Pauvreté rurale et commerce international
par le Ministre de l'Agriculture... du Burkina Faso
Ce dossier, très complet, est paru dans la presse nationale burkinabè, du 6 au 8 août 2002.
Il fait le point de la situation, et offre différentes perspectives. A diffuser largement !
La chute du cours du coton au plan mondial suscite bien des inquiétudes de par le monde. Après la rencontre des ministres de l’Agriculture des pays de l’UEMOA en Côte d’Ivoire, cette question pendante est désormais au centre des discours, et les ministres concernés s’agitent. C’est le cas de Salif Diallo qui, a travers un long écrit , répond à M. Rouamba (cf. l’Observateur du 26 au 28 juillet 2002) en même temps qu’il approfondit la question.
En effet, à travers cette sortie, le patron de l’Agriculture burkinabè se fait l’avocat (normal après tout) d’un secteur capital pour le Faso : le coton (la SOFITEX grève 200 milliards de FCFA/an). Pour lui, ceux-là mêmes qui éditent les lois commerciales de l’OMC et qui sont prompts à les violer, les USA notamment, doivent cesser leurs subventions sélectives qui hypothèquent dangereusement ce secteur ou à défaut qu’ils nous versent des compensations pour réparer cette injustice.
A l’occasion de la cérémonie officielle de lancement du Programme Sésame de la Société de Promotion des Filières Agricoles (SOPROFA) le 12 Juillet 2002 à Titao (Province du Lorum), j’ai abordé avec les organes de la presse nationale (Sidwaya, Le Pays, L’Observateur Paalga) certaines questions d’actualité relatives à la politique de mon Département, et en particulier la nécessité de lier la production agricole au marché, notamment par la promotion des spéculations porteuses telles que le sésame. J’avais saisi également cette opportunité pour évoquer les difficultés que rencontre la filière coton depuis bientôt deux (2) ans du fait de la chute historique des cours mondiaux de ce produit stratégique pour le Burkina Faso, chute due essentiellement aux effets négatifs des subventions massives accordées par certains pays développés (Etats-Unis et Union Européenne principalement) à leurs producteurs de coton.
C’est ainsi que j’ai relevé les contradictions flagrantes entre les discours de ces pays qui nous incitent et encouragent à adopter des mesures de réformes politiques et institutionnelles à travers les PAS afin de libéraliser à outrance nos économies qui créent en même temps des distorsions sur le marché, en enfreignant et en violant les règles du commerce international définies au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Suite à ces points de vue développés, certaines réactions dans la presse écrite (cf. L’Indépendant n°463 du Mardi 23 Juillet 2002 et L’Observateur Paalga n°5697 du Vendredi 26 au Dimanche 28 Juillet 2002), tout en reconnaissant la justesse de ma position, émettent des doutes quant au réalisme et à l’aboutissement d’une éventuelle plainte auprès de l’Organe de Règlement des Différends de l’OMC.
C’est le cas notamment de l’écrit de Mr Jean Paul ROUAMBA que je félicite pour son effort de réflexion quant bien même certaines de ses appréciations ne trouvent pas de fondement dans mes propos. Bref les débats aujourd’hui sur nos politiques sectorielles de développement dans le cadre de la mondialisation doivent être menés avec beaucoup de rigueur et de précisions. Et dans le contexte actuel à vouloir suivre les contorsions de beaucoup de nos partenaires au développement sans pour autant nous doter nous même d’une vision nationale à travers la définition d’objectifs stratégiques, nous courrons le risque de rester toujours à l’arrière du train de l’émancipation des peuples. Je suis d’avis avec M. ROUAMBA qu’aujourd’hui, le débat mérite d’être mené. Et si j’ai tenu à dénoncer la pratique des subventions cotonnières, c’est finalement pour prévenir nos populations, surtout nos producteurs de coton, sur la duperie de ceux qui contrôlent le marché mondial de ce produit car le Burkina Faso a le coût de production au kg le plus bas au monde (dû à l’effort de nos paysans). A la vente pourtant le Burkina n’engrange pas grand chose du fait que quelque part
des puissances d’argent à travers différents mécanismes ont décidé à travers les subventions d’annihiler tous nos efforts. Je voudrais tout de suite rassurer les lecteurs que le but de mon écrit n’est pas d’instaurer une polémique avec les auteurs de ces articles publiés dans les différents journaux, même si je ne partage pas toujours leurs analyses. Je les félicite pour l’intérêt qu’ils ont pour cette question. J’estime plutôt nécessaire, compte tenu de l’importance et de la complexité des questions en débat, de les restituer dans un cadre plus global lié à la pauvreté rurale et au commerce international.
Aussi ma présente contribution sera articulée au tour des deux (2) principaux thèmes suivants :
- - le rappel des résultats des mesures de libéralisation de l’économie dans le
secteur agricole au Burkina Faso,
- - la Lutte contre la Pauvreté et le Commerce International des Produits
Agricoles : le cas du coton.
I - RAPPELS DES RESULTATS DES MESURES DE LIBERALISATION DE L’ECONOMIE DANS LE SECTEUR AGRICOLE
Depuis les années 1990, le Burkina Faso, en concertation avec les partenaires au développement, a entrepris d’importantes réformes afin de créer un environnement politique, économique et institutionnel favorable à l’insertion du Burkina Faso dans le contexte nouveau de la mondialisation de l’économie. C’est ainsi qu’avec l’appui des institutions de BRETTON WOODS (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International), le Gouvernement a mis en place à partir de 1991 un Programme d’Ajustement Structurel (PAS) en vue de la réforme des principaux secteurs de l’économie nationale.
Concernant les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, en Mai 1992, le Gouvernement a élaboré la Lettre de Politique de Développement Agricole (LPDA) qui aboutira, après concertation avec la Banque Mondiale, à l’adoption et à la mise en œuvre du Programme d’Ajustement du Secteur Agricole (PASA) dont les principaux objectifs visaient :
- la modernisation et la diversification de la production, - le renforcement de la sécurité alimentaire, - l’amélioration de la gestion des ressources naturelles.
De 1992 à 1996, la première phase du PASA a porté essentiellement sur la mise en
œuvre d’une matrice d’une cinquantaine de mesures de réformes qui peuvent être
regroupées en deux volets :
- la libéralisation du secteur agricole
- la Réorganisation des Services Agricoles.
Les principaux résultats obtenus au terme de ces réformes se présentent comme suit.
1-1 Libéralisation du secteur agricole
Les principaux résultats concernent :
* la libéralisation de la commercialisation et des prix des céréales
traditionnelles (mil, maïs, sorgho).
Cette mesure a eu pour principales conséquences :
- le désengagement de l’Etat de la fixation des prix d’achat des céréales aux producteurs et de vente aux consommateurs. Les conséquences sur le terrain sont connues avec les déficits alimentaires ;
- la liquidation de l’Office National des Céréales (OFNACER) en 1994,
- la création de la Société Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité (SONAGESS) qui n’intervient plus dans l’approvisionnement des consommateurs (sauf pour la rotation du stock de sécurité), assuré désormais par les
commerçants privés.
* La libéralisation du commerce interne du riz en 1996.
Cette mesure s’est traduite par :
- la suppression du monopole de la collecte et de la transformation du paddy par la Société Nationale de Collecte de Traitement et de Commercialisation du Riz (SONACOR) financé par la Caisse Générale de Péréquation (CGP), principal actionnaire, la suppression du monopole dont jouissait la CGP pour l’importation
et la commercialisation du riz (importé ou produit au niveau national), - la privatisation de la SONACOR.
Il convient de souligner que l’arrêt du financement de la collecte du paddy par la CGP (via la SONACOR) a entraîné d’énormes difficultés au niveau des producteurs qui n’arrivaient pas à écouler leur production de paddy se retrouvaient avec des impayés auprès des banques et des fournisseurs d’intrants agricoles (engrais et pesticides). Il a fallu la reprise récente de la SONACOR par la SOPROFA pour que ces contraintes commencent à trouver des solutions.
* La libéralisation de la commercialisation et des prix des graines oléagineuses
Cette mesure a entraîné les conséquences suivantes :
- la suppression du monopole dont bénéficiant la Caisse de Stabilisation des Prix des Produits Agricoles (CSPPA) pour l’exportation des produits du cru (arachide, sésame, soja, amandes de karité),
- la liquidation de la CSPPA, - la négociation des prix d’achat de ces produits agricoles entre producteurs et
commerçants et autres opérateurs privés qui sont dorénavant les seuls opérateurs sur le marché national.
* La privatisation de la quasi-totalité des entreprises publiques intervenant dans la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles.
Les entreprises ci-après ont fait l’objet d’une privatisation totale ou partielle : Flex-Faso, Grands Moulins du Burkina (GMB), Société Sucrière de la Comoé (SOSUCO), SAVANA, SONACOR, SOFITEX, etc.
A ces mesures, il convient d’ajouter la suppression de la subvention sur les intrants agricoles (engrais et pesticides). Tout cela devrait donner un déclic aux producteurs privés. Mais quand est t-il réellement aujourd’hui ; le secteur privé reste encore balbutiant.
1-2 Réorganisation des Services Agricoles
Les mesures de libéralisation économique dans le secteur agricole ont entraîné le désengagement de l’Etat au profit des opérateurs privés des fonctions de production, de transformation et de commercialisation des produits agricoles, d’une part, et d’approvisionnement, et de distribution des équipements et intrants agricoles, d’autre part. Ainsi, dorénavant, l’Etat devrait recentrer son rôle sur ses fonctions régaliennes que sont :
- la définition des orientations politiques et stratégiques pour le développement du secteur,
- la réglementation et le contrôle de l’application des normes techniques et juridiques par les différents acteurs,
- le suivi/évaluation des Programmes et Projets de développement,
- l’appui/conseil aux différents acteurs intervenant dans le développement de
l’agriculture.
Aussi, dans le cadre du PASA, la Réorganisation des Services Agricoles visait à améliorer l’efficacité des Services Publics, réduire le coût de fonctionnement et responsabiliser les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) et les opérateurs privés dans le transfert progressif des fonctions dont l’Etat s’est désengagé. C’est la raison pour laquelle les mesures suivantes ont été prises par le Gouvernement :
- suppression des Centres Régionaux de Promotion Agro-Pastorale (CRPA) qui
étaient des Etablissements Publics à caractère Industriel et Commercial (EPIC) ;
- création des Directions Régionales et des Directions Provinciales de l’Agriculture (DRA et DPA) qui se concentrent uniquement sur les fonctions d’appui/conseil aux producteurs et à leurs organisations, de suivie évaluation des Programmes et Projets de leur ressort territorial et de contrôle de l’application de la réglementation dans le secteur agricole ; - réduction du nombre de Directions Centrales de douze (12) à huit (8) par le regroupement de plusieurs services ;
- le redéploiement du personnel au profit des services déconcentrés (DRA et DPA).
Comme on peut le constater les objectifs de la Réorganisation des Services Agricoles étaient très nobles, malheureusement le processus n’a pas été conduit jusqu’à son terme, notamment par un renforcement des ressources humaines (en quantité et en qualité) et par l’adoption d’un système de vulgarisation agricole, et de financement conséquent du monde rural. Donc la question des réformes adaptées au nouveau contexte politique et institutionnel, reste d’actualité et nous travaillons avec la Banque Mondiale à la réalisation d’un audit organisationnel du secteur du développement rural.
Le coton constitue une des principales sources de croissance de l'économie nationale et contribue à la formation du PIB pour 30% et 60% aux exportations.
200 000 exploitants cultivent le coton dont les recettes font vivre directement 2 millions de personnes.
C'est là autant d'éléments qui confèrent au coton une importance de premier plan dans notre pays.
Il va sans dire donc que la chute du cours du coton au plan mondial ne peut que préoccuper les agriculteurs mais aussi le premier responsable en charge de l'Agriculture. Le ministre d'Etat, Salif Diallo répondant à un article de M. Jean-Paul Rouamba sur la question, apporte un éclairage à travers un écrit volumineux intitulé "Pauvreté rurale et commerce international" dont voici la deuxième partie.
II - Lutte contre la pauvreté et commerce international des produits agricoles : le cas du coton
A ma connaissance, deux enquêtes prioritaires ont été réalisées par l’INSD en 1994 et 1998. Ces enquêtes ont révélé que la pauvreté au Burkina Faso sévit essentiellement au sein des populations rurales et son incidence est plus grave au niveau des agriculteurs vivriers qu’au niveau des agriculteurs de rente. De plus, les régions du plateau central (non compris la ville de Ouagadougou), où prédominent les cultures vivrières, sont plus pauvres que celles de l’Ouest où est cultivé le coton, principale culture de rente du Burkina Faso.
Quand on sait que la majeure partie des cultures vivrières (surtout les céréales) sont auto-consommées par les familles dans les provinces déficitaires du plateau central, l’on comprend facilement la situation de pauvreté qui y prévaut. C’est pourquoi il est important de promouvoir dans chaque zone en plus des cultures céréalières, les cultures de rente qui peuvent s’adapter aux conditions agro - écologiques locales (diversification agricole et spécialisation régionale) car il est difficile de sortir de la pauvreté en pratiquant uniquement une agriculture de subsistance. J’y reviendrai plus loin. Auparavant, il me paraît utile de procéder à une analyse approfondie de la situation de la filière coton afin de mettre en évidence les contradictions qui caractérisent nos relations entre pays développés et pays en développement, en matière de politiques et stratégies de développement, dans le contexte actuel de mondialisation de l’économie. J’aborderai successivement les questions suivantes :
- l’importance du coton dans l’économie nationale et la lutte contre la pauvreté
- les performances des filières coton au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest et du Centre,
- les conséquences néfastes des subventions accordées aux producteurs de coton des pays développés (USA et UE),
- les solutions possibles pour sauvegarder les filières coton du Burkina et des autres pays en développement.
2.1 L’importance du coton dans l’économie nationale et la lutte contre la pauvreté
Sans vouloir traiter cette question de façon exhaustive, je peux affirmer que le coton joue un rôle stratégique dans l’économie nationale même si personnellement, pour tenir compte des effets écologiques, je suis pour la recherche d’une alternative au coton. Mais en attendant, je voudrais insister sur les faits suivants :
- le coton constitue une des principales sources de croissance de l’économie nationale et contribue à la formation du PIB pour 30% et 60% aux exportations ;
- 200.000 exploitants cultivent le coton dont les recettes font vivre directement environ 2 millions de personnes (sur la base de 10 personnes par famille). Au cours de la campagne 2001/2002, qui a enregistré une production de 375.000 tonnes de coton/graine achetées par la SOFITEX à raison de 200 francs CFA/kg, les producteurs de coton ont perçu des recettes brutes de l’ordre de 75 milliards de francs CFA. Après déduction des charges de production (environ 40%) les recettes nettes peuvent être estimées à 45 milliards de francs CFA, soit en moyenne 225.000 francs CFA par exploitant (revenu trois fois supérieur au seuil de pauvreté établi en 1998) ;
- les zones cotonnières sont également celles où la production céréalière est structurellement excédentaire, du fait du système de rotation des cultures, ce qui contribue à la sécurité alimentaire au niveau national, contrairement aux thèses véhiculées par certaines personnes mal informées ou de mauvaise foi ;
- sur le plan agro-industriel, il convient de signaler le développement des huileries (ex : SN-CITEC, SOFIB), de filature (ex : FILSA), d’usines de production d’aliments de bétail nécessaires pour l’intensification de l’élevage (graines et tourteaux). Le coton produit également des effets d’entraînement au profit des transporteurs (coton graine et balles de coton fibre), fabricants et commerçants de cyclomoteurs et motocyclettes, vendeurs d’hydrocarbures, de matériaux de construction, etc. ;
- la majorité des prêts accordés par les banques dans le secteur agricole sont destinés à financer les équipements et les intrants agricoles au bénéfice des Groupements de Producteurs de Coton (GPC) ou à l’achat du coton graine par la SOFITEX ; ces prêts à court terme s’élèvent à plus de 100 milliards de francs CFA par an ;
- la réalisation et l’entretien de pistes rurales dans les zones de production, ce qui contribue au désenclavement de ces régions.
Au regard de l’importance du coton dans le tissu économique actuelle du Burkina, une crise de la filière coton aura necessairement des répercussions néfastes sur l’ensemble de l’économie nationale ; d’où la nécessité d’une prise de conscience de l’opinion publique nationale sur l’importance et les enjeux de cette filière à l’heure actuelle.
2-2 Les performances des filières coton au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest et du Centre
Grâce aux efforts conjugués des différents acteurs, des progrès sensibles ont été réalisés au niveau des performances des filières coton en Afrique de l’Ouest et du Centre ces dix (10) dernières années, surtout depuis la dévaluation du franc CFA en 1994, malgré les difficultés rencontrées (aléas climatiques, problèmes phytosanitaires, chute des cours mondiaux du coton fibre). Ces performances méritent d’être portées à la connaissance de l’opinion publique afin de lui permettre de mieux apprécier les conséquences néfastes créées par les distorsions du marché mondial dues au non respect des règles du commerce international par certains pays développés producteurs de coton.
2.2.1. Performances de la filière coton du Burkina Faso
Grâce au plan de relance de la production cotonnière 1995-2000 adopté par le gouvernement, la filière coton a pu être redynamisée et la production de coton graine est passée de 143.000 tonnes durant la campagne 1994/1995 à une production record de 375.000 tonnes pour la campagne 2001-2002.
Le prix d’achat très attractif de 200 francs CFA par kg de coton graine et la bonne pluviométrie expliquent la forte augmentation des volumes de cette dernière compagne. En effet, après la très bonne production de la campagne 1997-1998 à 338.000 tonnes, les résultats des trois (3) campagnes suivantes se limitaient à 284.000 tonnes de coton-graine pour la campagne 1998/1999, 254.000 tonnes pour la campagne 1999/2000 et 274.000 tonnes pour la campagne 2000/2001, suite notamment aux attaques de mouches blanches, à des inondations et à un niveau important d’impayés qui avait atteint plus de 6 milliards de francs CFA à la fin de la campagne 1999/2000.
Ces dernières années, la production cotonnière a fortement progressé dans de nouvelles zones situées principalement dans le Sud-Ouest (la Léraba, la Comoé, le Ioba, la Sissili, le Ziro) et à l’Est du pays (la Tapoa).
La relative bonne performance de la filière coton au Burkina Faso par rapport aux autres pays producteurs de la sous-région sont dus aux mesures ayant porté sur :
1. La signature de l’accord interprofessionnel le 22 février 1999 entre la SOFITEX et les producteurs de la filière a instauré la gestion paritaire de la filière coton. Cet accord comporte les mécanismes de fixation et de soutien des prix du coton mis en oeuvre par un comité de gestion de la filière. Il fixe les modalités d’entrée des producteurs au capital de la SOFITEX. Conformément à cet accord, les parts cédées par l’Etat, d’un montant de 3 milliards de francs CFA ont été libérées sur des reliquats de ristourne et sur les intérêts du Fonds de soutien de la filière en fin d’année 1999 et rendent désormais les producteurs actionnaires à 30% de la SOFITEX. Un avenant à cet accord a été signé le 27 février 2001. Il a procédé au relèvement du prix d’achat du coton graine de 15 francs CFA.
Le prix plancher est donc passé de 160 FCFA à 175 FCFA le kg de coton-graine pour le premier choix. Le nouveau seuil d’appel du fonds de soutien a été fixé à 650 FCFA prix FOB Abidjan par kg de coton fibre. Les producteurs assurent également la présidence du comité de gestion de la filière.
2. Les producteurs, étant actionnaires à 30% de la SOFITEX, siègent désormais au Conseil d’Administration de cette société cotonnière où ils disposent de trois (3) sièges. Cette représentation leur a permis de mieux défendre leurs intérêts et de devenir des acteurs de premier plan dans la gestion de la filière.
3. Depuis la campagne 2000/2001, les comités de crédit avec les Unions Départementales des Producteurs de coton pour l’octroi des crédits d’intrants ont été systématiquement tenus. Par ailleurs, depuis cette campagne, les GPC avec des montants impayés importants n’ont plus eu accès aux crédits intrants. Ces mesures ont permis à la SOFITEX de récupérer plus d’un milliard d’impayés par campagne tout en augmentant la production de coton-graine.
4. Une réduction des quantités des intrants livrés et le niveau des crédits octroyés aux GPC. Durant la campagne 2001/2002, la SOFITEX a livré pour environ 25 milliards de FCFA d’intrants alors qu’elle en avait livré 35 milliards durant la campagne 1998/99.
5. La professionnalisation des Unions départementales, provinciales et de l’Union nationale des producteurs de coton qui disposent d’un personnel d’appui (conseiller en gestion, inspecteurs, cadres à l’UNPCB) financé en grande partie par les ressources propres de ces organisations.
A ce propos, une étude publiée par le Conseil Consultatif International du Coton (CCIC) en septembre 2001, concernant le coût de production net d’une livre de coton fibre, indique que, sur le plan mondial, le Burkina Faso avait le coût de revient le plus faible (147 FCFA) tandis que les Etats-Unis avaient le coût le plus élevé (476 FCFA), alors que le cours moyen du coton fibre sur le marché mondial estimé par "l’Indice Cotlook A" se situait autour de 294 FCA. En l’absence de leurs subventions donc, les Etats-Unis auraient vendu leur coton fibre avec une perte de 182 F CFA, tandis que le Burkina aurait gagné 148 ou 149 FCFA sur chaque livre de coton vendu en 2001.
Alors M. Rouamba, "ma rage" contre les subventions procèdent de l’existence de ce mécanisme inique, et à l’évidence, tant que ces subventions existeront ou se renforceront nous sommes condamnés à ne plus vendre à l’extérieur le coton mais aussi d’autres productions agricoles. Cela constituerait une axphysie permanente pour nos économies.
2-2-2- Performances des filières coton en Afrique de l’Ouest et du Centre
Le constat aujourd’hui est que le coton joue un rôle économique majeur dans les zones rurales des pays africains de l’Ouest et du Centre. Environ 2 millions d’agriculteurs produisent plus de 2 millions de tonnes de coton graine (830 000 t) de coton fibre pour un chiffre d’affaires se situant entre 500 et 700 milliards de francs CFA. Les pays de l’AOC en terme de part de marché (15%) ont vu leur position s’améliorer au plan international où ils occupent la 2e place parmi les exportateurs de coton fibre.
La compétitivité potentielle du coton africain est attestée par un coût de revient variant entre 322 et 350 F.CFA malgré les coûts de mise en marché (transit et transport liés aux marchés d’exportation en Europe et en Asie). Ce coût est équivalent à la moyenne des cours actuels de filières sur le marché international. La qualité du coton d’origine africaine est bien appréciée sur les marchés internationaux à cause de son degré de propreté favorisé par la cueillette manuelle. Le coton africain en moyenne obtient des prix de vente relativement plus élevés que le coton provenant d’Asie ou d’Amérique latine grâce à une qualité appréciée.
Cependant, si les tendances actuelles de perturbation du marché international de la fibre persistent avec la politique agricole commune de l’Europe (PAC) et la Farm Bill américaine, la filière coton africaine serait simplement asphyxiée et pourrait à terme disparaître.
2.3 – Les dispositions provoquées sur le marché mondial du coton et les menaces sur les filières coton du pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
J’ai évoqué plus haut les résultats des mesures mises en œuvre dans les PAS et le PASA dans la libéralisation de l’économie du secteur agricole au Burkina. L’objectif principal de ces mesures de libéralisation, sous l’impulsion des institutions de Bretton Woods vise une intégration plus poussée de l’économie nationale au marché dans un contexte de mondialisation. C’est en réalité organiser notre marché selon une nouvelle vision du droit international.
C’est dans ce même esprit que l’Organisation mondiale du commerce a été créée en 1995 en remplacement du GATT (Accord général sur les tarifs et le commerce) mis en place depuis 1948. Il convient de rappeler que l’OMC a pour mandat de réaliser les missions suivantes :
- veiller à la bonne mise en œuvre de l’accord signé à Marrakech au Maroc en 1995,
- administrer les procédures de règlement des conflits ;
- devenir le lien d’une négociation commerciale permanente ;
- administrer le mécanisme d’examen des politiques commerciales ;
- coopérer avec le FMI et la Banque mondiale.
Quant à l’accord agricole entré en vigueur le 1er juillet 1995, il vise les objectifs suivants :
- faciliter l’accès au marché,
- réduire le soutien interne à la production,
- améliorer la concurrence à l’exportation.
Dans le cadre de cet accord, les pays développés devraient réduire de 20% entre 1995 et 2000 les montants des budgets de soutien interne à la production et de 36% ceux destinés aux subventions à l’exportation des produits agricoles ; les pays en développement disposant d’un délai de 10 ans pour réduire ces subventions (13%) pour le soutien à la production et 24% pour les subventions à l’exportation).
C’est donc, M. Rouamba, à la lumière de ces dispositions des règles de l’OMC qu’il convient d’analyser les pratiques de certains pays développés (ex. : Etats-Unis, Union européenne, Australie). Le cas des Etats-Unis et de l’Union européenne mérite une attention particulière car non seulement ils n’ont pris aucune mesure pour baisser leurs subventions mais pire, ils les ont renforcées. De ce fait, il existe des menaces que les subventions qu’ils accordent à leurs producteurs de coton font peser sur les filières coton en Afrique de l’Ouest et du Centre du fait des distorsions créées sur le marché mondial du coton fibre.
2-3-1 L’importance des subventions accordées aux producteurs du coton aux Etats-Unis
Selon des informations contenues dans le volume 55-n°5 du Comité consultatif international du coton (CCIC) publié en mai/juin 2002, aux Etats-Unis, l’aide directe accordée aux producteurs de coton a augmenté de 600 millions de dollars (1997/98) à 2,7 milliards de dollars (1999/2000).
En 2001-2002 et conformément au programme de soutien mis en œuvre en 1996, le gouvernement américain doit dépenser 2,3 milliards de dollars en aide directe aux producteurs de coton moyen.
En vertu de ce programme, un cultivateur américain moyen reçoit de l’aide par le biais de deux systèmes de subventions :
- un paiement compensatoire de prêt calculé chaque semaine en tant que différence entre un taux de prêt moyen et un prix mondial ajusté. Les USA donnent donc aux producteurs une subvention pour adoucir le prêt contracté pour sa production afin de baisser son taux d’intérêt ;
- Un paiement compensatoire pour la flexibilité de production, en fait un paiement fixe pour compenser les agriculteurs pour les pertes d’aide précédente liées aux prix.
Les paiements compensatoires de prêt pour 2001/2002 sont estimés à 1,8 milliard de dollars et les paiements de flexibilité à 458 millions de dollars. Au total, les producteurs américains de coton pour la seule campagne 2001/2002 recevront un total de 3,7 milliards de dollars en subventions gouvernementales.
En plus de tout cela, une nouvelle loi agricole entrant en vigueur en 2002/2003 vient d’être approuvée aux Etats- Unis. Cette nouvelle loi remet en place le concept d’un prix cible qui est fixé à 506,8 F.CFA la livre et le taux d’emprunt établi à 364 F.CFA soit 142,8 F.CFA.
Cette loi agricole entre en vigueur à partir de la récolte de 2002 pour 6 ans. Le budget global de cette loi agricole a été évalué à 180 milliards de dollars sur une période de dix (10) ans. Comme dit Nobila Cabaret c’est la mal mort pour les économies du tiers monde notamment africaines.
La nouvelle loi agricole devrait permettre aux Etats-Unis de demeurer un des producteurs et exportateurs les plus importants jusqu’en 2007/2008 avec plus de 2,5 millions de tonnes de fibres par an.
Si les producteurs américains vivent ainsi grassement des subventions de leurs pays et que le Président Bush déclare que l’agriculture est la première industrie des Etats-Unis (ce qui justifie toutes ces subventions) dans nos pays la tendance est à l’accentuation de la pauvreté du producteur et à la baisse des recettes de l’Etat.
2.3.2 – Conséquences des subventions accordées aux producteurs de coton des pays développés et les menaces sur les filières coton en Afrique
Les subventions accordées aux producteurs des pays développés du fait des distorsions qu’elles provoquent sur le marché mondial de fibres menacent l’existence des filières des pays en développement.
En particulier en Afrique de l’Ouest et du Centre dont le Burkina fait partie. Les conséquences de cette situation sont multiples :
- volatilité du cours mondial du coton fibre,
- perte des recettes d’exportation,
- baisse des revenus des producteurs,
- baisse de la croissance économique,
- volatilité du cours mondial du coton fibre.
* Volatilité du cours mondial du coton fibre
Les prix internationaux moyens du coton fibre ont été constamment très bas ces 4 dernières campagnes. En effet ils se situent autour de 420 F.CFA la livre avec un niveau historiquement bas de 287 F.CFA en 2001-2002 alors que la moyenne des 25 dernières années était de 507,5 F.CFA/livre.
Cependant au cours de cette période la production mondiale de coton fibre a augmenté de 700 millions de tonnes.
Pendant la même période, alors que la superficie cotonnière a diminué de 1. 500 000 ha dans les pays qui n’accordent aucune subvention directe aux producteurs, elle a augmenté de 500 000 ha dans les pays qui accordent d’importantes subventions à leurs producteurs.
Une telle situation indique très clairement que l’accroissement de la production mondiale malgré un cours mondial très bas est le fait des producteurs des pays développés qui bénéficient des subventions de leurs gouvernements. La demande mondiale n’ayant pas augmenté pendant la même période concernée (19,5 millions de tonnes), cette augmentation de l’offre ne pouvait qu’entraîner une chute historique des cours de la fibre. Ces pratiques faussent les règles du marché et provoquent une instabilité des cours mondiaux du coton fibre, sources d’incertitudes pour les filières des pays en développement.
* Baisse des recettes à l’exportation : le cas du Burkina
Dans la plupart des Etats de l’AOC, on a enregistré d’importantes baisses de recettes d’exportations ; les sociétés cotonnières ont vendu à perte leur coton fibre, le cours mondial étant inférieur au prix de revient.
Si au niveau du Burkina, la compétitivité de la filière a permis à la SOFITEX d’équilibrer ses comptes malgré le prix d’achat payé au producteur (200 F/KG) dans certains pays voisins, les gouvernements ont dû prendre des mesures exceptionnelles (y compris des prêts auprès des institutions financières internationales) pour soutenir les producteurs. Quand on connaît les faibles capacités financières de nos Etats, il est évident que si la situation n’évolue pas favorablement, de tels efforts ne peuvent pas être soutenus plus longtemps et la pauvreté va s’aggraver dans nos pays.
* Baisse des revenus des producteurs.
Pour réduire le déficit provoqué par la chute du cours mondial du coton, une des mesures prises porte sur la baisse du prix d’achat au producteur, en l’absence de caisse de stabilisation, notre ancienne structure de régulation des prix.
C’est ainsi qu’au Burkina, le comité de gestion de la filière coton présidé par l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCB) a dû fixer le prix d’achat du coton graine à 175 F par kg pour la campagne 2002/2003. Cela va entraîner une baisse de recettes brutes de 25 F.CFA/kg par rapport à la campagne 2001/2002. Sur la base d’un objectif prévisionnel de production de 400 000 tonnes de coton graine, cette baisse représente un manque à gagner de dix (10) milliards de francs CFA pour les 200 000 exploitants, soit en moyenne 50 000 F.CFA/par exploitant producteur de coton.
Au-delà des producteurs c’est l’économie nationale qui pert plus de 10 milliards de F.CFA dont une partie aurait pu être utilisée dans des investissements productifs en vue de moderniser l’agriculture.
* Baisse de la croissance économique
Quand on connaît l’importance du coton dans l’économie de certains pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Burkina, il est évident que si la crise de la filière coton perdure, cela va remettre en cause les objectifs de croissance économique retenus dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (8% à partir de 2003). De même, les secteurs d’activités qui dépendent du coton connaîtront également des difficultés (banques, transports, industries agroalimentaires etc.).
Quant aux producteurs, la perte de revenus va accroître l’exode ural avec toutes les conséquences que cela peut entraîner sur l’aggravation du chômage et de la délinquance, toutes choses qui vont à l’encontre de la réduction de la pauvreté.
III - Quelles perspectives de lutte ?
C'est sous ce titre qu'est intitulée la troisième partie de l'écrit du ministre d'Etat, Salif Diallo relatif à la chute du cours du coton. Après les deux premières parties que nous vous avons proposées dans nos éditions de mardi et mercredi, le ministre Salif Diallo donne dans cette troisième et dernière partie, quelques pistes en vue de sauvegarder nos filières coton.
Pour M. Rouamba déposer une plainte semble être une drôle de riposte.
A première vue cela peut paraître vrai, vu le rapport de force. En fait la démarche indiquée voulait simplement aboutir d’abord à la dénonciation publique, auprès des producteurs cotonniers et de l’opinion nationale, d’une situation inique, ensuite à la recherche avec les autres pays de moyens de pression et enfin, contraindre les pays subventionneurs à trouver des moyens compensatoires pour nos cotonniers soit dans le cadre de l’OMC soit dans le cadre de l’UE soit dans tout autre cadre de concertation.
Dans tous les cas, des solutions idoines devraient être recherchées et mises en œuvre rapidement par les pays concernés. Et dans cette optique, le Burkina, M. Rouamba ne pourra faire cavalier seul.
Notre position est confortée par les décisions et recommandations des ministres chargés de l’Agriculture de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (CMA/AOC) qui se sont concertés récemment (du 21 au 27 juin 2002) à Abidjan sur cette importante question.
Dans ce contexte, et pour la sauvegarde de nos filières coton, trois types de solutions peuvent être envisagées :
- les négociations pour le paiement de compensations financières au profit des pays en développement, victimes des subventions ;
- les négociations commerciales multilatérales sur l’agriculture dans le cadre de l’OMC ;
- le dépôt d’une plainte auprès de l’organe de règlement des différends de l’OMC.
3-1- Négociations pour des compensations financières
Les pays de l’AOC dont les économies nationales reposent sur le coton subissant des pertes de recettes importantes à cause des subventions accordées par les pays développés à leurs producteurs de coton, il est tout à fait normal que ces derniers réparent le préjudice subi. C’est pourquoi je souscris aux recommandations des ministres de l’Agriculture, de l’UEMOA et de la CMA/AOC d’engager des négociations directes avec les Etats-Unis et l’Union européenne pour l’institution d’un fonds de compensation au profit des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. L’on pourrait s’inspirer utilement de l’expérience des Fonds STABEX ACP/CEE.
3-2 - Négociation multilatérale au sein de l’OMC
Les pays membres de l’OMC, conformément aux engagements pris doivent poursuivre les négociations afin d’aboutir à un commerce international plus équitable, notamment pour les produits agricoles de base.
Il est évident que pour des raisons de politique interne, les Etats-Unis et l’Union européenne n’abandonneront pas de sitôt les subventions accordées à leurs producteurs de coton. De ce point de vue, les négociations seront certainement longues et difficiles. Aussi, il convient d’adopter une stratégie basée sur les alliances entre pays en développement et au-delà exploiter la disponibilité de certains pays producteurs de coton (Brésil, Argentine, Inde, Australie) à former des alliances avec les pays africains, et profiter des assistances techniques d’institutions telles l’OXFAM. Il est important au regard des enjeux économiques et politiques en présence, que les responsables africains que nous sommes mettent tout en œuvre pour sauvegarder nos matières premières de base, si nous voulons réellement lutter pour la réduction de la pauvreté ; toute position contraire serait sucidaire. En son temps, les Etats-Unis n’ont pas mis d’embargo économique sur le Soudan à cause de la gomme arabique.
3-3- Dépôt d’une plainte auprès de l’OMC
Ce dossier de plainte élaboré avec le plus grand sérieux avec l’appui de cabinets d’avocats solides devrait être déposé auprès de l’Organisme de règlement de différends de l’OMC, si les négociations avec les pays développés pour obtenir des compensations financières n’aboutissent pas.
M. Rouamba, quelles que soient les difficultés pour obtenir gain de cause, cette démarche est légitime et légale et il faut se départir d’une peur injustifiée.
Dans le cadre strict du Burkina Faso et au regard de ce qui précède, il convient d’examiner les principales actions à mettre en œuvre ou à renforcer afin de garantir un développement serein pour l’agriculture. Trois actions méritent une attention particulière en tenant compte des avantages comparatifs.
Tout en accordant la priorité aux cultures vivrières, base de l’alimentation des populations, un accent important sera mis sur la diversification des productions agricoles avec la promotion des cultures de rente : cas du sésame.
Ainsi selon les potentialités agro-écologiques des différentes régions du Burkina, les principales cultures de rente suivantes seront développées :
- le coton dans les régions de l’Ouest, du Sud-Ouest, du Centre-Sud et de l’Est ;
- les fruits et légumes dans les régions de l’Ouest et du Sud-Ouest et dans les bas-fonds aménagés ou sur les petits périmètres irrigués dans les différentes régions.
- les oléagineux, surtout le sésame, le soja et l’arachide sur le plateau central, le Nord et la région de l’Est.
Le choix de ces productions se justifie au regard des avantages comparatifs dont le Burkina dispose par rapport aux pays voisins et l’existence de débouchés sûrs au niveau national, régional ou international.
3-4- Valorisation agro-industrielle des productions agricoles
A ce niveau des leçons importantes doivent être tirées suite aux difficultés rencontrées par les filières coton en Afrique de l’Ouest et du Centre, du fait que 95% des fibres sont exportées, 5% étant transformés sur place par les industries textiles.
Pour ce qui concerne ce produit, compte tenu de l’exiguïté des marchés nationaux, il est un préalable de promouvoir des unités régionales de filature et de fabrication de tissus. Mais cela suppose la suppression des accords multi-fibres qui limitent les exportations des produits textiles vers les pays développés : cette question devrait donc être prise en compte lors des négociations prévues dans le cadre de l’OMC.
Pour ce qui concerne les autres produits d’exportation tels que les fruits et légumes et les oléagineux, leur transformation locale permettrait d’en tirer une plus grande valeur ajoutée. C’est en cela qu’il convient de saluer la création de la SOPROFA qui a repris la SONACOR et la SAVANA.
3-5- Renforcement des capacités des différents acteurs
L’intégration de l’agriculture a marché ne peut réussir que si les différents acteurs maîtrisent les règles du jeu. Cela suppose une professionnalisation accrue de ces acteurs notamment pour les opérateurs intervenant dans les filières de production de rente.
En effet pour évoluer dans un système de concurrence, parfois sauvage et déloyale, ils doivent avoir une bonne maîtrise des questions relatives à la compétitivité liée aux normes de qualité, de coût de production, à l’organisation et au fonctionnement des marchés, aux négociations commerciales et à la gestion des entreprises agricoles.
Pour ce faire, les chambres d’agriculture, les plans d’action et les services agricoles doivent adapter leurs approches afin de satisfaire les nouveaux besoins découlant du contexte de libéralisation généralisée de l’économie. Cela nécessite une refonte institutionnelle qui devrait impliquer tous les départements ministériels concernés par ces questions.
Conclusion
Au terme de cette réflexion, notre conviction est que la lutte pour la réduction de la pauvreté doit accorder la priorité à la création de richesses internes en vue d'accroître les revenus des ménages et de l'Etat. Aussi, des efforts doivent être faits par tous les acteurs à tous les niveaux pour intégrer davantage l'agriculture au marché dont les règles arrêtées de commun accord dans le cadre de l'OMC devraient être respectées par tous les opérateurs, à commencer par les pays développés.
Le Burkina Faso dispose de potentialités et d'atouts considérables sur le plan agricole qui peuvent lui permettre d'assurer un développement durable, si les conditions du marché sont un tant soit peu équitables. Pour atteindre cet objectif, les différents acteurs doivent s'organiser et se battre avec courage et détermination.
Je voudrais remercier M. Jean Paul Rouamba pour la réflexion portée sur le monde agricole et lui signifier que le Burkina Faso dispose de potentialités et d’atouts considérables sur le plan agricole qui peuvent lui permettre d’assurer un développement durable, si les conditions du marché sont un tant soit peu équilibré. Pour atteindre cet objectif, les différents acteurs doivent s’organiser et se battre avec courage et détermination.
A ce propos il est important que les partenaires au développement comprennent que, pour trouver des solutions durables à la pauvreté, il est préférable d’aider nos pays en développement à obtenir une juste rémunération de leurs produits de base sur le marché international.
En effet, souvent les montants des financements qui nous sont octroyés dans le cadre de des programmes et projets sont souvent loin de compenser les pertes de recettes dues au commerce inéquitable au plan international.
Cher ami, voici quelques considérations que je tenais à partager avec vous pour replacer le débat sur le coton dans ses enjeux réels.
Salif DIALLO