Comment construire et exploiter une "ferme de spiruline"
Si les conditions ci-dessus sont remplies, et le financement du projet assuré, on peut alors envisager le lancement d’un projet de ferme de spiruline.
Conditions initiales
Il faut d’abord disposer d’un terrain d’une surface suffisante, bien ensoleillé, ne comportant pas d’arbres à proximité des bassins prévus, d’un point d’eau potable et d’électricité.
Description succincte de l’unité de production
Sur ce terrain seront implantés un ou plusieurs bassins dont la surface sera déterminée en fonction des besoins de spiruline à assurer. une maisonnette faisant office de bureau, laboratoire, magasin est également à prévoir.
Les bassins d’au moins une dizaine de m², avec une bonne étanchéité, d’une profondeur minimale de 40 cm auront des angles arrondis pour obtenir plus facilement une bonne agitation de l’eau.
La technique de construction va de l’argile aux constructions en dur avec éventuellement un revêtement par un film plastique, en passant par des bassins à armature en bois soutenant une bâche plastique.
Ces choix seront faits en fonction des disponibilités locales.
Prévoir une couverture pour protéger la surface des bassins des pluies violentes. L’ensoleillement se règle en enlevant cette couverture après les pluies ou en la prévoyant en matériaux translucides. (film utilisé pour les serres). On peut aussi n’installer aucune couverture, mais avoir une profondeur de bassin suffisante pour autoriser des précipitations de 100 mm, et procéder alors à quelques vidanges en période de pluie (inconvénient : consommation d’intrants ; avantage : économie importante sur la couverture et renouvellement du milieu de culture)
La température optimale du bain de culture est d’environ 35° C (éviter qu’elle soit supérieure à 38°C ou inférieure à 25°C).
Prévoir des ombrages (feuilles de palmiers) contre les trop grosses chaleurs ou des bâches pendant les nuits fraîches.
Dans les régions où il y a beaucoup d’insectes il est utile de protéger les bassins avec des moustiquaires.
La culture doit être agitée ce qui peut être obtenu avec des roues à aubes ou des pompes d’aquarium si l’on a du courant électrique ; sinon on agite avec un balai ou une épuisette au moins 4 fois par jour et davantage si l’ensoleillement est très puissant.
Compte-tenu des défaillances humaines fréquemment observées justement aux périodes les plus chaudes et durant les week-ends, il est conseillé, en cas d’agitation manuelle, de n’employer que des souches de spiruline peu sujettes aux "coups de soleil" (destruction par photolyse), telles que la souche Paracas.
Les bassins sont remplis à 18 ou 20 cm d’eau potable dans laquelle on ajoute des intrants qui vont assurer un pH convenable (basique mais inférieur à 11) et alimenter la culture.
A cet effet on utilise habituellement le bicarbonate de sodium et l’urée (ou des nitrates).
Pour démarrer la culture, il faut se procurer un échantillon, le plus volumineux et concentré possible. Si cet échantillon est petit, on commence la culture dans de petits récipients (bassines en plastique d’une dizaine de litres) puis on augmente le volume de culture par dilutions successives dans un rapport qui ne doit pas être supérieur à 5/1 pour que la concentration en spiruline ne soit jamais trop faible (test : un disque blanc immergé dans le bain de culture à 6 cm de la surface libre ne doit plus être visible ; on dit alors que le " secchi " est inférieur à 6) sinon la culture risque d’être détruite par insolation. Il faut alors la protéger par un écran d’ombrage mais ceci ralentit sa croissance.
Il est préférable de démarrer avec une culture d’épaisseur et de surface assez faibles, qu’on augmentera au fur et à mesure du développement de l’algue en s’assurant que le " secchi " reste toujours inférieur à 5. L’ensemencement d’un bassin de 50 m² peut ainsi demander 5 à 6 semaines en partant d’un échantillon de culture de 3 litres environ.
Quand on a obtenu une culture d’environ 18 cm d’épaisseur dans le bassin définitif, avec une concentration convenable (secchi inférieur à 3) on peut commencer à récolter chaque jour ou tous les deux jours.
Pour cela on utilise une poche en toile filtrante nylon ou polyester de maille 40 microns suspendue au-dessus du bassin, dans laquelle on verse la culture à travers un premier tamis. Ce tamis retient les débris divers (feuilles mortes, impuretés). Le filtrat retombe dans la culture. La poche retient la spiruline que l’on essore ensuite par compression.
On obtient ainsi la spiruline fraîche.
Dans des conditions normales d’exploitation et en utilisant l’urée comme intrant, la production peut atteindre 4 à 5 g par jour par m² de bassin (spiruline sèche). La consommation d’eau spécifique est très faible : il ne s’agit que de compenser l’évaporation et de renouveler périodiquement le milieu de culture pour en réduire la turbidité.
La biomasse récoltée sur le filtre est une pâte fluide ne contenant (égouttée) que 8 à 10% de spiruline sèche. Transférée dans une autre toile, elle est essorée dans un pressoir à vis ou sous une lourde charge. L’essorage élimine 50% de son humidité. Le gâteau essoré contient autour de 20% de matière sèche.
Pour conserver la spiruline jusqu'à 2 ans, il faut la sécher :
Après essorage, elle est d’abord extrudée à l’aide d’un pistolet extrudeur sous forme de macaronis disposés sur des claies en grillage de moustiquaire, par exemple.
Ces claies sont placées en saison sèche, dans des sécheurs solaires qui assurent un séchage à 5% d’eau en quelques heures.
En saison pluvieuse on doit recourir à des séchoirs chauffés au gaz butane ce qui implique une technologie un peu plus élaborée
Après séchage, les spaghettis se détachent sans difficulté des claies, ils sont friables et on les réduit manuellement en granulés ou, dans un moulin, en poudre.
Le conditionnement doit mettre le produit à l’abri de l’air et de la lumière. Des boîtes métalliques étanches ou des sachets en plastiques aluminisés et thermosoudables conviennent bien, mais grèvent le prix du produit pour des petits conditionnements.
Pour une exploitation rationnelle le personnel doit disposer d’un équipement minimum : pompes, filtres, pressoir, bassines, balances commerciale et de laboratoire, moulin, matériel de conditionnement, petit matériel de laboratoire, meubles et locaux de rangement.
Outre les manipulations liées à la récolte, au séchage et au conditionnement, on attend de lui qu’il soit en mesure de respecter les consignes d’exploitation, de faire les dosages chimiques sans erreur et de tenir une comptabilité matières rigoureuse pour la gestion des matières premières et des produits finis. Il faut donc sur le site au moins une personne du niveau B.E.P.C. minimum.
Pour un examen plus approfondi de la technique de production et de l’utilisation de la spiruline, on pourra se procurer auprès de TECHNAP les documents suivants :
- Livret guide de Production de la spiruline
- Livret guide d’Utilisation de la spiruline