L’énergie solaire au secours des mini laiteries.

Il y a quelques temps, j’ai rendu visite à la laiterie de Kofila (à 3 km de Léna). Les femmes de la laiterie m’ont offert un sachet de yaourt. Le yaourt était très bon, mais le sachet ne comportait aucune étiquette. Leur batterie était déchargée, et leur convertisseur était en panne. Et donc, leur machine à souder les sachets ne pouvait pas fonctionner. Il a été décidé de se tourner vers le solaire.

La présidente branche la nouvelle plaque solaire qui doit recharger la batterie de la laiterieLes femmes de la laiterie viennent admirer la plaque §C’est ainsi que le lundi 15 février 2010, je suis retourné à la laiterie avec une plaque solaire et un convertisseur un peu plus puissant. Les femmes ne devraient plus avoir de difficultés à recharger leur batterie et à faire fonctionner leur machine à souder les sachets.

Curieusement, en rentrant, dans le quotidien burkinabè Sidwaya (n° 6611), je tombe sur l’article intitulé : « Électrification rurale : Court-circuit en rase campagne ». Cet article décrit les nombreux déboires des populations qui ont profité du Fonds de Développement de l’Electrification (FDE). Ce Fonds devait permettre à de nombreuses communes rurales de profiter des bienfaits de l’électrification. Aujourd’hui, les espoirs sont déçus :

« Les populations de ces zones électrifiées ont vite déchanté devant la défaillance des entreprises adjudicataires, des travaux mal exécutés, des groupes électrogènes grincheux, des coopératives d’électricité (COOPEL) à bout de souffle, des installations anarchiques, des coûts de kilowattheure (Kwh) relativement exorbitants et une alimentation discontinue... »

« Dans certaines localités, la lumière du FDE s’est interrompue, sans aucune explication, voilà bientôt un an. Dans d’autres, la défectuosité des installations (des poteaux et des lignes électriques à ras-du-sol) n’a pas permis un éclairage conséquent. L’opération « Lumière pour tous », dotée de dizaines de milliards F CFA, tourne ses abonnés au ridicule.

L’éphémère éclairée et toujours nocturne, Boussé, à 50 km de la capitale, a déjà avalé plus de cinq cents (500) millions F CFA sans la moindre clarté permanente des nuits et des activités de ses habitants. Les fils électriques implantés à la hâte et au mépris des règles sont des guets-apens. Voilà un autre terreau du gangstérisme entrepreneurial à col blanc à l’image du domaine des Bâtiments et travaux publics (BTP). » (Sidwaya du 15/02/2010)

Le programme d’électrification des zones rurales du Burkina est un ambitieux programme de près de 158 milliards de FCFA. Au vu des premiers résultats, on peu se demander s’il faut mettre tous les œufs dans le même panier. En installant ainsi des groupes électrogènes dans chaque localité, c’est la facture et la dépendance énergétique qui s’accroît. Pourquoi ne pas se tourner également vers le solaire ?

Dessin de M. Damien Glez pour MédiapartJeune fille de Kofila partant livrer des yaourts à LénaEn consacrant 30 milliards, soit à peine 20% de ce fonds, on pourrait booster le développement de l’énergie solaire au Burkina. Il s’agirait moins de faire les choix à la place des populations que de rendre le prix du solaire plus abordable. Et aussi de proposer différents types d’installations solaires. Et de mettre en place un vaste programme de sensibilisation à l’utilisation de l’énergie solaire.

Il y a des gestes simples qui, s’ils sont généralisés, peuvent permettre d’économiser beaucoup de bois. Pourquoi, dans chaque cour des villages du Burkina, ne trouvent-on pas quelques seaux noirs avec un couvercle en plastique transparent ?

Il n’y aurait plus besoin de chauffer l’eau pour la douche !

Quant à nous, ce premier pas en faveur du solaire, que nous avons fait à la laiterie de Kofila, nous invite à aller plus loin. Nous allons tester les frigos solaires. Si l’expérience est concluante, cela veut dire qu’il sera possible de démultiplier les mini laiteries : les frais de fonctionnement étant très faibles, une toute petite laiterie (transformant quelques dizaines de litres de lait par jour) sera viable économiquement. Reste à trouver le modèle de frigo le plus adapté à ce projet.

Koudougou, le 20 février 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

Merci à M. Damien Glez et à Médiapart qui nous ont autorisé à utiliser leur dessin pour illustrer cette lettre. Ici, avec la chaleur qui avance à grands pas, nous apprécions tout particulièrement ce dessin. N'oubliez pas de cliquer sur le dessin ou les photos pour les agrandir !

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