Les producteurs africains de coton vont à l'OMC
Chronique des matières premières RFI le 1° juillet 2002 (www.rfi.fr) |
Les ministres de l’Agriculture des pays producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale étaient réunis la semaine dernière à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Face aux difficultés des paysans africains producteurs de coton confrontés à des concurrents américains ou européens généreusement subventionnés par leurs gouvernements, les ministres réunis à Abidjan ont décidé de saisir les juges de l’Organisation mondiale du commerce. Leur initiative vient relayer celle de producteurs du Burkina Faso dont la plainte a été portée jusqu’aux cénacles européens par de courageux militants tiers-mondistes. «Il y a une prise de conscience des producteurs africains. Ils se regroupent pour faire face. Ils sont dans le même bain», commente le représentant en Europe d’une des plus importantes sociétés internationales de négoce du coton. Mais si la démarche est jugée utile au plan symbolique, elle laisse de nombreux intervenants du marché du coton plutôt perplexes. «C’est don quichottesque» dit un négociant parisien selon lequel, loin des grandes empoignades internationales, il faudrait commencer par rendre moins draconiennes les conditions auxquelles les banques françaises et européennes prêtent de l’argent aux producteurs africains. A Chicago, chez l’un des grands courtiers de la place, on est plus cynique. «Les Africains ont raison de protester contre les subventions, dit-on, mais ces pays pèsent si peu sur le plan international que cela ne changera rien». «Par contre, ajoute cet interlocuteur, aux Etats-Unis, les circonstances ne sont plus les mêmes que dans les années 90. La bourse, l’économie ne sont pas aussi florissantes. Il y a moins d’argent. Nouvelle loi de subvention ou pas, le budget sera bientôt plus serré et il y aura moins d’argent pour l’agriculture». Autrement dit, la solution à la crise du marché du coton ne peut venir que des Etats-Unis. Ou elle ne viendra pas. Jean-Pierre BORIS |