Les discours de la Sofitex et du gouvernement burkinabè n'ont pas changé ! Les producteurs sont invités à produire toujours plus de coton, même si la Sofitex (qui commercialise plus de 80 % de la production nationale) accuse de fortes pertes et n'a toujours pas fini de payer les producteurs. Cette fuite en avant contraste fortement avec le désarroi des paysans.
Je viens de terminer une tournée dans le sud-ouest du Burkina. J'en ai profité pour interroger quelques producteurs de coton. Cette enquête devrait être poursuivie pour en tirer une conclusion plus précise, voire plus certaine. Cependant, il est déjà permis d'affirmer que de nombreux paysans vont réduire leur production.
Les discours de la Sofitex et du gouvernement burkinabè n'ont pas changé ! Les producteurs sont invités à produire toujours plus de coton, même si la Sofitex (qui commercialise plus de 80 % de la production nationale) accuse de fortes pertes et n'a toujours pas fini de payer les producteurs. Cette fuite en avant contraste fortement avec le désarroi des paysans.
Je viens de terminer une tournée dans le sud-ouest du Burkina. J'en ai profité pour interroger quelques producteurs de coton. Cette enquête devrait être poursuivie pour en tirer une conclusion plus précise, voire plus certaine. Cependant, il est déjà permis d'affirmer que de nombreux paysans vont réduire leur production.
Dans le Tuy, j'ai rencontré une grande famille productrice de coton depuis des années. Elle devrait réduire sa production de 15 hectares à 6 ou 7 hectares. Dans le même village, tous m'ont dit qu'ils allaient réduire leur production, sans toujours pouvoir préciser de quelle ampleur.
Dans la Bougouriba, j'ai rencontré de petits producteurs de coton qui ne cultivent le coton que depuis quelques années. Eux aussi m'ont dit leur désarroi (ils ne savent toujours pas à quel prix la Sofitex leur payera le kilo de coton !). Cependant, presque tous m'ont dit qu'ils allaient maintenir leur production de coton. En précisant que c'était surtout pour obtenir l'engrais qui servira également pour le maïs. C'est en effet une pratique courante : la seule façon pour les petits paysans d'obtenir de l'engrais à crédit est de s'engager à produire une certaine quantité de coton. Ensuite, une partie de l'engrais destiné au coton est détournée vers la production de maïs. C'est ainsi que les producteurs de coton sont aussi de bons producteurs de maïs.
J'ai interrogé également les paysans sur les semences qu'ils allaient recevoir. Jamais il n'a été fait mention qu'ils pourraient recevoir des semences OGM. Pourtant, le 26 septembre 2006, le Ministre de l'Agriculture, M. Salif Diallo, annonçait fièrement que dès 2007, les producteurs de coton allaient se lancer dans la culture du Coton Bt. "Nous avons même nos réserves de semence", disait-il !
Toujours est-il que le désarroi des producteurs de coton est bien compréhensible, ainsi que leur désengagement. En 2004, ils recevaient 210 F CFA par kilo de coton-graine. Puis 175 F. L'an passé, le prix plancher de 175 F a disparu puisque les producteurs ont été avertis que le coton premier-choix ne leur serait payé que 165 F le kilo. C'est ce qui se passe... et encore, à quelques jours de la nouvelle saison, beaucoup n'ont pas encore été payés et le prix d'achat pour la nouvelle campagne n'a pas encore été annoncé. C'est comme si toutes les garanties que les producteurs avaient obtenues l'année de la dévaluation du F CFA disparaissaient. Beaucoup pensent que le prix du coton ne dépassera pas les 150 F !
Quand on sait que la Sofitex elle-même s'endette, il est difficile de comprendre son discours envers les paysans. Elle les invite à faire toujours plus de coton. Pourquoi ne pas utiliser cette période difficile pour inviter les paysans à respecter davantage leur terre ? Par exemple, en faisant des rotations sur 4 ans : coton, maïs, oléagineux, fourrage (alors que beaucoup épuisent leur terre en alternant coton et maïs, sans intercaler d'autres cultures).
Koudougou, le 15 avril 2007
Maurice Oudet
Président du SEDELAN