Ne vous contentez pas d'une « qualité acceptable ! »
Consommez le riz étuvé du Burkina !
Le 1° octobre 2009, nous avons publié un plaidoyer en faveur du riz étuvé . Ensuite, un peu avant Noël 2009, nous avons participé à un débat télévisé sur les qualités du riz étuvé. Participaient au débat : un producteur de riz de Bama, une femme qui étuve le riz de Banzon, un médecin nutritionniste, un représentant de la ligue des consommateurs et moi-même. Ce débat est passé sur la télévision nationale peu après.
Je crois pouvoir affirmer qu’aujourd’hui les mentalités sont en train de changer. Bien sûr, la demande en riz blanc est encore très forte, mais ceux qui ont essayé le riz étuvé (notamment la variété TS2, commercialisé sous le nom de « anyongontè » (en jula), c'est-à-dire « qui n’a pas son pareil »), sont étonnés et sont unanimes pour dire que ce riz est différent, et surtout qu’il est excellent. Les cuisiniers et les cuisinières nous disent qu’il est facile à cuire et même qu’il gonfle !
Et voilà que l'actualité donne raison à tous ceux qui se sont déjà tourné vers le riz burkinabè. Depuis quelques jours un débat s'est instauré autour de l'importation de riz déclaré impropre à la consommation humaine et animale par l'ambassade du Burkina à Accra et la représentation du Conseil Burkinabè des Chargeurs. En effet, 2 000 sacs de ce riz ont été importé au Burkina. Et voilà que ce riz, après analyse (nous dit-on), est maintenant déclaré de « qualité acceptable » par le ministère du commerce.
Quoiqu'il en soit, le ministère du commerce sait bien (mais laisse faire) qu'une grande partie du riz importé au Burkina Faso provient de stocks asiatiques initialement destiné aux animaux. Des stocks de riz qui ont plus de 5 ans d'âge. On ne peut guère espéré plus qu'une « qualité acceptable »!
Et comme le prix du riz blanc importé a augmenté, et est donc maintenant aussi cher que ce riz étuvé, pourquoi encore hésiter ! Changeons nos habitudes. Préservons notre santé ! Choisissons la qualité ! Tournons-nous vers le riz produit localement. Mieux, vers le riz étuvé du Burkina.
Ne nous contentons pas d'une « qualité acceptable »!
Consommons le riz étuvé du Burkina !
Même les institutions commencent à se tourner vers ce riz étuvé.
Et comme le prix du riz blanc importé a augmenté, et est donc maintenant aussi cher que ce riz étuvé, les institutions se tournent vers ce riz étuvé.
Par exemple, le centre d’accueil du diocèse de Koudougou prépare actuellement du riz étuvé en provenance du Sourou. La maison Lavigerie près de Ouaga, une maison de formation des Missionnaires d’Afrique, a également fait le choix du riz étuvé. Et surtout, la SONAGESS (Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire) s’intéresse maintenant au riz étuvé. C’est ainsi que la Coopérative agricole de Niassan (CANI) vient de signer une convention avec la SONAGESS. Elle s’est engagée à livrer à cette société nationale 60 tonnes de riz étuvé à un prix relativement intéressant. Convention qui sera sans doute renouvelée si tout se passe bien.
Les consommateurs l’apprécient, surtout sous la préparation dénommée « riz gras au soumbala ». En fin de semaine, le restaurant de Bama (à 25 km de Bobo), situé sous les manguiers, est devenu un lieu de sortie pour les bobolais. Ils s’y rendent pour y consommer « son riz gras au soumbala », préparé avec le riz étuvé par les femmes de Bama.
Le riz gras au soumbala, préparé avec du riz étuvé, et accompagné « d’un poulet bicyclette », est appelé à détrôner le poulet yassa du Sénégal. Ne soyez pas le dernier à le découvrir !
Au Sourou, comme partout ailleurs, les femmes étuveuses s’organisent pour pouvoir offrir un riz de qualité. Après avoir construit des aires de séchage (afin d’offrir un riz propre et sans caillou), elles sont en train d’acquérir des batteuses que l’on actionne avec le pied, tout en présentant les gerbes de riz à la partie mobile qui arrache les grains de riz paddy sans les casser. En effet la méthode traditionnelle, où les gerbes de riz sont frappés, avec force, sur un vieux bidon de deux cents litres a deux inconvénients : une partie des grains est perdue, tandis que d’autres grains sont brisés.
Enfin, rappelons que pour éviter que les commerçants de la place ne commercialisent le riz étuvé du Sourou dans des sacs faisant croire que le riz vient de Thailande ou d’ailleurs, les producteurs de riz du Sourou ont ouvert leur propre magasin avec l’enseigne « Riz étuvé du Sourou ». Magasin situé à Pissy, tout près de la route de Bobo.
Oui, le riz étuvé burkinabè semble destiné à un bel avenir, et, avec lui, les producteurs de riz et les femmes étuveuses.
Koudougou, le 4 février 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN
* Rappelons que le riz étuvé est un riz qui a subi un traitement à la vapeur avant d'être décortiqué. La valeur nutritive est ainsi moins affectée par le polissage. Le riz étuvé est légèrement translucide et jaunâtre, mais il blanchit à la cuisson et ne colle pas. Il est plus léger et de saveur plus délicate que le riz brun.