Je rentre d’un bref séjour au Nigeria. Quelques jours à Osogbo, et deux jours à Ibadan. Ces deux jours à Ibadan m’ont donné l’occasion de visiter l’Institut International d’Agriculture Tropicale (International Institute of Tropical Agriculture, IITA, d’Ibadan). Une visite trop brève, mais très intéressante. Il s’y fait de nombreuses recherches très concrètes qui méritent d’être davantage vulgarisées, notamment celles sur la culture des ignames.
L’igname (yam en anglais, ñame en espagnol et dioscorea pour les scientifiques) est très répandue dans les régions tropicales bien arrosées (plus de 1 500 mm de préférence) comme le sud du Burkina ou le Nigeria, premier producteur du monde (plus des 2/3 de la production mondiale qui s’élève à 40 millions de tonnes). L’igname est une plante herbacée à tige volubile qui est cultivée pour ses tubercules. Ces tubercules pèsent le plus souvent entre 3 et 5 kg, mais peuvent atteindre 15 kg pour certaines espèces.
A noter que de bonnes pratiques de conservation permettent de disposer d’igname toute l’année, et donc aux producteurs d’augmenter ses bénéfices en les vendant aux meilleurs prix.
En faisant le tour de l’immense domaine de cet Institut à vocation international, j’ai été frappé par un joli champ d’ignames. Ce qui m’a impressionné, c’est de voir que chaque plant d’igname profitait d’un tuteur. Et notre interlocuteur nous a dit que grâce à ces tuteurs la production peut passer de 20 tonnes à l’hectare à 40 t / ha. Même si ailleurs, par après, j’ai lu que l’introduction de tuteurs dans la culture des ignames permettait d’augmenter les rendements de 50 %. Cela reste tout à fait intéressant ! Il faudra aussi, très certainement augmenter la fumure organique. On recommande souvent un apport de 15 à 20 tonnes de fumier bien décomposé à l’hectare. On estime le plus souvent qu’en condition de culture traditionnelle sans engrais, la production est « faible » : 12 à 15 tonnes à l’hectare. Dans le « Memento de l’Agronome » (Edition La Documentation Française) on peut lire : « les rendements sont de l’ordre de 20 t/ha, mais peuvent facilement doubler avec de bonnes conditions culturales. L’utilisation de tuteurs fait certainement partie de cette bonne pratique.
Mais son importance varie selon les espèces. Les espèces précoces seraient celles qui en profitent le plus.
A Ibadan, les chercheurs organisent de nombreux stages au profit des paysans. Ils peuvent en organiser à l’extérieur, comme au Burkina. Mais la demande doit venir du gouvernement ou d’un institut de recherche officiel. Les organisateurs de la fête de l’igname de Léo (au sud du Burkina) pourrait s’intéresser à l’organisation d’un tel stage dans leur agglomération.
Koudougou, le 22 octobre 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN