Le 4° Forum des Peuples du Mali
(du 6 au 9 juillet, à Fana)

 

Je viens de recevoir un document préparatoire au prochain « Forum des Peuples » du Mali qui se tiendra à Fana, du 6 au 9 juillet 2005. Nos amis de Jubilé 2000/CAD-Mali nous demandent de réagir à leurs propositions. Je le fais, sans tarder, sous forme de lettre ouverte.

Lettre ouverte à mes amis de Jubilé 2000/CAD-Mali

(Jubilé 2000/Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement)

 

Chers amis,

Vous nous demandez de réagir à votre document. Je vais le faire en lien avec un atelier qui vient tout juste de se terminer (il s’est tenu, les 9 et 10 mars à Ouagadougou). Cet atelier s’intitulait : « Dialogue Régional. L’Agriculture Ouest Africaine à l’épreuve de la libéralisation des échanges : Situation, Défis, Opportunités ».

Cet atelier était lui-même un défi.

Il était organisé par le Centre International pour le Commerce et le Développement Durable (ICTSD), le Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) et l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina Faso (UNPCB), avec l’appui de la Coopération Suisse.

Ses participants (une quarantaine) venaient du Bénin, du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal, du Togo et de Genève en Suisse. L’atelier rassemblait des leaders paysans, des experts des ministères du Commerce et de l’Agriculture et d’Organismes Internationaux (dont la CEDEAO et l’UEMOA) et des Négociateurs à Genève (à l’OMC) et à Bruxelles, dont trois ambassadeurs.

Il s’agissait donc essentiellement de faire dialoguer des leaders paysans avec quelques représentants des pays africains à l’OMC. C’était un défi, un pari.

Le pari a été gagné. Le dialogue a vraiment eu lieu.

Les paysans ont dit et redit qu’ils avaient le droit de vivre dignement de leur travail. Et que cela était possible dès aujourd’hui. Mais à une condition : que dans les négociations en cours à l’OMC ou avec l’Union européenne, on n’essaie pas, avant toute négociation, de plaire à « la partie adverse ».
Il a été dit encore : « Il faut partir de nos besoins »: … « Les règles de l’OMC doivent se réaliser dans la prise en compte des droits suivants :
* La souveraineté alimentaire
* L’accès aux moyens de production : eau, terre, semences, financements.
* La protection efficace à l’importation par la mise en œuvre de mécanismes de régulation et de gestion de l’offre… » (M. Mamadou Cissoko).

Les experts ont dit qu’il était possible d’obtenir la reconnaissance de la souveraineté alimentaire à l’OMC. Peut-être pas en ces termes, mais au moins sur une liste de produits (dits spéciaux). Des mécanismes, acceptables par tous, devraient permettre aux pays membres de la CEDEAO d’exercer leur droit de souveraineté alimentaire, au moins sur les produits de cette liste.

Les négociateurs ont dit l’intérêt qu’ils portaient à un tel dialogue. Qu’ils avaient besoin d’être mieux informés, et de recevoir des messages clairs de la part de la société civile (spécialement des organisations paysannes) comme de leurs gouvernements. Ils ont ajouté que lorsque les gouvernements et la société civile parlaient d’une même voix comme à Cancun à propos du coton, ils se sentaient beaucoup plus fort.

Or, dans le document préparatoire au Forum des Peuples qui se tiendra en juillet à Fana, je vois que la souveraineté alimentaire et les négociations à l’OMC sont en bonne place. Vous écrivez également : « Nous avons prévu beaucoup innovations entre autres,  une grande marche pendant le Forum qui sera l'aboutissement de trois mois de mobilisation de pétitions auprès des paysans de toutes les régions cotonnières du Mali. ». Or le coton est aussi la pierre d’achoppement à l’OMC. Je me dis qu’il faudra au minimum être en contact avec les négociateurs africains en poste à Genève, voire inviter un des ambassadeurs d’un des pays de la sous région à participer au Forum (ou à la clôture du Forum ; ou encore prévoir une démarche officielle pour remettre les conclusions du Forum au groupe africain de l’OMC).

Le temps presse. Il nous faut absolument progresser.

Le Forum des Peuples devrait pouvoir nous permettre d’aller 

du dialogue à la coalition.

Ouagadougou, le 12 mars 2005
Maurice Oudet

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