Depuis le début de l'année 2002, plusieurs
associations de commerce équitable, dont Max Havelaar, réfléchissent
à la création d'une filière de coton équitable. Le cahier des
charges que les entreprises devront suivre est déjà presque établi,
mais les premiers vêtements labellisés ne devraient pas arriver
dans les boutiques avant le printemps 2005.
"En France, où l'on compte seulement une dizaine
d'entreprises fabriquant des vêtements équitables, il est très
difficile pour un consommateur de s'habiller en respectant cette règle",
note Karine Laroche chargée de recherche et développement chez Max
Havelaar France. Mais ceci pourrait bien changer dans les années à
venir. Car, depuis 2002, plusieurs associations de commerce équitable
de différents pays se concertent pour créer une filière de coton
équitable. Objectif : permettre à des petits producteurs de pays
du Sud de vendre leur coton plus directement aux consommateurs des
pays du Nord et d'engranger des bénéfices plus importants. Le
choix du coton ne doit rien au hasard puisque pas moins d'un
milliard de personnes dans les pays en développement vivent de la
culture ou de la confection de coton.
Le cahier des charges que devront remplir les acteurs de la filière
de coton équitable est déjà bien avancé. Après avoir fait
travailler le cabinet de conseil suisse IMO, l'organisme Faitrade
Labelling Organizations (FLO) a envoyé à l'ensemble de ses
membres, dont Max Havelaar France, une première proposition de
cahier des charges. Ce dernier sera identique sur de nombreux points
à ceux déjà établis pour d'autres produits du commerce équitable
(café, thé, banane, etc.). Les entreprises candidate à la
labellisation seront obligées d'acheter leur coton à des coopératives
de producteurs à un prix juste permettant à ces derniers non
seulement de vivre de manière décente mais aussi d'effectuer des
investissements durables et utiles pour l'ensemble de leur communauté
(outil, accès à l'éducation, aux soins, etc.). Les coopératives
agréées par Max Havelaar exercent, en outre, leurs activités dans
le respect de l'environnement et des droits de l'Homme.
Deux critères spécifiques : le prix et l'environnement
Les critères spécifiques du cahier des charges pour le coton
porteront sur le prix et le respect de l'environnement. Concernant
le prix, d'abord, les associations de commerce équitable définiront
chaque année un prix plancher auquel les importateurs devront
acheter le coton aux coopératives. Ce prix sera, bien entendu, supérieur
aux cours mondiaux qui ont été divisés par deux, depuis 1995, à
cause notamment des subventions versées aux producteurs américains
et de la mise sur le marché des surplus de la production chinoise.
S'agissant de l'environnement, ensuite, les associations de commerce
équitable souhaitent que l'utilisation des pesticides et la
consommation d'eau soient réduites dans les exploitations des
producteurs labellisés. Près d'un quart des pesticides vendus dans
le monde sont à destination des cultivateurs de coton pour
seulement 2,4 % de la surface cultivée et les cultures irriguées
sont très consommatrices d'eau. "L'utilisation de
pesticides ne peut toutefois pas être un critère d'exclusion du
label, note Karine Laroche. Si elles veulent toucher les
producteurs les plus défavorisés, les associations de commerce équitable
ne peuvent pas se permettre d'adopter des critères aussi stricts
que ceux de l'agriculture biologique qui nécessitent souvent des
investissements très coûteux."
Laurent Fargues
Mis en ligne le : 12/11/2003
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