L’Union Européenne nous dit sans cesse que les accords de Cotonou (accords commerciaux non réciproques) ne peuvent être reconduits car ils ne sont pas conformes aux accords de l’OMC (sur les marchandises) et c’est une des raisons qui la pousse à presser les ACP à signer les APE. (Qui eux, hélas, incluaient au départ beaucoup plus qu’un accord sur les seules marchandises).

Pourtant les seules plaintes conséquentes qui aient jamais été formulées par rapport aux exportations des pays ACP l’ont été par les pays de l’Amérique du Sud et les Etats Unis au sujet de la « banane dollar » (cultivée dans des conditions humaines épouvantables par des multinationales nord américaines encadrées souvent par des milices privées). Et, de fait, sur ce dossier, l’UE a été condamnée, et cela pose un réel problème.

La côte d’Ivoire aujourd’hui pourrait se désolidariser du refus de signer les APE à cause de la banane. La majorité des plantations sont encore aux mains de français qui se moquent bien des intérêts de la CEDEAO… et de son intégration. Cela pourrait plonger la zone dans une crise forte, en brisant l’unité de la région, voulue par l’UE, mais qui sait tirer les ficelles autrement quand elle en a besoin. Cela pourrait contraindre aussi les autres pays (surtout les non PMA) à signer ces APE dont ils ne veulent pas. (Cf. déclaration récente du Président Wade)

Donc, nous dit Jacques Berthelot dans une note technique très détaillée datant du 18 novembre 2007, réglons le problème de la banane et nous ne serons plus obligés de signer les APE puisqu’il n’y a pas aujourd’hui d’autres « marchandises » qui posent réellement problème par rapport à l’OMC (C’est du moins ce qu’avance actuellement la Commission Européenne pour faire pression sur les pays ACP).

Cela coûtera sans doute un peu cher en subventions auprès des producteurs ou des états-producteurs (pas à la production, bien sûr, cela serait aussi contesté par l’OMC), mais beaucoup moins cher aux économies et aux agricultures de la CEDEAO que la signature des APE.
En effet, des subventions découplées de la production, comme l’UE a su si bien le faire pour protéger la PAC devant l’OMC, sauveraient la « banane » et pourraient dispenser de signer des APE particulièrement destructeurs.

Père Jacques Lacour
Esta dirección de correo electrónico está siendo protegida contra los robots de spam. Necesita tener JavaScript habilitado para poder verlo.

 

 

Sigles utilisés dans cette note :
APE : Accords de partenariat économique
(supposés remplacer l’accord de Cotonou à partir du 1/1/08)

ACP : Pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique liés par ces accords avec l’Union Européenne (77 pays en tout)
CEDEAO : Les pays d’Afrique de l’Ouest visés par l’un de ces accords (16 pays dont 13 PMA = Pays moins avancés)
UE : Union Européenne (actuellement 27 pays)
OMC : Organisation Mondiale du Commerce qui essaie de mettre en place des accords multilatéraux commerciaux entre ses membres, mais exagérément dominé par les grandes puissances (aujourd’hui, 151 pays)
PAC : Politique agricole commune (de l’Europe)

FaLang translation system by Faboba