Les paysans ont appris à conserver leurs haricots

Quand je visitais les villages dans les années 70 et 80, souvent au mois d’octobre ou de novembre, j’ai eu l’occasion de manger quelques bons plats de haricots, assaisonnés d’huile de karité. Ces haricots, cultivés au Burkina et dans une grande partie de l’Afrique, sont appelés « niébé ». Or le niébé a un ennemi, un parasite nommé « bruche ». A cette époque, les paysans ne savaient pas comment lutter contre la bruche du niébé. Aussi, ils bradaient rapidement leurs récoltes à vil prix. Ils savaient que les haricots allaient bientôt être abimés et qu’ils seraient immangeables et invendables. Aujourd’hui la situation est tout autre.

Hier encore j’ai mangé des haricots cultivés au Burkina et récoltés en septembre ou octobre 2008. Ils étaient très bien conservés. C’est qu’aujourd’hui les paysans savent conserver leurs haricots. Ils ne craignent plus la bruche qui ravageait leur récolte.

Il y a plusieurs manières de conserver le niébé. Il est bon, avant de le stocker de le chauffer au soleil pour chasser ces fameuses bruches. Ensuite, il faut stocker les graines dans un récipient bien fermé contenant le moins d’air possible. Les bruches ne peuvent pas vivre sans air, encore moins se développer.

 Au marché de Tougan, un sac pour le niébé au milieu des autres...Aujourd’hui, on trouve sur le marché, à un prix abordable, des sacs confectionnés à cet effet. Il s’agit de L'Université de Purdue aux Etats-Unis soutient la vulgarisation de ces sacs pour le stockage du niébésacs composés de trois couches. A l’extérieur, c’est un sac comme les autres, composé de fibres en plastique. Mais à l’intérieur, il y a deux sacs en plastique transparent. Ces sacs sont imperméables à l’air. Une fois fermé, l’air ne peut pénétrer à l’intérieur. Le premier contient le second. A la récolte, le producteur verse sa production dans le sac intérieur et ferme le sac de façon à laisser le moins d’air possible à l’intérieur. Il ferme ensuite le deuxième sac en plastique (qui offre une protection supplémentaire) de sorte que l’air ne puisse pas pénétrer. Enfin, il ferme le sac extérieur : le rôle de ce dernier est de protéger les deux sacs intérieurs de tout choc qui risquerait de les percer.

 

 

 

A l'intérieur se trouvent deux sacs (l'un dans l'autre) qui ne laisse pas passer l'air ! Ces sacs à triple enveloppe facilitent le travail de stockage des paysans.

La photo ci-contre, prise au marché de Gouran au mois d’août dernier, montre que les paysans ont déjà Août 2009. Au marché de Gouran, cette femmes vend (à bon prix) ses haricots parfaitement conservés.adopté ces sacs qui ont fait récemment leur apparition sur les marchés burkinabè. En hivernage, les haricots se vendent trois fois plus cher qu’aux mois d’octobre ou novembre. Ce sont donc des revenus supplémentaires pour ceux des paysans qui arriveront à ne pas brader leur production à la récolte. D’où l’importance, aussi, des Caisses d’Epargne et de Crédit pour une meilleur gestion des récoltes et des recettes des paysans. Peu à peu, ils pourront ainsi se dégager de la domination des commerçants.

Comme quoi une idée simple peut être efficace et améliorer le sort des paysans.

Koudougou, le 5 septembre 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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