Le Brésil contre les subventions américaines
à la culture du coton
Le Brésil part en guerre contre les politiques agricoles en Europe et aux Etats-Unis. Il vient de déposer deux plaintes devant l’OMC. L’une contre la politique de production de sucre en Europe. L’autre contre les subventions américaines à la culture du coton. Brasilia reproche aux Américains de déséquilibrer totalement le marché mondial du coton en aidant à l’excès les producteurs comme les exportateurs.
L’administration américaine, écrivait récemment le directeur exécutif du Comité international du coton, à Washington, a distribué la bagatelle de 4,2 milliards de dollars pour la seule récolte 2001 2002. Ce qui revient à distribuer 660 dollars par hectare. Ces subventions ont eu des effets très pervers. Elles ont en effet contribué à augmenter les coûts de production. Les producteurs américains ne sont plus compétitifs. Ce qui les pousse à demander de plus en plus d’aides gouvernementales et les incite à maintenir une production si importante qu’elle fait chuter les prix à la bourse de New York, qui sert de boussole au marché mondial. Selon le directeur exécutif du Comité International du Coton, la chute des cours mondiaux du coton au cours de l’année 2001 2002 a fait perdre 14 milliards de dollars de revenus à toute la filière.
Les Brésiliens s’en estiment victimes. L’an dernier, pour la première fois depuis dix ans, le Brésil était devenu autosuffisant. En bonne partie grâce aux énormes efforts consentis dans l’état du Mato Grosso En quelques années, la production y a décuplé. Ce sont des exploitations gigantesques. Jusqu’à 150 000 hectares. Elles sont très sophistiquées. Malgré cela «il y a eu des moments très difficiles sur le plan financier» dit un spécialiste parce que la baisse des cours a réduit la rentabilité de ces complexes cotonniers. Cela a fait chuter la production. Cette année, le Brésil doit de nouveau importer. Cette situation a poussé la très puissante association des producteurs a faire pression sur le gouvernement fédéral pour l’obliger à traîner les Américains devant l’OMC. «La seule chose surprenante, dit un des principaux opérateurs de la place, c’est qu’ils aient attendu si longtemps et que personne ne l’ait fait avant».
Jean-Pierre Borris, le 30 septembre 2002 sur R.F.I. www.rfi.fr
On attend maintenant la plainte des Etats Africains. Est-elle prête ? Pourquoi ne pas la joindre à celle du Brésil ?