L’arrogance et l’intransigeance de l’Union Européenne poussent les négociateurs africains à rejeter tout APE !


La semaine du lundi 7 juin au vendredi 11 juin 2010, s’est tenue à Ouagadougou une session de négociations sur l’Accord de Partenariat Economique (APE) entre l’Union Européenne et l’Afrique de l’Ouest. Le vendredi soir un point de presse a été organisé par quelques organisations de la société civile burkinabè et le Dr Cheikh Tidiane Dieye, sénégalais qui représente la société civile au sein des négociateurs africains. Voici donc l’état d’avancement des négociations.

 

Les paysans du Burkina au cours d'une manifestation à Ouaga.En juin 2007, à Ouagadougou !En réalité, rien ne bouge. Les négociations sont figées. L’Union Européenne qui a toujours dit qu’elle n’avait pas d’intérêts offensifs à défendre, ne fait preuve d’aucune souplesse. Elle maintient des exigences inacceptables.

Par exemple sur la libéralisation des échanges entre l’Union Européenne et l’Afrique de l’Ouest (principale objectif des APE qui sont, en fait, des Accords de Libres Echanges mal-nommés) : L’Afrique de l’Ouest est déjà allée bien loin. Il y a longtemps qu’elle a abandonnée le taux de 50 % proposé par la société civile. En novembre 2009, les négociateurs africains, à Abidjan, proposaient un taux de 66,4 %. Et voilà que contre toute attente, en mai 2010, l’Afrique de l’Ouest a proposé d’ouvrir 70 % de son marché à l’Europe. En dépit des récriminations de la société civile et des préoccupations exprimées par de nombreux Etats de la région, cette semaine les négociateurs ont maintenu cette offre de 70 % !

Mais l’Union Européenne veut toujours plus et ses négociateurs ont informés, ici même à Ouagadougou, qu’ils maintiennent leurs exigences à 80 %. « Cette demande n’est pas seulement agressive. Elle est indécente et choque tous ceux qui sont conscients de l’état actuel de l’économie régionale ouest africaine et soucieux de son avenir. D’autant plus que l’Europe demande que cette libéralisation se fasse sur 15 ans, alors que l’Afrique de l’Ouest a toujours proposé de le faire en 25 ans. » (document de la société civile distribué avant la conférence de presse).

Pas d'APE sans souveraineté alimentaire !Oui, protégeons notre agriculture et l'intégration régionale !« Les négociateurs européens demandent à l’Afrique de l’Ouest d’accepter, dans un accord commercial bilatéral, d’introduire une clause qui exposerait les Etats à des sanctions économiques pour des fautes politiques présumées commises par leurs dirigeants (« Clause de non exécution » - clause rejetée). Ils demandent aussi à la région de supprimer les prélèvements communautaires destinés à financer l’UEMOA et la CEDEAO. Ces maigres ressources sont les seules qui supportent aujourd’hui toute l’intégration régionale. Aucune règle internationale, fut-elle l’organisation mondiale du commerce, ne saurait nous imposer de renoncer au financement souverain de l’intégration pour se contenter de tendre la main à l’Europe. Les citoyens de l’Afrique de l’Ouest rejettent d’avance une telle éventualité. » (Document cité ci-dessus).

D’autres divergences sont apparues, notamment sur l’origine et le montant des ressources du « programme de l’APE pour le développement ».

Comment réagir en accueillant ses informations ?

Personnellement, il me semble qu’il s’agit de bonnes nouvelles !

L’arrogance et l’intransigeance de l’Union Européenne est en train d’ouvrir les yeux de nos dirigeants. L’Europe, comme les autres, n’a pas d’amis, mais des intérêts à défendre. En Afrique, elle espérait, grâce à ses accords, barrer la route à la Chine, à l’Inde et au Brésil. L’Afrique de l’Ouest n’est pas prête, elle non plus, à brader ses intérêts.

Oui, enfin une bonne nouvelle du côté des APE !

L’arrogance et l’intransigeance de l’Union Européenne poussent les négociateurs africains à rejeter tout APE !

Koudougou, le 12 juin 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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