Une année difficile ? Peut-être. Mais bonne quand même !
Nous sommes heureux de vous souhaiter une bonne et heureuse année 2009. Nous le faisons au moment où beaucoup nous annoncent une année difficile ! Mais des années difficiles, nous en avons déjà vécues ! Pour les paysans burkinabè, depuis longtemps, les années sont difficiles. 2009 ne sera pas facile. Pourtant, tout espoir n’est pas perdu.
Que sera cette année pour cette jeune maman qui regarde avec amour son enfant ?
Et surtout, quel avenir peut-elle espérer pour son enfant ?
Dans quel monde vivra-t-il quand il sera adulte ?
Lui laisserons-nous un monde meilleur ?
Cette photo a été prise au quartier peul de Loroni, le lundi 10 novembre 2008. Un ami m’avait signalé que les peuls de ce village voulaient apprendre à lire, à écrire et à calculer dans leur langue. J’étais venu me rendre compte du degré de leurs motivations. Après une heure ou deux d’échanges avec les anciens et les jeunes, les hommes et les femmes, j’étais convaincu que la demande était bien réelle. J’ai pris congé de la population et je me suis levé. Et voici que les femmes se sont levées à leur tour pour m’accompagner jusqu’à ma voiture. Elles ont insisté une dernière fois : « Ils ne faut pas nous oublier. Il ne faut pas nous laisser dans les ténèbres. Nous voulons l’éducation, pour nous-mêmes et pour nos enfants. »
Nul doute que ces femmes seront présentes quand le 5 janvier le premier stage va commencer. Aucune de ces femmes n’a été à l’école. Aucune n’est capable de lire sa propre langue. Et pourtant, nul doute également qu’elles mettront leurs enfants à l’école quand ils auront l’âge d’y aller.
Ce stage ne sera pas facile pour elles !
Notamment pour celles qui devront apprendre à écrire avec un bébé dans les bras !
2009 ne sera pas facile ! Mais il est permis d’espérer que 2009 soit une bonne année pour ces femmes et leurs enfants.
Au Burkina, comme dans la plupart des pays du Sahel, les récoltes ont été bonnes. La production de riz est partout en nette augmentation. Mais la grande nouveauté, depuis plus de dix ans, c’est que cette année 2009, les producteurs de riz peuvent enfin espérer vendre leur production à un prix rémunérateur.
De plus, partout les femmes sont très motivées pour transformer elles-mêmes le riz paddy. Producteurs et productrices n’acceptent plus de souffrir au soleil pendant des mois pour que l’essentiel des bénéfices leur échappe au profit des transformateurs et des commerçants.
C’est ainsi qu’au Sourou les femmes se sont rassemblées pour commercialiser le riz étuvé sous la marque « Malokadi » (en jula, malo ka di veut dire : « le riz est bon »). Ce ne sera pas facile, car les femmes ont déjà beaucoup de travail. Mais elles sont déterminées. De plus, avant même qu’elles aient commencé, un commerçant de Koudougou a déjà commandé 8 tonnes de ce riz étuvé.
2009, année difficile ? Sans doute. Mais nous pouvons tous faire un petit quelque chose pour rendre le monde meilleur, la planète plus pure et plus belle. Nous pouvons tous faire quelque chose pour que nos enfants soient heureux chez eux et ne pensent plus à fuir leur village et leur pays. Alors oui, 2009, année difficile, sera aussi une bonne année.
Bonne année à vous tous.
Koudougou, le 1er janvier 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN