View of the South - View from the South

Lettre ouverte à M. Douste-Blazy, Ministre des affaires étrangères de la France

"Encore un effort, M. le Ministre !"

Quand vous dites "La sécurité des pays riches passe par le développement des pays pauvres",
je ne peux qu'être d'accord avec vous.

Quand, évoquant le terrorisme, vous dites "Mettre des caméras dans le métro pour lutter contre cette intolérance, c'est bien. Accroître les contrôles aux frontières, pourquoi pas ?
Mais se mobiliser au Niger, au Soudan et dans toutes les zones d'extrême pauvreté,
c'est encore mieux et surtout plus efficace", là encore je ne peux que vous approuver.

Vous avez, dit-on, "trouvé de fortes paroles pour appeler à la relance de l'aide au développement dans la bande sahélienne".

Aujourd'hui, je me permets de vous poser une question.

"Vous avez vu l'état de faiblesse dans lequel se trouve l'agriculture au Niger.
C'est assez représentatif de l'agriculture dans l'ensemble de la bande sahélienne.
Or, vous n'êtes pas sans savoir que votre pays, à travers l'Union Européenne et les accords de Cotonou, prépare des accords de libre-échange entre les pays de l'Afrique de l'Ouest et l'Union Européenne. Ainsi, loin d'inviter ces pays à protéger leur agriculture (comme la Communauté Européenne a su le faire après la guerre, quand son agriculture était au plus bas), vous faites tout pour mettre en concurrence une agriculture forte, modernisée, et de surcroît subventionnée (celle de l'Europe) avec une agriculture encore peu développée et peu modernisée (celle des pays du Sahel et plus largement des pays de l'Afrique de l'Ouest).

Cette agriculture ne demande qu'à se développer pour assurer elle-même la sécurité alimentaire de ses populations rurales et urbaines. Ce n'est pas en confisquant à son profit le marché des villes africaines que l'Europe aidera cette agriculture à se développer.

Je suis convaincu, qu'après ce que vous avez vu et dit au Niger vous êtes convaincu que les Accords de Partenariat Economique (APE) que l'Europe se prépare à signer avec l'Afrique de l'Ouest serait une catastrophe pour les agriculteurs et les éleveurs du Sahel, et donc également pour la sécurité de l'Europe.

D'où ma question :

"Qu'allez-vous faire pour éviter cette nouvelle catastrophe, (prévisible, cette fois), que nous prépare les APE ?"

Koudougou, le 5 septembre 2005
Maurice Oudet