L'Afrique de l'Ouest se prépare à transformer son coton |
Le cours du coton sur le marché mondial connaît actuellement une hausse importante. Mais cette hausse est conjoncturelle. Elle est due à la forte demande des industriels chinois.
Les africains n'oublient pas que leur production de coton continue d'être menacée par les producteurs de coton américains fortement subventionnés. En une semaine, fin octobre, ces derniers ont exporté 1 238 000 balles de coton-fibre vers les ports chinois. Aussi, les africains maintiennent la pression sur la communauté internationale pour qu'une solution soit trouvée aux problèmes des subventions des pays développés à leurs producteurs de coton. En même temps, l'Afrique de l'Ouest continue d'explorer et de préparer une autre voie : A ce sujet, le quotidien burkinabé d'information Sidwaya a publié, dans son numéro 4876 daté du 7 novembre, un interview intéressant du président de la Banque Ouest Africaine du Développement (B.O.A.D.), M. Boni Yayi. Dans cet interview, il rappelle qu'il n'y a pas si longtemps l'Afrique exportait son coton brut (son coton-graine, c'est à dire non égrené). Il est temps de passer à l'étape suivante : transformer notre coton-fibre en tissu et en produits finis. A l'initiative de la BOAD différents ateliers ont été organisé, si bien "que nous disposons maintenant d'une stratégie que nous dénommons "agenda sous-régional 2000", nous dit M. Yayi. Cet agenda comporte, entre autres, la création d'un fonds d'investissement sous-régional appelé à régler les problèmes de financement de la transformation du coton. Tout investisseur devrait pouvoir trouver dans ce fond de quoi satisfaire ses attentes. Il y a aussi la mise en place d'un programme régional de formation. En effet, les métiers du textile nécessitent des capacités pointues ! L'Ile Maurice a réussi à transformer son territoire en une zone d'industries textiles. Pourquoi l'Afrique de l'Ouest ne pourrait-elle pas en faire autant ? ! Quand on lui demande quels sont les obstacles à l'émergence d'une industrie textile, il répond : "Les obstacles existent. Il faut une volonté politique qui doit être déclinée en stratégie. Lorsque je rencontre les chefs d'Etats de l'Union (UEMOA), chacun dit : "allons à la transformation." Le président Blaise Compaoré que je viens de rencontrer a insisté là-dessus. Cette volonté politique est fondamentale et nous sommes sur la bonne voie. A la dernière question "L'échec de Cancun constitue-t-il alors une chance ?" Le président de la BOAD répond : "Sur ce plan, c'est une chance parce que ça va accélérer notre degré de prise de conscience. Depuis Cancun, la BOAD est assaillie. On nous dit : 'Monsieur le Président, il faut qu'on aille dans la direction de la transformation de notre coton.' Sur un autre plan, je refuse de dire que c'est une chance, car il faut préserver la production. S'il n'y a pas de production, que va-t-on transformer". Maurice Oudet |