Le lièvre et le chef

(Conte traduit du mooré)

Le lièvre s’était lié d’amitié avec le chef du village. Un jour, après un repas qui avait été plus abondant que de coutume et où la bière avait coulé à flot, le lièvre provoqua le chef du village et lui dit :

- Tu auras beau faire, je suis plus malin que toi.

- Pour qui te prends-tu ? , rétorqua le chef.

- Et bien, répondit le lièvre, nous allons en faire la preuve.

- Je suis, d’accord. Si tu arrives à te montrer plus rusé que moi, je te donnerai 80 bœufs de mon troupeau, mais si c’est moi qui gagne, je ne te réclamerai que sept têtes de tes moutons…

Comme la fête annuelle du village devait avoir lieu dans quelques jours, le lièvre proposa :

- Toi et moi, nous allons préparer de la bière pour la fête, on va parier sur ce point : quel est celui qui va présenter la meilleure bière et en plus grande quantité ?

- Mais, mon pauvre lièvre, tu es ridicule ! Tu vis seul avec ta hase, ta seule femme. Comment pourrra-t-elle concurrencer mes 20 femmes ?

- Inutile de vouloir comparer le serpent avec une tige, quand on peut mesurer avec ses yeux, répondit le lièvre.

L’avant-veille de la fête, les familles se mirent en frais pour la préparation de la bière : on ramassa le bois, on alluma les feux…

Pendant ce temps, le lièvre, après avoir averti la hase, descendit dans l’unique puits du village et se cacha dans une cavité au fond près de l’eau.

Quand les femmes du chef vinrent en bande pour puiser de l’eau, une voix d’outre-tombe sortit du puits :

Femmes à la démarche de reines, attention ! Je suis dans le puits et je vous y attends.

Aussitôt, abandonnant leurs seaux et leurs canaris, elles s’enfuirent chez le chef…

Alors le chef envoya ses serviteurs avec des bâtons, ils regardèrent dans le puits, ils ne virent rien. Un des serviteurs se préparait à descendre, alors, une voix qui semblait sortir du fond du puits :

- Serviteur du chef, attention ! Je me repose dans les profondeurs du puits, ne me dérange pas, sinon je t’attends…

Sans attendre son reste, le serviteur qui avait enjambé la margelle du puits, d’un coup de rein, ressortit et rejoignit ses compagnons, qui avaient déjà regagné la maison du chef ?

Tous étaient surexcités dans la cour du chef, mais personne n’osait plus s’approcher du puits maudit…Pendant ce temps la hase venait puiser de l’eau…

Le jour de la fête, la hase se présenta chez le chef avec une gourde de bière. Elle était accompagnée par son mari le lièvre, habillé en jour de fête…

Le chef comprit alors le subterfuge du lièvre…ne se fâcha pas…félicita le lièvre…et lui fit donner séance tenante les 80 bœufs qu’il avait gagnés. Bien plus, il couvrit Poko la hase de présents.

Le chef n’était peut-être pas un rusé, mais c’était un sage.

Si ton ennemi est plus fort que toi,
tends lui la main de la paix.
Conte moosi

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