Journée mondiale de l'alimentation :

Et si on écoutait les paysans !

Ce matin R.F.I. , au journal de 6 heures nous rappelait qu'aujourd'hui 16 octobre, c'était la journée mondiale de l'alimentation. Le présentateur nous disait également qu'aujourd'hui plus de 850 millions d'hommes souffraient encore de la faim.

Entre les années 1970 et 1990, le nombre de personnes ne mangeant pas à leur faim, a légèrement diminué. Par contre, ces 15 dernières années, le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté.

Or, lors du Sommet mondial de l'alimentation qui s'est tenu en 1996 à Rome, puis au Sommet mondial de l'alimentation: "Cinq ans après", tenu en 2002, les dirigeants se sont engagés à réduire ce nombre de moitié d'ici 2015.

C'est dire que l'échec est patent. Interrogé sur cet échec (toujours sur RFI), M. Marcel Mazoyer, l'auteur de "L'histoire mondiale de l'agriculture", disait que cette période - 1990 - 2005 correspond à une libéralisation croissante du commerce des produits agricoles et des produits alimentaires.

En 2002, le Directeur Général de l'O.M.C. M. Supachai Panitchpakdi, affirmait :

"la libéralisation du commerce dans l'agriculture est probablement la contribution la plus importante que le système commercial multilatéral peut apporter pour aider les pays en développement, y compris les plus pauvres d'entre eux, à sortir de la pauvreté".

Cette politique - celle de l'O.M.C., mais aussi celle de la F.A.O. a échouée. Il est temps d'en changer.

La F.A.O. fête aujourd'hui ses 60 ans, avec ce résultat : plus de 850 millions d'hommes souffrent encore de la faim. L'échec est flagrant. Le thème retenu par la F.A.O. pour la Journée mondiale de l'alimentation  « Agriculture et dialogue des cultures » , n'est pas à la hauteur des enjeux. Il n'est pas inintéressant, mais il n'est pas à la hauteur des enjeux. J'aurais souhaité plus de courage politique.

J'aurais aimé que le directeur de la F.A.O. nous dise : "Nous avons cru que la libéralisation des échanges - y compris dans " l'agroalimentaire" allait faire reculer la faim dans le monde. Reconnaissons que nous nous sommes trompés. Déjà en 1996, les paysans du monde, notamment ceux de Via Campesina nous proposaient une autre voie. Essayons-la !"

Que proposent les paysans - qui sont quand même ceux qui par leur travail produisent la nourriture dont les hommes ont besoin ? ! Ils nous disent qu'une autre politique est possible. Celle que réclament le mouvement paysan mondial "Via Campesina et le Réseau des Organisations Paysannes des Producteurs Agricoles de l'Afrique de l'Ouest (ROPPA) :
" Les agriculteurs de Via Campesina et du ROPPA réaffirment le droit pour les pays (ou groupes de pays) du Sud et du Nord de protéger leur agriculture et leur marché afin de rémunérer équitablement le travail et les produits des exploitations familiales agricoles ".

Reconnaissons que pour les produits agroalimentaires le libéralisme ne marche pas. Essayons autre chose. Écoutons la voix des paysans. Faisons entrer, de droit, les organisations paysannes à la FAO. Celle-ci  n'en sera que plus performante.

Maurice Oudet
Le 16 octobre 2005
Journée mondiale de l'alimentation

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