L’Europe se prépare à accompagner le Burkina Faso à… l’échafaud. |
Cette semaine, j’ai pu lire le « Document de Synthèse du Rapport Provisoire » de « L’étude d’impact de l’Accord de partenariat économique entre l’Union Européenne et le Burkina Faso – Documents de synthèse – Août 2004», réalisé par PCI International Consulting (Brussels, London & Yaoundé). A la dernière page de ce rapport (celle qui précède la liste des recommandations) on peut lire : Au total, l’accord de partenariat économique (A.P.E.) pourrait se traduire (pour le Burkina Faso) à court terme par une fragilisation des activités agricoles, industrielles et de services, et surtout par une perte de recettes fiscales. C’est pourquoi il est nécessaire de proposer des mesures d’accompagnements… En clair, si on supprime les précautions d’usages, telles que « pourrait se traduire» au lieu de « se traduira », et « à court terme » (mais le Burkina pourrait-il s’en relever ?), on nous demande de signer des accords qui auront pour conséquences de fragiliser l’agriculture, l’industrie et les services, et d’entraîner une perte de recettes fiscales. Que reste-t-il ? Quant aux mesures d’accompagnements proposées, beaucoup sont judicieuses, mais elles n’ont rien à voir avec les A.P.E. Par exemple, les sept mesures proposées pour lutter contre la fraude ! Pas besoin de se préparer à signer un tel accord pour lutter contre la fraude ! D’autres sont plus faciles à réaliser sans les A.P.E. , comme la proposition 19 : « Inciter à utiliser et à consommer les produits locaux : la production doit partir des matières premières locales qui devraient être valorisées ». Seule la reconnaissance de la souveraineté alimentaire permettra au Burkina ou à la CEDEAO, d’actualiser cette proposition. C’est pourquoi, avec d’autres, nous disons : « Non aux A.P.E., sans la reconnaissance préalable et effective de la souveraineté alimentaire ». Curieusement, malgré son titre, la synthèse du rapport que nous commentons ne mentionne pas les impacts de cet accord sur l’Union Européenne. Il n’est pas besoin d’être prophète pour écrire qu’ils pourraient se résumer ainsi : "Au total, l’accord de partenariat économique se traduira (pour l’Union Européenne) par un renforcement de ses activités agricoles, industrielles et de services, et par un gain de recettes fiscales". Pas étonnant que l’Europe se propose « d’accompagner » les pays A.C.P. pour les inciter à signer de tels accords. D’où notre titre : L’Europe se prépare à accompagner le Burkina Faso à… l’échafaud. (Dans le Petit Larousse : échafaud : « Plate-forme sur laquelle on exécute les condamnés à mort »). Koudougou, le 17 octobre 2004 |