De Bobo-Dioulasso à Cancun |
Le 21 novembre 2001, depuis le bureau du président de l'Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina Faso (UNPCB), Monsieur François Traoré, les producteurs de coton africains lançaient leur " Appel commun des producteurs de coton de l'Afrique de l'Ouest ". Dans cet appel, les producteurs de coton écrivaient : " Nous demandons solennellement aux U.S.A. et à l’U.E. de supprimer leurs subventions aux producteurs de coton. Nous demandons à tous ceux qui veulent construire un monde plus juste et fraternel de se joindre à nous pour faire pression sur les Etats-Unis et l’Union Européenne pour qu’ils suppriment ces subventions. " Aujourd'hui, grâce à l'appui du Réseau-Solidarité, du Réseau Foi et Justice Europe-Afrique (AEFJN), d'Oxfam-Belgique, Oxfam International et ENDA et de beaucoup d'autres que je ne peux nommer ici, nous pouvons dire que cet appel a été entendu. Aujourd'hui, à Cancun, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad demandent que les subventions sur le coton soient éliminées là où elles sont pratiquées (surtout aux USA). Ces subventions menacent directement les pays d’Afrique du Centre et de l’Ouest où la culture du coton représente 80% des recettes d’exportation. Cette demande a pris des proportions très grandes dès l’ouverture de la conférence vu son caractère éminemment symbolique : les quatre pays ne demandent pas de traitement préférentiel ; ils demandent, conformément aux règles de l’OMC, qu’il soit mis fin à des distorsions. C’est ce qu’a relevé le directeur général de l’OMC qui a pris le dossier en charge dans un groupe de travail distinct. Mais ce n'est pas tout. Aujourd'hui, François Traoré a quitté son bureau de Bobo-Dioulasso et ses champs de coton, et il est à Cancun. Là, il a été reçu par le président de la 5° conférence ministérielle de l'O.M.C. En témoigne la dépêche reçu ce matin : Cancun, 12 septembre 2003 Les pétitions des paysans du Burkina remis au Président de la Conférence Le président de l'Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB), François Traoré a rappelé au président de la cinquième conférence ministérielle de l'O.M.C., le ministre méxicain du commerce Carlos Perez de Castillo, l'urgence de trouver une solution au dossier du coton lors de la réunion de Cancun en lui remettant les milliers de pétitions de paysans Burkinabé. '' A travers cette pétition, les producteurs de coton du Burkina Faso ont voulu interpeller très fortement le gouvernement et la communauté internationale'', a déclaré François Traoré devant le ministre mexicain. " Les paysans burkinabé voudraient par ce geste souligner à la fois l'urgente nécessité de trouver une solution à la crise du coton mais aussi exprimer leur confiance en la capacité de l'organisation Mondiale du Commerce à trouver une solution juste et équitable pour sauver le secteur coton du Burkina Faso , tout comme celui de l'Afrique de l'Ouest et du Centre'', a poursuivi Traoré. Près de 100 000 pétitions réunies par des producteurs de coton Burkinabé ont été remis au président de la conférence. Selon François Traoré il lui a fallu du temps pour expliquer à sa femme avec l'aide de son fils pourquoi il quittait son village au moment des travaux champêtres. ''Vous voyez que le coton est une affaire de famille chez nous. Au niveau du village le boom du coton a donné espoir aux jeunes et les a conduit à rester au village plutôt que de s'exiler en ville ou à l'étranger pour chercher du travail'', explique François Traoré. Au Burkina Faso 200 000 ménages d'une dizaine de personnes chacune vivent du coton. Brahima Ouédraogo, depuis Cancun Quand vous lirez ces lignes, vous connaîtrez sans doute les résultats de cette conférence ministérielle de Cancun. De toutes façons la détermination dont font preuves les négociateurs africains, et l'appui presque unanime dont il bénéficie de la communauté internationale (à l'exception des négociateurs américains !) est déjà une victoire. Et aussi la détermination de ces mêmes africains ( tout spécialement le président Wade du Sénégal) de défendre leur agriculture. Mais de cela nous en parlerons dans un prochain bulletin. Maurice Oudet Lyon, le 13 septembre. |