Les zébus azawaks et goudalis, en plus de leur adaptation au climat et au fourrage local,
ont des performances laitières tout à fait intéressantes.
J’ai déjà abordé ce thème il y a quelques mois (voir abc Burkina 270) . Les exposés de la célébration de la Journée mondiale du lait à Ouagadougou m’invitent à reprendre ce thème. En effet, une fois encore nous avons entendu répéter, sans nuance, que les vaches locales étaient peu performantes. Qu’en moyenne une vache locale donnait 110 litres de lait par lactation ; ou encore qu’au moment de la lactation elle donnait moins de 3 litres par jour. Il s’agit là de moyennes qui n’ont pas beaucoup de significations.
Pourquoi répéter qu’une vache locale donne en moyenne 110 litres de lait par an ou par lactation, alors qu’au Burkina la grande majorité des vaches sont élevées pour la viande et non pour le lait ? Pourquoi faire une moyenne entre toutes les vaches locales, alors que certaines races sont beaucoup plus performantes que d’autres. Je vous invite à relire l’abc Burkina n° 270 . Vous verrez que certaines vaches de race zébu Azawaks ou zébu Goudalis donnent jusqu’à 1 800 litres par an, avec des rendements pouvant atteindre 8 litres par jour durant la lactation.
Ces chiffres sont à comparer à ce que me disait un paysan breton à la retraite au mois de mai dernier : « Quand j’ai commencé à travailler à la ferme, dans les années 50, mes vaches laitières me donnaient 1 400 litres par an. » Ou encore à ce que nous disent les historiens. C’est ainsi que dans « L’Histoire de la France Rurale », 4 tomes publiés sous la direction de Georges Duby et Armand Wallon de 1975 à 1976, il est écrit qu’au 18° siècle, en Auvergne une vache donnait 3 à 4 litres de lait par jour au moment de la lactation, mais avec une moyenne sur l’année de un litre par jour.
De même, dans « Histoires des paysans de France », de Claude Michelet, on peut lire (p 254, un récit qui parle de la fin du 19° siècle ). « Pour les vaches par exemple. Là encore, il se souvenait des quelques maigres bêtes que possédaient certains de leurs voisins (au sud de la France), ceux dont les métairies étaient moins petites que celle de son père, lequel n’avait jamais pu élever une seule vache. Mais celles des voisins, il en était sûr, ne produisaient jamais plus que trois à quatre litres de lait par jour, pendant les cinq à six mois de leur lactation. Ici (Seine-et-Marne), et c’était à ne pas croire, les plantureuses normandes qui se bâfraient de betteraves fourragères, de luzerne et de sainfoin allaient jusqu’à donner en moyenne jusqu’à huit litre de lait par jour ! Huit litres ! et pendant au moins neuf mois. Alors, évidemment, avec de tels flots de lait, ni le beurre ni le fromage de Brie ne manquaient ! »
Il est intéressant de noter que les rendements des zébus peuls bien nourris sont semblables aux premières vaches de ce récit, et que les rendements des zébus Azawaks sont semblables aux vaches normandes qui font l’admiration du personnage nouvellement arrivé en Seine-et-Marne, à la fin du 19° siècle.
Que retenir ? Que les vaches azawaks et goudalis, en plus de leur adaptation au climat et au fourrage local, ont des performances laitières tout à fait intéressantes. Il est possible de s’appuyer sur elles pour commencer à construire une filière lait digne de ce nom. Il faudra, bien sûr, améliorer l’alimentation en partant des ressources locales (le soja, cultivé au Burkina depuis plus de trente ans, fait évidemment partie des ressources locales) ; et travailler - dans la durée et avec l’ensemble des éleveurs - sur la sélection des animaux performants.
Koudougou, le 10 août 2008
Maurice Oudet
Président du SEDELAN