Conte gouin par Mme Justine Fayama

9. Le cultivateur, sa femme et les génies

Il y a longtemps, un cultivateur travaillait dans son champ.

Un matin, l’homme part, comme d’habitude, à la recherche de termites pour ses poules. Sa femme allume le feu pour la cuisine. Or, une famille de génies vit à côté du champ. En voyant la fumée de la femme, le vieux génie envoie le plus jeune chercher du feu.

Ce dernier arrive et demande à prendre du feu. La femme lui dit : « Attends, quand mon mari sera de retour. Je vais prendre le rasoir. »

Le petit génie s’assit. Quelque temps après, le vieux est inquiet et envoie l’aîné voir ce que fait son frère. Il part trouver son petit frère assis et lui dit : « Kunkelen, le vieux t’a envoyé chercher du feu et tu es venu t’asseoir ? »

Le petit frère lui répond : « C’est cette femme bavarde qui veut me raser ».

Le grand frère dit : « Elle va me raser aussi. » Et il s’assoit.

Peu après, le vieux, toujours inquiet, envoie son troisième fils qui trouve ses deux frères assis l’un à côté de l’autre. Il demande à son frère cadet : « Kunkelen, le vieux t’a envoyé chercher du feu et tu es venu t’asseoir ? ».

Le petit frère lui répond : « C’est cette femme bavarde qui veut me raser ».

Le grand frère répète : « Elle va me raser aussi. » Il s’assoit à côté d’eux.

La même chose se répète avec le quatrième, le cinquième, jusqu’au neuvième fils. Le vieux vient alors lui-même demander à son plus jeune fils: « Kunkelen, je t’ai envoyé chercher du feu et tu es venu t’asseoir ? ».

Le petit lui répond : « C’est cette femme bavarde qui veut me raser ».

Le vieux dit : « Elle va me raser aussi. » Il s’assoit à côté de ses fils.

La femme ne sait plus que faire de ces génies qui l’entourent. Elle cherche à résoudre ce problème. Son mari n’est pas là, elle est seule. Que faire ? Elle ne peut plus préparer sa cuisine.

Quelque temps après, le mari revient et voit sa cour remplie de génies. Pris de peur, il ne s’approche pas. Il reste à distance et demande à sa femme : « Pourquoi ces génies sont-ils dans la cour ? »

La femme répond : « Le plus petit est venu chercher du feu et je lui ai demandé de s’asseoir, lui disant qu’après ton retour, j’allais le raser. Les autres sont ensuite arrivés un à un en lui demandant : « Tu es venu t’asseoir, tu es venu t’asseoir ? »

Le mari lui jette le couteau qui était dans sa poche, laisse ses termites et s’enfuit. Le mari parti, la femme cherche un moyen de s’enfuir à son tour. Elle se lève, fait semblant de ramasser du bois mort, s’éloigne petit à petit et disparaît, prenant la fuite pour rejoindre son mari. Quand les génies s’aperçoivent que les propriétaires du champ ont pris la fuite, ils prennent tout ce qu’ils trouvent : moutons, chèvres, poules, pintades. Ils les tuent et les mangent.

Depuis ce jour, quand quelqu’un demande un champ, le chef de terre exige soit un mouton, soit une chèvre, soit une poule ou une pintade pour l’offrir aux génies.

C’est cette femme qui a provoqué cela : habituer les génies à manger les animaux.

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