Au Burkina Faso : A 10 jours de la Conférence ministérielle de l'O.M.C. à Hong Kong, la Confédération Paysanne du Faso prend position et se fait entendre. |
Ce 3 décembre 2005, la Confédération Paysanne du Faso a fait preuve de maturité. Pour la première fois de son histoire la population de Ouagadougou a été témoin d'une marche, et d'un rassemblement de 2 500 paysans, venus des 45 provinces du pays, place de la Nation. Adresse de la Confédération Paysanne du Faso à Son Excellence Monsieur le Chef de l’Etat et aux Ministres du commerce de la CEDEAO, à 10 jours de la Conférence ministérielle de l’O.M.C. à Hong Kong Au Burkina Faso, l’agriculture est le secteur qui crée le plus d’emplois : elle occupe 90 % de la population. L’agriculture familiale constitue le principal mode de production agricole dans notre pays. C’est d’ailleurs elle qui crée l’essentiel de la richesse au plan national et contribue pour près de 40 % au PIB. C’est dire toute son importance dans la lutte contre la pauvreté et le développement économique et social de notre pays. Nous, paysans du Faso, sommes convaincus que l’agriculture est un métier qui doit permettre à nous, producteurs qui la pratiquons, de vivre dignement des fruits de notre travail. Nous restons persuadés que le développement de notre pays passe par la garantie de meilleures conditions de vie pour tous, dans un esprit de justice sociale et d’équité. Nous sommes aussi convaincus que nous sommes capables de produire l’essentiel de la nourriture dont la population du pays a besoin. C’est pourquoi nous sommes prêts à nous engager dans ce sens. Pour cela, nous avions seulement besoin d’un environnement national et international saint, et de quelques mesures appropriées. Deux évènements récents témoignent que les gouvernements Africains reconnaissent aujourd’hui l’importance de l’Agriculture pour l’avenir de l’Afrique et spécialement de notre sous région. A savoir : En juillet 2003 à Maputo, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine se sont engagés à allouer au moins 10 % des budgets d’investissements nationaux au développement du secteur agricole afin d’améliorer la productivité et de réduire l’insécurité alimentaire. Le 19 janvier 2005, la conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Afrique de l'Ouest a adopté la politique agricole de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO, en anglais ECOWAS), dénommée ECOWAP. Cette politique agricole commune rejoint la plupart des préoccupations des agriculteurs et des éleveurs, notamment à travers ses deux premiers objectifs spécifiques : Objectif spécifique n°1 : Assurer la sécurité alimentaire de la population rurale et urbaine ouest africaine et la qualité sanitaire des produits, dans le cadre d’une approche garantissant la souveraineté alimentaire de la région ; Objectif spécifique n°2 : Réduire la dépendance vis-à-vis des importations en accordant la priorité aux productions alimentaires ainsi qu'à leur transformation... La souveraineté alimentaire désigne le DROIT des populations, de leurs Etats ou Unions comme la CEDEAO, de définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers. Elle doit reposer sur le droit à une protection efficace à l'importation et sur l'interdiction de toutes les formes de dumping et des politiques de soutien adaptés. C’est pourquoi la Confédération Paysanne du Faso, depuis sa création, lutte pour que le droit à la souveraineté alimentaire soit reconnu par le gouvernement Burkinabé et par la communauté internationale. C’est pourquoi aussi notre confédération apprécie à juste titre le choix dicté à travers l’ECOWAP. C’est le moment pour nous, producteurs, de réaffirmer notre engagement à soutenir et à mettre en valeur cette politique agricole. Nous producteurs du Burkina Faso, Ce que nous contestons : C’est d’abord les règles injustes du commerce international qui aujourd’hui s’appliquent selon le principe de deux poids deux mesures et qui jouent en notre défaveur. Ces règles ne sont pas équitables et sont à la base du fait que le Burkina Faso soit aujourd’hui inondé de vieux riz thaïlandais bloquant ainsi notre production nationale. Ce que nous contestons aussi : C’est les politiques néolibérales qu’on nous impose à nos pays alors que les plus puissants continuent de se protéger avec des barrières diverses. Pour toutes ces causes justes qui mobilisent les producteurs burkinabé et leurs homologues de la sous région, nous avons le droit d’exprimer nos attentes à l’égard des nos dirigeants : Ce que nous voulons : C’est que nos dirigeants défendent avec force la politique alimentaire basée sur la souveraineté alimentaire à l’OMC lors de la conférence ministérielle qui débutera le 13 décembre 2005 à Hong Kong. Ce que nous réclamons aussi : C’est que nos Chefs d’Etats ne signent aucun accord à l’O.M.C. qui mettrait en péril notre propre Agriculture. Ainsi, les paysans du Faso attirent l’attention du Chef de l’Etat, du Ministre du Commerce et du Ministre de l’Agriculture sur le fait que la mise en œuvre de l’ECOWAP est déjà menacée. Les effets pervers du TEC (Tarif Extérieur Commun) de l’UEMOA sont manifestent. Il suffit de pénétrer dans une boutique d’alimentation générale pour s’en convaincre. Il suffit de se demander pourquoi les Burkinabé consomment massivement du lait et du riz importés pour s’en persuader. Ce que nous demandons aussi : C’est que le Tarif Extérieur Commun (TEC) de la CEDEAO soit rehaussé dans un souci de promotion de la production nationale et régionale, en conformité avec les dispositions de l’ECOWAP. Pour cela nous affirmons avec force et conviction que nous ne pouvons pas mettre en concurrence notre agriculture avec celle des pays développés qui de surcroît demeure fortement subventionnée. Ce que nous demandons aussi : C’est que nos chefs d’Etat n’acceptent pas signer les Accords de Partenariat Economique (APE) en négociation avec l’Union Européenne, sans aucune reconnaissance préalable de la « Souveraineté Alimentaire ». A ce sujet nous réaffirmons clairement le DROIT de nos Etats de protéger notre agriculture en vue de la rendre aussi plus compétitive. Nous sommes convaincus que c’est la meilleure voie pour la construction de l’intégration régionale. Ce que nous demandons à nos autorités pour vivre dignement de notre métier : C’est que des mesures courageuses soient prises pour rendre notre agriculture plus performante, prospère et compétitive. Pour cela nous réclamons la prise des mesures suivantes :
Nous souscrivons entièrement aux principes du Commerce Equitable. Non à l'imposition des politiques néolibérales en matière de commerce Oui au commerce équitable Oui à la souveraineté alimentaire Vive les producteurs du Burkina Faso et de l'Afrique de l'Ouest Je vous remercie. Ouagadougou, place de la Nation, le 3 décembre 2005 Merci de diffuser largement cette information. Vous êtes invités également à visiter les deux galeries de photos de cet évènement : Photos des banderoles pour prendre connaissance des messages de la CPF |