Pour mieux comprendre les APE (Accords de Partenariat Economique) :

Regardons du côté de l'Amérique Latine !

En mai 2004, les Etats-Unis d’une part, et le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, l’Honduras, le Nicaragua et la République dominicaine d’autre part ont signé un accord commercial nommé DR-CAFTA. Il s'agit d'un accord de libre-échange. Il ressemble fort à ces APE que l'Europe veut signer avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) En son temps, le gouvernement du Salvador et les partisans de l'accord en vantaient les mérites, tandis que ses détracteurs mettaient en avant les risques qu’un tel accord comportait. Aujourd'hui il est possible d'en tirer un premier bilan : il est catastrophique pour les paysans du Salvador.
Voici donc quelques extraits d'un article disponible sur Internet
( http://www.alterinfos.org/spip.php?article608 )

" Après sept mois d’application de l’accord de libre-échange avec les États-Unis, de petits agriculteurs ainsi que des économistes d’El Salvador signalent que l’accord ne profite qu’à un nombre restreint de secteurs au détriment de la majorité de la production nationale et de milliers d’emplois.

" L’économiste Raúl Moreno est catégorique : l’accord, depuis son entrée en vigueur le premier mars, n’a bénéficié qu’à un groupe de grands entrepreneurs, principalement des importateurs, et a porté préjudice aux secteurs agricoles ainsi qu’aux consommateurs.

Le DR-CAFTA « est le coup de grâce pour l’agriculture d’El Salvador, dont certains secteurs comme la production du riz vont disparaître un an après l’entrée en vigueur de l’accord », ce qui impliquera la perte de la souveraineté alimentaire, a-t-il signalé à l'agence de presse d'Amérique latine  IPS.

Miguel Alemán, dirigeant de la Confédération des fédérations de la réforme agraire, nous a également fait part de ses préoccupations quant à l’avenir de l’agriculture salvadorienne. Il a déclaré que « le CAFTA, tel que nous le dénonçons, signe l’arrêt de mort de plusieurs secteurs puisqu’il a, par exemple, des répercussions négatives sur 400 000 producteurs de céréales ».

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Moreno rappelle que le secteur rural constitue l’un des principaux facteurs de déséquilibre avec les États-Unis puisque celui-ci bénéficie d’un programme d’aide gouvernementale dont les subventions couvrent jusqu’à 80% de la production. Ceci permet de baisser considérablement les prix.

« Si à cela nous ajoutons le fait qu’ils [les États-Unis] ne paient plus de taxes douanières pour faire entrer leurs produits au Salvador, la situation pour les producteurs nationaux se complique encore », ajoute-t-il...

Alemán indique, à titre d’exemple, que « le sac d’engrais, l’année dernière, nous coûtait 18 dollars et maintenant il a atteint 23 dollars. Le quintal de maïs criollo [4] nous le vendions 11 ou 12 dollars alors que cette saison nous le vendons seulement 8,50 dollars ».

« Avec le CAFTA, le maïs produit aux États-Unis est vendu au Salvador 6,40 dollars. Alors, qui va nous acheter le nôtre ? », se demande le petit producteur. « L’année dernière, je cultivais un peu moins d’un hectare de maïs pour la consommation de ma famille, mais maintenant je vais arrêter car ce n’est plus rentable », ajouta-t-il.

« En cinq ans, nous serons complètement en faillite, confrontés à une crise de production et nous ne pourrons plus assurer l’alimentation du pays », a prévenu le syndicaliste.

 

Commentaires de abcBurkina : Nous avons déjà présenté le cas du Mexique

( http://www.abcburkina.net/vu_vu/vu_11.htm )

Voici maintenant le cas du Salvador. A chaque fois, les premières victimes de ces accords sont les paysans. Qui peut encore prétendre que les accords de libre-échange que sont les APE sont bons pour l'Afrique de l'Ouest composée en majorité de paysans et d'éleveurs ? Oui, avec la Confédération Paysanne du Faso, nous disons : Changeons de Cap : Pas d'APE sans une reconnaissance préalable de la Souveraineté alimentaire de nos pays, et de la Politique agricole de la CEDEAO, cette politique nommée ECOWAP.

Koudougou, le 3 novembre 2006
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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