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Les producteurs de riz au Burkina :

"dites leur d'arrêter d'importer du riz de l'extérieur !"

Au Burkina, il devient de plus en plus difficile de trouver du riz produit dans le pays.

A Koudougou, Ouaga, on compte sur les doigts de la main les commerçants qui ont du riz local.

Le riz est le deuxième aliment de base ici.

Le pays pourrait produire du riz en quantité suffisante pour nourrir sa population.

Nous avons visité les rizières : Bagré, Bama…deux récoltes par année dans ces rizières irriguées. A Bagré, la surface rizicole est en extension « pour parvenir à l’autosuffisance alimentaire dans le pays ».

Mais voilà… on ne retrouve pas ce riz sur les marchés. Commercialisé par la SOPROFA (société pour la promotion des filières agricoles), filiale du groupe l’Aiglon, on ne sait pas où ce riz s’en va… Nous nous sommes rendus à la SOPROFA, où on ne nous a pas donné certaines informations, comme la quantité de riz commercialisé par leurs soins. Selon certaines rumeurs, ce riz du Burkina part dans les pays voisins où il trouve un marché plus intéressant…

Et surtout, le marché est inondé de riz importé en tout genre, du riz américain « super warriors », au riz chinois, thaïlandais, indien, et ce fameux « riz soleil », dont on ignore la provenance, mais que l’on trouve partout. Des doutes peuvent être émis quant à la qualité de toutes ces sortes de riz importé, souvent des brisures de dernière qualité, des surplus de production qui peuvent être âgés de plus de cinq ans… On peut aussi se demander ce qu’ils comportent de produits de conditionnement.

Tout ce riz importé, qui rentre dans le pays sans taxes significatives, est bien sûr vendu à des prix défiant toute concurrence… Mis à part quelques gourmets qui restent fidèles au riz burkinabé, l’ensemble de la population délaisse le riz local, pour le riz qui vient de l’extérieur. Le riz local est dénigré, devenu « moins intéressant ». Même à Bagré, où on trouve 1800 hectares de rizières, les gens mangent du riz thaïlandais !

Le Burkina, l’année dernière, a dépensé environ 25 milliards de francs CFA pour ses importations de riz. Il semble que dans d’autres pays, la situation est pire…Le Sénégal est lui aussi soumis au diktat « intolérable » du riz importé. Son Président , Abdoulaye Wade affirme que  «  si rien n’est fait, le riz importé risque de virer au poison pour l’économie du pays ». En effet, ils importent chez eux chaque année 600 000 tonnes de riz, ce qui représente 90 milliards de francs CFA…Le marché du riz au Sénégal est dominé par le riz importé, qui assure les 4 /5 des besoins du pays. 95% de ce riz sont des brisures, en provenance d’Asie (sans avoir fait d’étude approfondie sur la question, nous observons cela aussi sur les marchés, ici au Burkina). Au Sénégal, la majorité de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, et une bonne partie des dépenses alimentaires est engloutie chaque année dans l’achat du riz (58 kg par personne).

Retournons au Burkina, à Bama, où un ancien d’une coopérative nous a transmis un message pour le gouvernement : « dites leur, s’il vous plaît, d’arrêter les importations ! »On ne peut qu’espérer que son cri soit entendu, et qu’ainsi le pays bénéficie de son droit à la souveraineté alimentaire.

En effet, ne serait-ce pas un gain énorme pour le pays si l’État freinait les importations, en protégeant le riz par des taxes à l’importation ? En imitant par exemple son voisin le Nigéria qui taxe le riz à 100% ? Cela stimulerait la production locale, encouragerait les paysans à cultiver le riz dans des conditions décentes… Car actuellement, pour les cultivateurs de riz, il faut tenir, rester concurrentiels. Les prix baissent, et ils rencontrent de plus en plus de difficultés.

Koudougou le 16 mai 2003
Claire Davienne
Stagiaire au SEDELAN

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