La nouvelle loi agricole des Etats-Unis prévoit
d'augmenter les aides publiques aux producteurs de 70 % !
Cette information provient des Echos, du 29 avril 2002 ( www.lesechos.fr )
Etats-Unis : la nouvelle loi agricole accroîtrait les subventions de 70%.
Les Etats-Unis ont pratiquement ficelé leur nouvelle loi agricole, qui accroîtrait les aides publiques aux producteurs de 70%
Attendu par toutes les puissances mondiales agricoles mais aussi par les pays émergents ou en voie de développement en raison de l'impact des exportations américaines sur les marchés mondiaux, le «farm bill» américain représenterait un coût de 175 milliards de dollars sur dix ans, soit une augmentation de 73,5 milliards de dollars par rapport à la précédente loi agricole. Le Sénat et la chambre des représentants se sont entendus sur une version commune vendredi dernier, dont la Cour des comptes doit faire un chiffrage détaillé cette semaine. Le texte sera ensuite soumis à la signature du président américain George W.Bush, qui avait jugé les dépenses envisagées tout à fait inacceptables. Cela étant, et à ce stade, les experts doutent que la Maison blanche remette en cause la nouvelle loi agricole.
Pour extraordinairement dépensière qu'elle soit, elle n'en est pas moins une machine à conquérir les marchés mondiaux, qu'elle promet de bouleverser, les farmers américains ayant la garantie d'un revenu sans obligation de maîtriser la production. «C'est un blanc-seing pour produire. Plus on produit, plus on perçoit», affirme affirme Ralph Ichter, consultant à Washington.
On peut s'attendre dans ces conditions à une très forte tension sur les prix internationaux, voire un effondrement. L'arme privilégiée des Etats-Unis demeure le marketing-loan dans la future loi agricole. Particulièrement décriée par les pays concurrents, parce que perturbant le jeu de l'offre et de la demande, le marketing-loan se déclenche automatiquement lorsque les prix de marché tombent en-dessous du niveau des prix de soutien. Il permet aux Etats-Unis de vendre leurs produits agricoles à très bas prix sans que les producteurs y perdent. Soumis à des disciplines moins contraignantes que les restitutions européennes, les marketing loans sont avec les garanties de crédit et l'aide alimentaire, un des instruments les plus importants de la politique américaine. C'est ce qui a conduit l'Australie, traditionnellement hostile aux aides publiques agricoles et partisane de la loi du marché, à envisager de porter plainte auprès de l'OMC (Organisation mondiale du marché).Canberra redoute tout particulièrement l'impact des subventions américaines sur les marchés des grandes cultures (blé, sucre et coton). Et n'exclut pas à titre de rétorsion de taxer les produits américains à l'entrée sur le territoire australien.
Marie-Josée Cougard