La soja, c’est bon pour le veau,
c’est bon pour sa mère, c’est bon pour nos laiteries !


Dès le mois de Février, jusqu’au mois de Mai, les laiteries de l’Union Nationale des Mini Laiteries ont du mal à s’approvisionner en lait. Suite à la formation donnée par M. Georges Cothenet, docteur vétérinaire, nous avons publié deux abc Burkina (n° 375 et n° 376) qui donnent des pistes pour améliorer l’alimentation des vaches laitières. Mais, tenant compte qu’au Burkina, la vache est traite «après le veau», c'est-à-dire quand le veau a eu sa part en tétant sa mère, il nous a indiqué une recette qui permet au veau de se passer en tout ou en partie du lait de sa mère. Et donc d’avoir plus de lait pour la laiterie !

M. Modeste prépare la bouillie de soja
L’objectif est d’habituer le veau, le plus rapidement possible, à consommer autre chose que le lait de sa mère et ainsi à un sevrage total au plus tard à l’âge de 3 mois, afin qu’il laisse plus de lait pour la vente.

Pour cela après avoir laissé le veau boire le colostrum (lait de la 1ère semaine riche en anticorps permettant de développer une certaine protection contre les maladies infectieuses), dès l’âge de 15 jours, on peut lui proposer un succédané à base de graines de soja qui devront cette fois-ci être cuites dans l’eau chaude: 

Il s’agit donc d’une bouillie de soja.

Voici comment préparer cette bouillie.

Modeste Ouédraogo et Maurice Oudet en conversation !
Vous prenez 8 à 10 litres d’eau. Vous chauffez l’eau. Quand l’eau est bouillante, vous versez, tout en remuant, 2 kg de farine de graines de soja crues. Vous laissez bouillir quelques minutes, toujours en remuant. Ensuite, laissez refroidir en ajoutant 100 grammes de sucre en poudre. Après refroidissement, ajouter 20 à 30 grammes d’un complexe poly-vitaminé (par exemple, disponible en pharmacie vétérinaire, du BIACALCIUM).

Dès que le veau consomme correctement la bouillie de soja, on peut réduire son temps de tétée du lait de la mère et parallèlement, le laisser manger quelques aliments solides : herbe fraîche peu fibreuse, une poignée d’aliment complémentaire ou de foin de bonne qualité.

Tous les participants à cette formation ont été très intéressés par cette bouillie de soja. M. Modeste Ouédraogo, lui, n’a pas attendu pour l’expérimenter.

  • 5 veaux de 4 mois (en âge d’être sevré) qui reçoivent par repas (le matin et le soir) un litre de cette bouillie en remplacement d’un litre de lait
  • 2 veaux de 2,5 mois auxquels il donne, par repas, 1,5 litre de cette bouillie en remplacement d’1,5 litre de lait
  • 1 veau de 45 jours qui reçoit 2 litres de bouillie de soja par repas à la place de deux litres de lait.



Les 3 premiers jours, il faut donner la bouillie à boire avec un bidon ou une bouteille.Ainsi M. Modeste prépare 10 litres de bouillie de soja le matin et 10 litres le soir. Et, chaque jour, il commercialise 20 litres de lait supplémentaires. Comme il a calculé qu’un litre de cette bouillie lui revient (tout compris) à environ 95 F et qu’il vend son lait sur Ouagadougou à 350 F, son bénéfice, chaque jour, est d'environ  5 000 F. Et donc par mois, de 150 000 F. Il est très satisfait, et encourage les autres éleveurs à faire de même.Dès le quatrième jour les veaux se précipitent pour être le premier à boire.

Pour cela, il partage son expérience en signalant que les premiers jours, les veaux ont refusé de boire cette bouillie. Il a du les prendre un par un avec un bidon (une bouteille en plastique) pour les faire boire. Et cela pendant 3 jours. Mais dès le quatrième jour, les veaux sont habitués à ce nouveau repas et ils boivent sans difficulté. Je peux même dire, que lorsque nous sommes allés voir M. Modeste dans sa ferme, le mardi 1er juin, les veaux se bousculaient pour être les premiers à boire. M. Modeste qui a décrit son expérience sur un document de 3 pages conclue :

« Bien que l’expérience ne dépasse pas trois semaines nous pouvons dire que la bouillie de soja est une alternative, non seulement pour améliorer les revenus des producteurs, mais aussi pour accroître l’approvisionnement en lait de nos unités de transformations (nos laiteries). Vivement que les producteurs laitiers adoptent le soja dans l’alimentation des vaches ainsi que celles des veaux. N’est-ce pas là une alternative à la spéculation du tourteau de coton pour les éleveurs et une diversification pour les agriculteurs ? »

Koudougou, le 6 juin 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN
Photos : Pawel Hulecki (stagiaire)

FaLang translation system by Faboba