"Les grandes orientations de la Politique Agricole de l'UEMOA"
Le rapport (en deux volumes) de la Commission de l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine qui comprend les 8 pays : Bénin, Burkina-Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) sur "Les grandes orientations de la Politique Agricole de l'UEMOA" est disponible sur la page d'accueil du site Agridoc (www.agridoc.com). Que pouvons-nous en dire ?
Brève analyse du document :
On trouve dans ce rapport de bonnes analyses sur la situation du secteur agricole dans la région. Le contexte et les enjeux d'une politique agricole régionale sont bien définies.
Nous avons apprécié que le rapport affirme clairement :a) "que la modernisation des exploitations familiales représente l'un des enjeux majeurs de toute politique agricole au sein de la région.
b) "La différence entre les revenus ruraux et urbains - qui est de 1 à 4 pour l'ensemble de l'UEMOA - atteint des proportions inquiétantes au Niger et au Burkina Faso.
c) "La nécessité d'accroître les revenus du monde rural ne vise pas seulement la lutte contre la pauvreté. Elle est aussi la condition sine qua non d'un meilleur équilibre entre les différentes régions de l'Union et entre villes et campagnes. La Politique Agricole de l'Union (PAU) est donc un des instruments privilégiés de régulation des mouvements migratoires et de l'exode rural à l'échelle régionale, elle-même condition de la stabilité sociale et politique.
d) "La définition des grands axes de la PAU intervient à un moment délicat marqué par la relance des négociations commerciales à l'OMC, les négociations de libre-échange avec l'Union Européenne suite à l'accord de Cotonou. … L'UEMOA doit donc user de tout son poids politique et de ses spécificités (zone comprenant essentiellement des pays "moins avancés") pour faire accepter à ses partenaires, certains principes de protection du marché intérieur."
Tout reste à faire :
Seulement tout reste à faire. Cette Politique Agricole de l'Union n'existe pas encore. Le rapport ne fait que des propositions. Beaucoup de phrases sont au futur. Ou bien elles commencent par ces mots : "il s'agira de…". "La PAU doit…"
On peut lire (page 12) "La cohérence et l'efficacité de la PAU ne tiendront pas seulement à la pertinence de ses objectifs, mais aussi à l'adéquation des moyens que l'UEMOA sera capable de mobiliser pour les atteindre." Le volume 1 de ce rapport se termine par un programme d'action, dont on nous dit qu'il n'est qu'indicatif. "Il devra être repris en fonction des ressources financières et humaines dont disposera l'UEMOA ces prochaines années." Tout ceci est inquiétant. Existe-t-il une réelle volonté politique de mettre en place une véritable politique agricole de l'union ?Une nécessité :
Les Organisations Professionnelles Agricoles doivent peser de tout leur poids pour se faire entendre, et imposer la mise en place, réelle et effective, d'une véritable Politique Agricole de l'Union.
Le rapport lui-même l'affirme : "Une politique agricole ne se décrète pas : elle se construit avec tous les acteurs concernés et notamment les organisations professionnelles et syndicales qui interviennent dans le secteur."
Ces Organisations Professionnelles Agricoles pourraient, par exemple, se fixer cet objectif : que la nécessité pour l'UEMOA de protéger son agriculture en instaurant des taxes à l'importation sur certains produits, comme sur le riz, soit reconnue à l'O.M.C.
Mais alors, il n'y a pas de temps à perdre.Conclusion :
Tout reste à faire. Mais c'est un outil dont peuvent s'emparer les Organisations Professionnelles Agricoles de la Région.