Au Burkina, le vendredi 29 septembre 2006.
" Le ministre de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources halieutiques, Salif Diallo, était en visite le mardi 26 septembre 2006, dans la ferme SOFITEX de Boni (près de Houndé) dans la province du Tuy. Il a pris connaissance des avantages, surtout financiers, que présente la production transgénique du coton. Au terme de la visite, Salif Diallo est sorti de sa réticence à propos de l'introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans la production cotonnière au Burkina. Mieux, dans l'entretien qu'il a eu avec quelques journalistes, il spéculait déjà sur la plus-value que les différents acteurs pourront réaliser avec cette technique nouvelle et sur le regain de compétitivité que le coton transgénique pourra conférer au marché cotonnier national. Et fièrement, il a annoncé que dès 2007, les producteurs de coton allaient se lancer dans la culture du Coton Bt. "Nous avons même nos réserves de semence" a-t-il dit. " (Source : "Le Pays").
Cette optimisme, est en contradiction avec les échos qui nous viennent de l'Inde où les producteurs ont expérimenté ce coton Bt depuis plusieurs années. Là-bas, des milliers de producteurs de coton Bt se sont déjà suicidés faute de pouvoir remboursé leurs dettes. RFI (Radio France Internationale) en parlait sur ses antennes il y a quelques jours). De plus, nous apprenons (voir ci-dessous) que les moutons aussi meurent par milliers.
Inde : des milliers de moutons empoisonnés par du coton OGM Des récentes études sur la culture du coton génétiquement modifié ont soulevé de nouvelles inquiétudes quant à son innocuité tant dans l’alimentation que dans l’habillement. En Inde (état d’Andhra Pradesh, district de Warangal), un rapport préliminaire publié à la fin du mois d’avril a montré que des milliers de moutons sont morts après avoir brouté des terres sur lesquelles du coton OGM avait été cultivé. Les moutons et les chèvres ont commencé à mourir après sept jours de pâture continue de feuilles tendres et de cosses de coton Bt (Bacillus thuringiensis) qui restaient dans les champs après la cueillette. Une étude a été menée par une équipe de recherche composée de cinq membres (deux d’Anthra, une O.N.G. travaillant aux questions de bétail - un scientifique vétérinaire, Dr. Ramesh et un chercheur de champ, M. Apparao-, M. Jamalaiah, secrétaire de l’Union des bergers d’Andhra Pradesh, et deux scientifiques du Centre pour l’Agriculture Soutenable travaillant sur les questions du coton Bt, M.S. Ramprasad, et M.G. Rajashekar). Les principaux symptômes rapportés par les bergers sont : 1. les moutons deviennent tristes/déprimés après 2-3 jours 2. toux avec décharge nasale 3. lésions rougeâtres dans la bouche 4. gonflement 5. diarrhée noirâtre 6. parfois urines rougeâtres 7. la mort dans les 5-7 jours de pâturage sur les champs de coton de Bt Dans le village Ippagudem, mandal de Ghanapur, sur 2601 moutons qui ont appartenu aux 42 bergers, 651 moutons sont morts, qui implique un taux de mortalité brut de 25%. La même proportion est observée dans le village Valeru, mandal de Dharmasagaram ; un peu moindre (22%) dans le village Unkkucherla, mandal de Dharmasagaram ... etc. Contacté par Inf’OGM, un des auteurs de l’étude a expliqué que la dernière utilisation de pesticides sur ces champs datait d’un mois avant la récolte et que les agriculteurs n’avaient pas pour habitude d’utiliser des insecticides contenant du Bt les années précédentes. Or, la seule nouveauté était l’introduction du coton Bt. En décembre 2005, une étude avait montré que les cueilleurs de coton OGM présentaient de graves réactions dermatologiques avec des démangeaisons et des cloques laissant une décoloration de la peau qui perdurait après cinq mois. L’Association médicale britannique avait déjà signalé que les OGM pouvaient présenter certains risques parmi lesquels la résistance aux traitements contre les maladies sexuellement transmissibles dûe à l’utilisation de protections périodiques en coton OGM. Les OGM peuvent aussi faire mourir de désespoir... : les cultures de coton OGM ont été suspendues en Inde à la suite de nombreux suicides de personnes endettées pour payer ce coton très coûteux. Cette réalité à poussé le Comité indien d’approbation de génie génétique (GEAC) à admettre, après trois ans de pratique, que la culture des cotons Mech-184 Bt, Mech-162 Bt et Mech-12 Bt de Mahyco-Monsanto était un échec. L’économie des champs de coton Bt et non-Bt d’après les bergers cultivateurs (en Roupies) : Par acre coton Bt Variété Non-Bt Investissement 9 000 [1] 5 000 [2] Recette 10 quintaux × 1 800 = 18 000 8 quintaux × 1 800 = 14 400 Bénéfice 9 000 9 500 Sources : http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=9217 qui utilise les sources suivantes : - GE Free NZ, 9 mai 2006 - GMWatch, avril 2006
Nous serions plus confiant en l'avenir du coton au Burkina si nous apprenions que le gouvernement burkinabè avait dépêché son Ministre de l'Agriculture en Inde pour enquêter auprès de tous les acteurs de la filière indienne du coton, avant de lancer officiellement la production du Coton Bt au Burkina. L'urgence n'est-elle pas d'attendre les résultats d'une telle mission en Inde ?
Koudougou, le 4 octobre 2007 Maurice Oudet Président du SEDELAN
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