Les consommateurs urbains apprécient de plus en plus les produits locaux.
Depuis que la Confédération Paysanne du Faso a pris l’initiative d’ajouter une journée de réflexion pour ses membres, en 2006, à Gao, ce qu’on appelle toujours la Journée Nationale du Paysan s’étale maintenant sur trois jours. Cette année, elle s’est tenue à Koudougou, les 12, 13 et 14 mars 2009, avec pour thème : « la diversification des productions agricoles ».
Comme le gouvernement s’est dépêché de prendre en main la journée de réflexion, les documents distribués aux participants de cette journée font apparaître davantage les préoccupations de l’Etat que celles des producteurs. C’est ainsi que si vous vous demandez quel est l’intérêt de l’Etat pour la diversification agricole, la note introductive à l’atelier « Agriculture » comblera votre attente. A la première place, il est mentionné :
« La volonté de l’Etat de réduire le budget des dépenses de support à l’agriculture ».
Et cela, au moment même, où les paysans réclament que le gouvernement burkinabè respecte l’engagement qu’il a pris à Maputo, au cours d’une réunion de l’Union Africaine : « Consacrer 10 % du budget national à l’agriculture ».
Et cela, au moment où circule un document qui évalue les réalisations du « Programme d’Actions Prioritaires de mise en œuvre du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté pour 2008 ». Ce document nous dit :
« Pour le département de l’agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques, on enregistre au cours de l’année 2008, un cumul annuel de dépenses de 45 239 346 000 FCFA sur une programmation de 89 382 736 000 FCFA, soit 50,61% de taux d’exécution financière.
Concernant le Ministère des ressources animales, la programmation annuelle révisée était de 7 005 380 339 FCFA. On enregistre au 31 décembre 2008, une dépense d’environ 3 565 729 640 FCFA, soit un taux d’exécution de 50,90 %. »
Cela laisse rêveur. Quand suite à la crise alimentaire, la plupart des gouvernements ont compris la nécessité d’investir dans l’agriculture, le gouvernement burkinabè chercherait-il à faire des économies sur le secteur agricole, en diminuant les budgets attribués à ce secteur et, ensuite, en ne les réalisant qu’à moitié ? C’est inquiétant !
Heureusement, la foire agricole qui s’est tenue pendant ses trois jours a été un vrai succès. Les visiteurs interrogés étaient unanimes pour dire « Les paysans burkinabè nous ont montré qu’ils sont capables de produire tout ce dont nous avons besoin pour notre alimentation ! Si, en plus, on met en place une bonne politique agricole, nous pourrons bientôt exporter ! ».
Le stand de « La laiterie du Boulkiemdé », avec ses différents produits laitiers (Gappal – boisson à base de Yaourt et de farine de petit mil -, lait frais, yaourt, dégué, fromage frais et fromage frit) a eu beaucoup de succès. Depuis la très forte augmentation du prix de la poudre de lait, les consommateurs ont appris à apprécier les produits à base de lait local. Notamment la femme du Premier Ministre qui est passée deux fois au stand. Elle a notamment beaucoup apprécié le Gappal.
La foire donnait aussi aux paysans l’occasion d’afficher leurs préoccupations. Comme ceux du stand ci-contre qui n’ont pas eu peur d’inventer un nouveau mot pour signaler que le manque de structures (notamment de chambre froide, de magasin de stockage) les oblige trop souvent à « brader » leurs productions. La Confédération Paysanne du Faso, a tenu, elle, à présenter les messages suivants : « Pour garantir une sécurité et une souveraineté alimentaire au Burkina Faso facilitons l’accès des producteurs aux intrants dans toutes les filières agricoles. » Ou encore « La Souveraineté alimentaire requiert l’accès des acteurs aux moyens de production. »
Le dernier jour, c’était les échanges directs entre les paysans et le Président du Faso. Dans son mot d’introduction, il a insisté sur la nécessité de garantir la souveraineté alimentaire du pays et d’assurer la sécurité alimentaire des populations.
Koudougou le 15 Mars 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN