Le Burkina va-t-il transformer son or en énergie solaire ?
Il y a quelques mois, j'ai eu l'occasion de traverser l'Allemagne. J'ai été frappé de voir de nombreux toits couverts de panneaux solaires, alors que je le soleil se montrait très peu dans la journée. Je me disais : « et nous, au Burkina, nous avons le soleil, mais pas les panneaux, et donc pas l'énergie solaire ! » Et je me demandais : « que faudrait-il pour que le Burkina devienne une puissance énergétique grâce à « son » soleil ? »
Et voilà, qu'il y a quelques jours, je suis tombé sur cet article de « Afrique avenir ».
« La Société d’exploitation minière d’Afrique de l’Ouest (SEMAFO) envisage, en partenariat avec la BAD, la BOAD et la SFI, de construire pour un coût de 60 milliards de FCFA une centrale solaire de 20 mégawatts destinée à la production d’électricité au Burkina Faso.
Le projet date de l’année dernière quand le gouvernement burkinabé contacta la SEMAFO e vue de se doter d’une centrale solaire pour faire face à ses besoins énergétiques dans un contexte de crise énergétique mondiale.
« La réalisation dudit projet renforcera le leadership de notre pays dans un contexte international favorable aux projets en conformité avec les objectifs de Kyoto et les exigences d’un développement durable », a justifié le gouvernement.
« Cet engagement fait partie du programme d’engagement de SEMAFO qui vise à accroître sa présence auprès du gouvernement du Burkina Faso en
l’accompagnant dans ses efforts louables de développement socio-économique du pays. Cet important partenariat vise à augmenter lacapacité nationale de production d’électricité afin d’assurer un approvisionnement adéquat et à moindre coût », a pour sa part indiqué le Directeur général de SEMAFO, Élie Justin Ouédraogo.
La mine de Bana, qui représente environ 65% des activités de SEMAFO, est actuellement alimentée grâce à une petite centrale diesel de 10 MW.
La centrale solaire projetée aura une puissance de 20 mégawatts. Cela représente grosso modo 10% de la capacité de production actuelle du Burkina Faso.
L'électricité produite appartiendra à la société nationale d'électricité (SONABEL), mais SEMAFO s'engage à lui racheter 16 mégawatts. La mine de Mana se trouvera ainsi reliée au système électrique national, mais conservera en réserve son système d'alimentation au diesel.
Le projet de centrale prendra la forme d'un partenariat public-privé où SEMAFO détient une participation de 51%, contre 49% pour l'État burkinabé.
Si les résultats sont concluants, le partenariat pourrait même aboutir à la construction d'autres centrales solaires dans le pays. Le taux d'électrification est seulement de 15% au Burkina Faso, obligé d’importer 18% de l'énergie qu’il consomme. » (fin de l'article).
Depuis cette décision, les revenus de l'or ont encore augmenté considérablement. Si les résultats sont concluants, il est clair qu'il serait tout à fait judicieux d'investir massivement dans des centrales solaires. Pourquoi ne pas épargner dès maintenant une partie des recettes de l'or, pour être prêt à investir dans de nouvelles centrales dès que la centre solaire de Manga aura fait ses preuves. Si les recettes de l'or en 2012 sont bien de 600 milliards comme espéré, pourquoi ne pas prévoir une nouvelle centrale de 60 mégawatts, cette fois.
L'or du Burkina n'est pas inépuisable. Mais il est permis de rêver et d'espérer que pendant les 10 prochaines années, les recettes en or du Burkina permettront d'investir des sommes conséquentes dans l'énergie solaire. En investissant pendant 10 ans au niveau de 60 mégawatts, le Burkina pourrait multiplier par 4 sa production d'énergie électrique. Il pourrait vendre une partie de son énergie au Ghana et en Côte d'Ivoire dans la journée. La nuit et les jours sans soleil, il disposerait de ses capacités actuelles (environ 200 mégawatts). Si cela ne suffisait pas, il pourrait importer de l'énergie électrique de ses voisins, durant ces périodes où il serait déficitaire.
Si nous continuons à rêver, on peut espérer que dans 10 à 20 ans, les véhicules électriques (vélos, scooters, voitures, camions...) auront fait des progrès majeurs quant aux coûts et à l'autonomie, et que le Burkina abandonne alors les véhicules « au revoir la France » pour des véhicules tout électrique ou hybrides.
Oui, un autre Burkina est possible !
Koudougou, le 2 septembre 2011
Maurice Oudet
Président du SEDELAN