Le riz va-t-il disparaître ?
Une denrée rare et chère ; ainsi se comporte le riz sur le marché local. Les causes de ce phénomène sont plus ou moins connues. Malgré les récentes mesures de suspension des droits de douane, une période d'incertitude s'ouvre pour les consommateurs burkinabè.
Consommer du "malo" (le riz en dioula) deviendra-t-il un luxe pour le Burkinabè moyen ? La question mérite bien d'être posée. Sur le marché mondial, les pays les plus grands producteurs de riz ont diminué les quantités à exporter pour satisfaire d'abord les fortes demandes intérieures. L'importation est soumise à des frais de plus en plus élevés, ce qui renchérit forcement les prix. C'est ce qui a rendu caduque la mesure de suspension des droits de douane sur le riz et qui avait fait baisser le sac de 50 kg autour de 13 000 F CFA.
"Aujourd'hui, le riz manque chez les grossistes qui disent avoir des problèmes d'approvisionnement", assure Moussa Bebamba des Etablissements Silga et frères situés sur l'Avenue Babangida. "Ce problème nous inquiète vraiment" poursuit-il. A l'entendre, acheter du riz devient comme un chemin de croix, quand ce n'est pas l'offre qui est insuffisante pour tous les commerçants, c'est la céréale elle-même que l'on ne peut pas avoir. Quand nous avons demandé les prix en cette matinée du 9 avril dernier, le jeune Moussa n'a pas voulu nous piper un mot.
Et son collègue de lui venir en aide : "Revenez ce soir. Nous attendons une commande et c'est possible qu'il y ait des changements". Nous insistons pour avoir des précisions. Quand Moussa Bebamba se décide, il indique d'abord que certaines qualités de riz ont disparu. A leur niveau, ils ont du super éléphant qui coûte 15 000 F CFA le sac de 50 kg et le riz chinois à 13 500 FCFA. Quant au riz brisure, il est vendu à 14 750 F CFA le sac de 50 kg. Les établissements Silga et frères ont choisi de vendre à côté du riz de Bagré qui se négocie à 7 500 FCFA le sac de 25kg. Sur place, nous avons d'ailleurs vu une dame se présenter pour en acheter. Non loin de là, à l'alimentation La Source, la stratégie est bien différente. "Nous avons choisi de vendre seulement du riz brisure" soutient Mahamoudou Saré. "Mais compte tenu de l'offre qui est faible, nous vendons par kilo" poursuit-il.
L'alimentation La Source vend également du riz parfumé dans des emballages de 5 kg pour un prix de 2 700 F CFA. Mahamoudou Saré avoue qu'il est difficile d'avoir du riz sur le marché. Cela fait des années qu'il fait le commerce mais il n'a jamais vu une telle situation. C'est aussi le constat de M. Kaboré qui tient une petite boutique au secteur 30. C'est la première fois qu'il ne dispose pas de riz pour les clients. "J'aime souvent acheter quelques sacs pour vendre en kilos. Mais, actuellement, quand ton stock s'épuise, c'est difficile de s'en procurer", se plaint-il. Pour lui, c'est important que les clients soient informés de la situation parce que "on ne sait pas ce qui va venir demain". Pour le moment, le consommateur burkinabè a encore des portes de sortie. Dans quel sens la situation va-t-elle évoluer dans un mois, 2 mois, surtout qu'il n'y a pas d'embellie au plan international ?
Par Dayang-né-wendé P. SILGA
Le Pays du 16 avril 2008
Dans un prochain abc Burkina, une analyse de quelques prises de position face « à la vie chère », et quelques propositions pour que le riz ne disparaîsse pas, bien au contraire !
Le 18 avril 2008
Maurice Oudet Oudet
Président du SEDELAN