En France : Un rapport de l'Assemblée nationale
Une « exception agricole » pour les pays pauvres

« L'agriculture, 
levier du développement du Sud ».

Nous sommes heureux de vous présenter ce dossier qui montre que le thème de l'exception agricole (voire de la souveraineté alimentaire) fait son chemin. Nous espérons que de tels dossiers feront très bientôt leur apparition dans les Assemblées Nationales des pays du Sud, notamment en Afrique de l'Ouest.

 

Tel est l'intitulé du rapport que François Guillaume, député UMP de Meurthe-et-Moselle, a
dévoilé le 4 février.

L'exception agricole

Il y suggère d'accorder aux pays pauvres « une exception agricole » et recommande de créer des marchés communs régionaux. « Le libre-échangisme généralisé n'est pas une bonne réponse. Il faudrait que les pays en développement bénéficient d'une exception alimentaire comme il existe une exception culturelle en France », a déclaré le député UMP de Meurthe-et-Moselle, François Guillaume, en présentant son rapport. A l'appui de cette proposition : le fait qu'aujourd'hui 800 millions de personnes souffrent de malnutrition à travers le monde. « Un véritable continent d' affamés », avait dit il y a quatre ans, le directeur général de l' Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf. L'inconvénient c'est que pour relever ce qui « constitue le défi de ce siècle, nourrir la planète », il faudrait « accélérer la cadence », a insisté l'ancien ministre de l'Agriculture. Car l'objectif que s'était fixé l'ONU en 2000 de réduire d'ici 2015 le nombre de personnes sous-alimentées « est hors de portée », remarque le rapport. Guerre de subventions Pour « relever ce défi alimentaire », il n'existe, selon lui, pas beaucoup de solutions. Car les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sont conçues « par et pour les pays riches », dénonce le rapport qui pointe aussi « la diminution de la part des pays en développement dans les exportations mondiales de produits agricoles transformés » entre les deux dernières décennies. A vrai dire, « pour nourrir tous les hommes d'ici 2030, il faudrait multiplier par deux la production agricole mondiale », plaide François Guillaume qui pense par ailleurs que l'Union européenne et les États-Unis « poursuivront leur guerre de subventions ». C'est pourquoi, le rapport suggère aux pays en développement de « protéger temporairement leurs agricultures vivrières dans le cadre de marchés communs régionaux » et de « stabiliser les prix des produits de base » par « une politique internationale de régulation des prix des quantités ». Concrètement, ces marchés régionaux pourraient appliquer des droits de douane appelés « prélèvements variables ». Ces taxes pèseraient sur l'importation des produits agricoles de pays développés. « Les Européens avaient bien mis en place ce système dans les années 60, à la naissance de la politique agricole commune », a-t-il justifié.

OPEP agricole

En plus de l'annulation « en tout ou partie de leur dette publique », les pays pauvres pourraient mieux réguler leurs échanges agricoles en s'appuyant notamment sur une « meilleure organisation de l'offre », suggère le rapport.

François Guillaume leur propose ni plus ni moins que de s'organiser en « OPEP des produits agricoles », comme les groupements de producteurs agricoles français. Ce système pourrait être couplé avec la généralisation du commerce équitable, a-t-il avancé. « Cela permettrait aux agriculteurs locaux de récupérer une partie de la valeur ajoutée qui s'échappe tout le long de la filière », a-t-il précisé en n'oubliant pas de préciser « que l' appauvrissement du Sud est source de chômage dans le Nord ». Mais cette dérogation au libre échange économique sera-t-elle acceptée par la Commission européenne, l'OMC et le G8 ? La question reste posée.

Ce rapport est disponible sur le site de l'Assemblée nationale : www.assemblee-nationale.fr

 

Document transmis au SEDELAN par Samuel Diéval de l'Afdi - Agriculteurs français et développement international 11, rue de la Baume 75008 Paris

Koudougou,

le 8 février 2004

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