutons a renfloué les caisses des écoles bilingues de Nongana et de Goué avec 233 000 FCFA suite à une vente de 55 animaux en 1998. A l’heure où le Cathwel, qui a longtemps doté nos écoles de vivres, est en train de se retirer, il ne reste que ce genre d’initiatives dans les écoles bilingues pour éviter le sevrage de nos enfants de nourriture. Mais l’essentiel de cette action de l’OSEO, c’est de rendre les sortants de ces écoles utiles à eux-mêmes et à toute la société. L’utilisation d’une langue nationale maîtrisée par l’enfant aux côtés du français est la première valeur culturelle qui aide celui-ci à cultiver la citoyenneté. Des travaux entrepris par Commins (1984) montrent que l’acquisition et la consolidation des compétences académiques dans la langue que l’on maîtrise bien (langue maternelle) facilitent les autres tâches d’acquisition dans la langue seconde (français) dans les situations de bilinguisme. La langue nationale, première identité de l’enfant Actuellement 7 langues nationales sont utilisées dans les écoles bilingues : mooré, jula, fulfuldé, gulmacéma, dagara, liélé, bissa. Le ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation compte introduire dans les meilleurs délais ces langues dans les modules d’enseignement des Ecoles nationales des enseignants du primaire (ENEP). Toujours sur les valeurs culturelles enseignées dans les écoles bilingues, on peut énumérer les contes et proverbes, les chants et danses, la musique du milieu et les instruments traditionnels de musique. Notons que l’éducation bilingue a enregistré un taux de succès de 85,02% contre une moyenne nationale de 61,82% à la session de juin 2002 avec des enfants d’âge scolaire qui ont fait 5 ans de scolarité. Au regard de ce test concluant et rassurant, une rencontre nationale sur la prolématique de l’éducation bilingue se tient dès aujourd’hui à "Ouaga 2000"
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Article paru dans L'Observateur paalga du jeudi 8 mai 2003 (Archives)
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