La jachère est morte, vive le compost.
Peux-tu continuer à faire du vélo,
quand tu as perdu une pédale ?
C’est difficile ! Si tu as encore l’axe de la pédale, ce n’est pas pratique, mais tu peux encore pédaler. Mais si tu as perdu même l’axe de la pédale, tu vas t’arrêter pour réparer ton vélo.
Pourtant, beaucoup de paysans du Burkina ressemblent à ce cycliste qui resterait sur son vélo et qui essaierait d’avancer avec une seule pédale !
Regardons ce qui se passe. Interrogeons les anciens des villages. C’est ce que les Amis de la terre ont fait. Partout les anciens nous ont dit : « Autrefois, quand un champ était fatigué, on le laissait se reposer 10, 20, voire 30 ans. A Réo par exemple, les vieux nous ont dit qu’ils ne cultivaient un champ que 3 années de suite.
La premières années, ils semaient du sorgho blanc, la deuxième du sorgho rouge et la 3° année du petit mil. Puis ils allaient défricher un nouveau champ, laissant le premier se reposer. Tous les 3 ans ils défrichaient un nouveau champ. Quand ils avaient assez de place, ils ne retournaient dans le premier champ que 15 ou 30 ans plus tard ! Cela s’appelle faire la jachère, c’est à dire laisser le champ se reposer jusqu’à ce qu’il ait retrouvé ses forces. Cette façon de faire des anciens étaient bonnes. C’est ainsi qu’ils nous ont transmis de bonnes terres.
Mais voilà que la population du Burkina augmente rapidement. Aujourd’hui, elle double tous les 25 ans (et donc en 50 ans, elle est multiplié par 4 !). Alors, on laisse le champ se reposer de moins en moins longtemps : 6 ans, 3 ans puis bientôt son repos - la jachère - a disparu complètement. Oui, aujourd’hui, dans de nombreuses régions, de très nombreux villages, les champs n’ont plus de repos. La population est devenue trop nombreuse (et elle continue à augmenter !). Si tu voulais laisser reposer ton champs, quelqu’un allait te le prendre.
La jachère a disparu ; elle est morte.
La façon de faire des anciens était bonne. Or dans la façon de faire des anciens, il y avait toujours le repos du champ, la jachère.. On ne peut pas dire qu’on cultive comme les anciens quand on ne laisse pas le champ se reposer.
Cultiver comme les anciens, mais sans la jachère, sans laisser son champ se reposer, c’est comme essayer de faire du vélo avec une seule pédale ! Cela ne marche pas ! Cultiver sans jachère, cela ne marche pas non plus. Quand on cultive sans donner de repos à son champ que voit-on ? Chaque année la récolte est faible, de plus en plus faible, même quand les pluies sont abondantes. Alors que pouvons-nous faire puisqu’il n’y a plus assez de brousse.
Il faut trouver quelque chose pour remplacer la jachère (il faut réparer le vélo). Le repos redonnait des forces au champ qui était fatigué. Il faut trouver quelque chose qui redonne des forces à nos champs. Or le meilleur moyen que les paysans de notre pays ont trouvé c’est de faire du compost du bon compost, avec du fumier et des herbes bien mélangés et bien pourris ensemble. Et ensuite de cultiver avec la méthode zaï. Le compost c’est la nouvelle jachère, c’est lui qui redonne la force à nos champs.
Alors, réunissons-nous, et demandons-nous : Peut-on continuer à cultiver sans jachère et sans compost ?
Le paysan d’aujourd’hui qui n’a pas plusieurs fosses à compost pense-t-il à l’avenir de ses enfants ? Où iront-ils cultiver quand toutes les terres seront fatiguées... jusqu’à mourir ? (c’est cela qu’on appelle la désertification : elle est en marche dans notre pays. Il faut l’arrêter !)
Il n’y a pas 2 Burkina. Si nous laissons mourir nos terres, où iront nos enfants ?
Pour vous aider à réfléchir à ce problème, les Amis de la terre ont réalisé une cassette que vous pouvez commander à notre adresse ; chaque cassette est en deux langues : d’un côté en français, de l’autre en moore ou en lyele. Son prix de vente 1 500 F. Vous pouvez aussi demander à la radio de votre région de la faire passer pour que tous puissent réfléchir à ce problème grave.
C’est pour vous aider davantage dans ce dur métier de paysans que les Amis de la terre ont décidé de faire chaque mois une émission radiophonique diffusée sur cassette.
Commandez-les. Ecoutez-les ensemble. Réfléchissez ensemble à l’avenir de votre village et de vos enfants.