Feuille de route proposée par Monsieur TRAORE François
Mars 2005.
Ce qui se passe
Permettez-moi d’apporter ma modeste contribution au débat. Ce que je trouve actuellement intéressant, c’est que le développement économique de l’Afrique, ou du moins sa grande pauvreté, s’invite et s’installe de plus en plus au cœur des préoccupations des grands leaders des pays développés. Par exemple, pour ne citer que ceux qui sont en vue :
le Président de la France est depuis deux ans l’auteur d’une formidable proposition d’un prélèvement sur des titres de voyage et le kérosène en vue de constituer un fonds de développement sur certains sujets africains.
Le Premier Ministre espagnol, José Luis ZAPATERO, lors de sa dernière campagne qui a vu son élection à la tête de l’Espagne, a formulé d’intéressantes suggestions sur la lutte contre la pauvreté.
Le Premier Ministre britannique, Tony Blaire, Président en exercice du prochain sommet du G8, est à la tête d’une croisade pour la suppression totale des dettes des pays les plus pauvres du continent africain, croisade inscrite dans l’ordre du jour du futur sommet : son ministre de l’économie vient d’achever une tournée d’explication dans ce sens dans les principaux pays africains.
Le Président américain, auréolé par son dernier succès électoral, vient de proposer à la tête de la banque mondiale Monsieur Paul Wolfovich, cité comme étant le stratège de l’intervention militaire actuelle des Etats-Unis en Irak, donc le meilleur général choisi pour faire la guerre à la pauvreté. Ce dernier vient d’ailleurs de rassurer de nombreux partenaires de pays Africains de sa préoccupation pour les questions de pauvreté.
Ce qui m’ intéresse :
Que la France abandonne les grandes conférences de luxe des châteaux feutrés pour prendre des décisions concrètes en matière de réduction du coût de l’énergie, seule capable de permettre aux pays les moins avancés de transformer leurs produits localement, d’avoir des avantages comparatifs.
Que le Premier Ministre espagnol mette l’agriculture des pays les moins avancés au centre des préoccupations de l’Union Européenne pour pouvoir bien influencer l’OMC conformément aux engagements pris à Doha (Quatar). Pour moi, c’est ce qui donnera à l’OMC sa dimension d’outil de développement communautaire, de lutte contre la pauvreté et de lutte contre les distorsions des règles commerciales.
Que le Premier Ministre Tony Blaire soit un des premiers grands dirigeants des pays développés, sinon le premier, qui fasse au moins ce qu’il a dit. La suppression totale des dettes est une bonne initiative : elle pourra épargner et mettre les pays africains à l’abri de la surenchère des institutions financières et des donateurs, mais seuls des soutiens en direction du milieu rural, notamment l’agriculture et les équipements agricoles, l’appui à la recherche et à l’innovation technologique, l’organisation des acteurs du milieu rural, seront capables et en mesure de réduire la pauvreté.
Que le meilleur stratège de la guerre américano irakienne soit le meilleur général de la lutte contre la pauvreté en Afrique. Que son souci se porte particulièrement sur des caterpilars et bulldozers, véritables outils de développement des infrastructures routières et d’aménagements hydro agricole, plutôt que sur des chars de combat.
Que l’Union Africaine mette au centre de ses problématiques le thème relatif à l’inégalité entre les villes et les campagnes. En effet, la nécessité d’une modernisation des villes et des cités urbaines en Afrique, qui se trouve à être aussi une politique d’amélioration des conditions de vie, semble passer au détriment de la modernisation des exploitations familiales en milieu rural. Nous assistons à une expatriation massive des jeunes vers les villes qui dépossède du même coup le milieu rural de sa force de travail et de ses bâtisseurs. A mon entendement, l’Union africaine se renforcera si elle lutte contre les inégalités, gage d’instauration de la paix sur le continent. C’est à ce titre que je salue l’audace et la décision courageuse du Président ALPHA KONARE, lors des évènements politiques du Togo, qui ont contribué à renforcer la paix dans ce pays.
Que les leaders paysans ne soient pas des séminaristes du développement où ces séminaires se révèlent souvent des rencontres non liées à la profession agricole.
Que les organisations paysannes, pour mieux profiter de l’ensemble de ces politiques, s’adaptent en s’organisant davantage à travers de véritables politiques paysannes qui pourront les rendre aptes à la production et à la transformation. Une telle démarche a le double bénéfice de profiter des avantages de ces initiatives internationales, de revaloriser le revenu de nos familles, de nos exploitations. La stabilité de la famille passe par là.