Dans un précédent bulletin nous vous avons signalé combien les produits locaux subissent la concurrence des produits importés, dont la promotion est faite, le plus souvent, par des sociétés multinationales qui disposent d'importants moyens financiers. Ces sociétés n'ont pas peur d'investir le domaine culturel et religieux pour mieux vendre leurs produits. En voici un exemple.
« Jésus, tu es le cube maggi de ma vie » : paroles d’une chanson que l’on peut entendre sur les ondes au Burkina…
« Maggi, le secret de la bonne cuisine » peut-on lire partout autour de nous ici, sur des affiches, des tee-shirts, des murs repeints à l’effigie de la marque…
Mais quel est donc le secret de maggi ?
Le secret de maggi (marque de la multinationale suisse Nestlé) et son succès ne se trouvent certainement pas dans sa composition : du glutamate de sodium (exhausteur de goût industriel, toxique à haute dose), beaucoup de sel (mauvais pour la tension), quelques arômes, et enfin, paraît-il, des déchets d’abattoirs…
Non ! Maggi doit plutôt le secret de sa réussite à un matraquage publicitaire quasi incessant…
Partout, sous toutes les formes, la marque nous est imposée, par spots télévisés ou slogans radiodiffusés. Ces petits cubes se sont imposés dans la cuisine traditionnelle et sont devenus « indispensables » pour préparer une bonne sauce, pour la majorité des ménagères au Burkina.
Ce sont les condiments traditionnels tels que le sumbala, qui, bien que résistants, perdent du terrain (en sachant que la préparation du sumbala est une activité génératrice de revenus pour les femmes).
En novembre dernier, durant le ramadan, on pouvait lire sur de grands panneaux, à Koudougou et ailleurs : « Maggi et vous, pour un bon ramadan » (voir photo).
Sur cette affiche, maggi s’impose au milieu des personnages comme la lumière du monde, la lumière révélant le transcendant.
On atteint ici le domaine du religieux, du sacré.
On assigne au cube maggi une dimension quasi divine, religieuse.
Le cube maggi est sublimé, il est présenté comme réponse à une quête d’absolu : la marque est même élevée selon le code gestuel de la liturgie !!!
Qui sont les nouveaux Dieux que l’on nous propose d’adorer ?
Claire Davienne Ancienne stagiaire du SEDELAN Lyon, le 25 février 2004
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