Les ruines de Loropéni, dans le sud-ouest du Burkina Faso, sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco.
En ce mois d'août, les paysans burkinabè sont au travail. Nous continuons à les accompagner. Mais nous savons aussi que beaucoup de nos correspondants sont en congé. Aussi, nous vous proposons une visite des ruines de Loropéni, récemment inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco.
A deux ou trois km de Loropéni (à 40 km de Gaoua sur la route de Banfora), si vous êtes attentifs, un panneau vous invite à quitter la route pour vous enfoncer dans une magnifique forêt. Et bientôt vous apercevrez une muraille construite en pierres de latérite liées avec un mortier en argile gravillonneuse. Vous êtes au pied des ruines de ce qui était autrefois une forteresse. Sa taille est impressionnante : elle est haute d'environ 6 m, et presque carrée, avec des murs de 105 à 106 m de longueur.
Les ruines de Loropéni sont donc constituées de murs de moellons latéritiques et de blocs de pierres sauvages de près de six mètres de haut, ceinturant un grand établissement abandonné. Selon une datation récente, elles remontent au XIe siècle et ont connu une période florissante entre les XIVe et XVIIe siècles.
Bien sûr, les brèches ne manquent pas, mais c'est l'occasion de faire une belle photo (que vous pouvez agrandir comme les autres photos). A l'intérieur, la végétation a pris le dessus. C'est en datant au carbone 14 un arbre mort bien conservé que l'on a pu affirmer que cette cité-forteresse a été abandonnée au XVIIe sciècle.
Les récentes conclusions des chercheurs ont levé un coin du voile sur les secrets de ces forteresses, identifiées en 1912 par le français Henri Labouret. Et contrairement à cet administrateur colonial qui faisait des peuples Lobi, les bâtisseurs de ces forteresses, l’équipe du Pr Kiéthéga, les attribue plutôt aux populations Koulango, un peuple aujourd’hui écartelé entre le sud-ouest du Burkina et la région de Bouna au Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire. Celles-ci extrayaient et transformaient l’or dans la région. La dernière occupation du site se situe au XVIIe siècle. Les recherches ont confirmé que depuis très longtemps, des caravanes reliaient cette région aurifère aux villes commerçantes de la Boucle du Niger comme Djenné, Mopti, Tombouctou en passant par Bobo-Dioulasso.
Du reste, l’érection de ces remparts fortifiés est une réponse à l’insécurité engendrée par l’exploitation aurifère. En effet, expliquent les chercheurs, Loropéni est un système de défense conçu par ceux qui y vivaient pour se protéger d’éventuels assaillants. Mais aussi des lions et des buffles, qui autrefois étaient une véritable menace (n’oublions pas que Loropéni veut dire la cité des buffles en langue Loron).
A quelques endroits, le mur est tombé. Il est érodé par la pluie. Aussi, de grands arbres ont poussé à ses angles et menacent de détruire la forteresse. Les ruines méritent d'être inscrites sur le patrimoine culturel mondial mais également d'être protégées contre les intempéries, l'action de l'homme et des animaux.
Il faudra aussi protéger les enfants des touristes. Ces derniers, comme nous en avons été témoins lors de notre récente visite, se croient obligés d'offrir des bonbons ou divers cadeaux aux enfants qui accourent déjà. Si on ne prend pas les devants, les enfants de Loropéni quitteront l’école pour mendier autour des ruines (c’est déjà fait pour l’un ou l’autre !). Le « cadeau » que constituent ces ruinent risque de se transformer en cadeau empoisonné. Pourquoi ne pas créer une association pour la promotion de l'éducation des enfants de Loropéni (capables d'offrir des bourses d'études...)? En même temps qu'on interdirait aux touristes de faire des cadeaux aux enfants, on les inviterait à verser 500 F pour soutenir l'éducation des enfants à travers cette association.
Félicitations à notre guide Alexis Diourbiel pour ses commentaires éclairés et sa passion.
Loropéni, le 13 août 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN