Chronique
des matières premières, 13/11/2003 www.rfi.fr |
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Après le
café, le cacao et quelques autres produits, il y aura peut-être un
jour du coton équitable. Surprise: c’est le gouvernement français
qui est à l’origine du projet! Celui-ci est encore dans les
limbes. Mais le ministère des affaires étrangères a déjà débloqué
un budget de 600 000 euros. A Bruxelles, le Centre des entreprises,
une émanation des pays ACP met 200 000 euros sur la table. Chargée
du pilotage et de l’exécution, la compagnie cotonnière française
Dagris, contrôlée par l’Etat s’est alliée à l’ONG Max
Havelaar, grande prêtresse de tout ce qui se prétend équitable
dans le commerce mondial. D’ores et déjà, une première mission
s’est rendue au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal. Un quatrième
pays est concerné par l’aventure: c’est le Cameroun. A la
Sodecoton, la société cotonnière camerounaise, on dit se réjouir
de l’initiative. En France, un négociant trouve le projet «magnifique».
Qui ne trouverait magnifique de payer correctement des producteurs
africains, victimes permanentes de l’instabilité des cours
mondiaux du coton. Pourtant, des initiateurs aux bénéficiaires,
tout le monde le reconnaît: la question de la faisabilité reste
posée et ne devrait pas être résolue avant trois ans. Comment en
effet convaincre des filateurs européens ou asiatiques dont
l’industrie est souvent au bord du gouffre de surpayer le coton de
quelques coopératives burkinabés ou maliennes ? Si tout
simplement, c’est le consommateur final, l’acheteur de la
chemise ou du pantalon intégrant du coton africain, auquel on
demande une obole, comment s’assurer qu’elle arrive à l’autre
bout du circuit économique ? Des questions pour l’instant sans réponse.
Mais rien n’interdit d’espérer. Et il est certainement plus
simple de lancer cette initiative que de convaincre les
gouvernements grecs, espagnols et américains de renoncer à
subventionner leurs propres producteurs de coton. Des subventions
accusées par les Africains de déstabiliser le marché mondial.
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Jean-Pierre Boris
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