Pétition des producteurs du Burkina Faso à propos des APE :


Accords de Partenariat Economique (APE) :

 Changeons de cap !

Voici 4 ans que nous avons commencé la publication de cette lettre hebdomadaire, comme en témoigne ce n° 200. Je suis heureux de marquer cet anniversaire par la diffusion de cette pétition de la Confédération Paysanne du Faso, et donc des paysans et des éleveurs du Burkina Faso. Déjà, le 27 octobre 2003, j'écrivais (abc Burkina n° 59) : "Nouvelles menaces sur l'Afrique : Les APE". A l'époque, vous étiez quelques centaines à recevoir ce bulletin. Aujourd'hui, ce n° 200 est envoyé à près de 2 000 correspondants. Mais si nous voulons vraiment changer de cap, nous devons être encore plus nombreux. Si chaque correspondant se rendait sur la page d'accueil de www.abcburkina.net et inscrivait une de ses connaissances (parce qu'il sait que celle-ci est intéressée à l'avenir de l'Afrique de l'Ouest et notamment de ses paysans), nos chances d'être efficaces seraient plus grandes.

Les associations ou ONG, qui voudraient se joindre à la CPF pour signer cette pétition, peuvent envoyer un message à This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it..


Accords de Partenariat Economique (APE) :  Changeons de cap !

Les APE doivent conforter la souveraineté alimentaire de l'Afrique et la politique agricole de la CEDEAO. Nous, paysans du Faso, sommes convaincus que l'agriculture est un métier qui doit nous permettre, à nous qui la pratiquons, de vivre dignement des fruits de notre travail.


Nous restons persuadés que le développement de notre pays passe par la garantie de meilleures conditions de vie pour tous, dans un esprit de justice sociale et d'équité.

Nous sommes aussi convaincus que nous sommes capables de produire l'essentiel de la nourriture dont la population du pays a besoin.

C'est pourquoi nous sommes prêts à nous engager dans ce sens. Pour cela, nous avons seulement besoin d'un environnement national et international sain, et de quelques mesures appropriées.


C'est pourquoi, en son temps (janvier 2005), nous avons accueilli favorablement la signature par les chefs d'Etats de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) de la politique agricole commune de la région, politique agricole dénommée ECOWAP.

Cette politique, en effet, repose sur les deux principes suivant :

Assurer la sécurité alimentaire de la population rurale et urbaine ouest africaine et la qualité sanitaire des produits, dans le cadre d'une approche garantissant la souveraineté alimentaire de la région ;

Réduire la dépendance vis-à-vis des importations en accordant la priorité aux productions alimentaires locales ainsi qu'à leur transformation.

Aujourd'hui, nous pensons que l'avenir de cette politique agricole est gravement menacé par les Accords de Partenariat Economique tels que la Commission Européenne les négocie secrètement (à l'abri du regard des parlements européens et africains) avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Au-delà de l'Afrique de l'Ouest, c'est l'avenir de l'Afrique et de sa souveraineté alimentaire qui est en danger.

En effet, les négociations actuelles ne respectent ni l'esprit, ni la lettre des Accords de Cotonou. L'esprit de partenariat n'existe plus. L'Europe impose ses objectifs et son calendrier. Les dimensions d'appui au développement et de lutte contre la pauvreté ont été oubliées au profit d'un libre-échange absolu. Les APE sont supposés appuyer l'intégration régionale, mais l'Europe impose un rythme infernal qui ne peut que nuire à une intégration véritable. Enfin la société civile n'est ni informée, ni écoutée.

Aussi, nous rappelons avec force ce que les paysans du Faso ont demandé le 3 décembre 2005 sur la place de la Nation, à Ouagadougou :

Nous demandons " à nos chefs d'Etat de ne pas de signer d'Accords de Partenariat Economique (APE) avec l'Union Européenne, sans une reconnaissance préalable de la " Souveraineté Alimentaire " et de notre politique agricole régionale.

A ce sujet nous réaffirmons clairement le DROIT de nos Etats de protéger notre agriculture en vue de la rendre plus compétitive. Nous sommes convaincus que c'est la meilleure voie pour la construction de notre pays et de l'intégration régionale. "

Nous demandons à l'Union Européenne d'accepter de reprendre les négociations dans un tout autre état d'esprit : un esprit de partenariat qui mette véritablement en avant le bien et le développement des différentes régions des pays ACP.

Nous interpellons le Commissaire européen au Développement pour qu'il veille à ce que l'appui de l'Europe au développement de l'Afrique ne soit pas anéanti par de mauvais Accords de Partenariat Economique, basés, pour l'essentiel, sur le seul libre-échange dans sa forme la plus radicale.


Ouagadougou, le 8 septembre 2006
La Confédération Paysanne du Faso

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